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Billet de blog 27 mai 2025

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"Sénégal : dialogue national, mandats de dépôt, bracelet électronique" Amadou Bal BA

Sénégal : Un agenda judiciaire chargé : les mandats de dépôt se succèdent. Un dialogue national oscillant entre le gourdin et la carotte. Mansour FAYE : caution refusée ; il est placé sous mandat de dépôt

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«Sénégal : Un agenda judiciaire chargé : les mandats de dépôt se succèdent. Un dialogue national oscillant entre le gourdin et la carotte. Mansour FAYE : caution refusée ; il est placé sous mandat de dépôt» par Amadou Bal BA.

Pour la semaine du 26 mai 2025, pas moins de cinq personnalités de l'ancien régime de Macky SALL réfugié maintenant au Maroc pourraient être l'objet d'un mandat de dépôt. À ces dignitaires politiques, il faudrait aussi rajouter le cas de Amadou SALL, le fils de l'ancien président Macky SALL. Mansour FAYE, maire de Saint-Louis, ancien ministre pendant 10 ans, et beau-frère de Macky SALL, est en prison depuis le mardi 27 mai 2025, en lien avec sa gestion des fonds alloués à la lutte contre le Covid entre 2020 et 2021, une enveloppe d’un montant de 770 milliards de FCA, soit 1 175 572 519 €, mal gérée. Mansour FAYE faisait partie de la liste des 115 personnalités interdites de sortie du territoire sénégalais, avant même toute inculpation. Mme Salimata DIOP DIENG, ancienne ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants, est poursuivie devant la Haute Cour de justice pour diverses infractions financières, pour «complicité de détournements de deniers». Mme DIENG a déposé dépôt de caution s’élevant à 57 millions de Francs CFA soit 87 000 euros, et placée sous contrôle judiciaire.

Quatre autres anciens ministres de la même administration doivent également être jugés par la Haute Cour de justice : Mme Aïssatou Sophie GLADIMA, ancienne Mines et Géologie, Moustapha DIOP, ancien ministre du Développement industriel et Petites et moyennes industries. Un ancien Garde des Sceaux, ministre de la Justice et universitaire, M. Ismaila Madior FALL, est déjà sous bracelet électronique.

On compte plus de 250 dignitaires de l'ancien régime déjà au gnouf, dans cette politique du ressentiment sélective ; ce qu'il est convenu d'appeler, pudiquement, la reddition des comptes. Malheur aux vaincus !

Si Macky SALL a été, pendant son premier mandat présidentiel de 2012 à 2019, un exceptionnel «Pharaon des temps modernes», comme je le surnomme à juste titre, sa relation ainsi que son entourage dans le rapport avec l'argent questionne. Candidat, en 2012, Macky SALL avait lancé une formule choc : «une gouvernance sobre et vertueuse». Il avait donc bien diagnostiqué que l'argent a tout pourri dans la société sénégalaise, y compris dans la sphère familiale ou religieuse. En effet, même le clergé musulman, avide, hypocrite et cupide, prend des valises d'argent, du «Ribba» ou l’illicite, donc prohibé par l'Islam. Dans cette reddition, ceux qui sont mis en cause n'hésitent pas, parfois et de façon indécente, à proposer des milliards pour leur caution.

Nous avons besoin d'une Justice sereine, équitable et surtout pédagogique, afin que ces crimes financiers ne se reproduisent plus. Par conséquent, il est impérieux de rechercher, non pas la vengeance politique ou le ressentiment, mais l'amendement des mis en cause, en posant des lignes rouges infranchissables, aussi pour l'opposition que la majorité. On a tendance au Sénégal souvent à brandir «le Ndeyssane», l'indulgence ou la compassion. Dans une gestion rigoureuse de nos deniers publics, la justice ce n'est pas que pour les autres.

Pendant ce temps, en brandissant le gourdin, le PASTEF, au pouvoir, a aussi appelé au dialogue national. Cependant, l'APR de Macky SALL, ainsi que Thierno Alassane SALL ont décliné cette invitation. Amadou BA, l'ancien premier ministre semble être favorable au dialogue. Traditionnellement, dans l'opposition, le PASTEF, dans sa doctrine de résistance à l’oppression, avait toujours refusé tout dialogue national, en menaçant même de brûler le pays ou parfois en appelant à un coup d’État. Gatsa, Gatsa, Samuel Doe !

Pour ma part, il n'y a pas de bonne démocratie ; il n'y a que de bons démocrates. Nos ancêtres les Gaulois, pourtant humiliés par les Allemands en 1870, à la Première et Seconde Guerre mondiales, ont fini par construire une Europe. En dépit des débats parfois vifs, voire insultants au Sénégal, rien d'irrémédiable ne s'est encore produit dans ce «Grand petit pays». Les Sénégalais donc peuvent parler aux Sénégalais.

Qu'est-ce qu'il y a exactement à négocier ? Y aurait-il du «grain à moudre» suivant une expression d'André BERGERON, un syndicaliste français ?

Officiellement, il est question de démocratie, de liberté et de processus électoral. Cependant, tous pensent au calendrier électoral des élections locales sénégalaises qui devraient se tenir en janvier 2026, mais dans un contexte d'une grande contrainte budgétaire, et aussi un bilan très mitigé de l'alternance dite de rupture. Une question majeure n'a pas encore été réglée par la démocratie sénégalaise, celle du financement public des partis participant aux élections. Par conséquent, les élections locales sénégalaises seront-elles donc reportées ?

Ainsi va le Sénégal de l’alternance dite de rupture, un souffle entre le chaud et le froid, entre le bâton, les mandats de dépôt, et la carotte.

Paris, le 27 mai 2025, par Amadou Bal BA

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