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«Bertrand DELANOE, un exceptionnel maire de Paris, un élu ayant changé la physionomie de Paris. Les combats de DELANOE, pour la fraternité et l’égalité, au cœur de ces municipales de 2026» par Amadou Bal BA
Bertrand DELANOE est né le 30 mai 1950, à Tunis (Tunisie), et n’est revenu en France qu’à l’âge de 14 ans, pour s’installer à Rodez. Quand je suis souvent que je suis «un Parisien de Danthiady», ma ville natale étant dans le Nguénar, au Nord du Sénégal, cela veut dire qu’être Parisien ne signifie pas forcément être né dans la capitale française. Paris est une ville multiculturelle, composée de plus de 116 nationalités et pourtant depuis 1977, le Front national, devenu Rassemblement national n’y a jamais obtenu un conseiller municipal. On l’occulte soigneusement, et pourtant le premier maire de Paris, avait été un Noir, Severiano de HEREDIA (1836-1901), député afro-cubain, un radical-socialiste, libre-penseur, franc-maçon, un cousin du poète José Maria HEREDIA (1842-1905). Naturalisé français en 1870, Severiano de HEREDIA préside ainsi le Conseil de Paris en 1879-1880, mandat durant lequel il crée les bibliothèques municipales. Elu député de la Seine de 1881 à 1889, il se bat pour l’amélioration des conditions de travail des mineurs et la limitation de la journée de travail à onze heures. En 1887, il étudie les différents projets du futur métro parisien. Aucune trace d’une place ou d’un lieu de mémoire à Paris, de Severiano de HEREDIA, devenu un clandestin, sans-papiers. On a donc caché ce Noir que certains ne veulent pas voir. Moi-même, fort modestement, sur proposition de François DAGNAUD et Roger MADEC, j’avais été, en 2001, le premier conseiller municipal d’origine africaine à Paris. Auparavant, de nombreux secrétaires de section du Parti socialiste, notamment dans les 15e la section François Mitterrand (Lonsi Koko), et 17e arrondissement de Paris (Soulé Diawara), avaient été invisibilisés, combattus et poussés à la démission. Grace à Bertrand DELANOE les élus de la diversité africaine, même s’ils sont encore au bas de l’échelle, comme mon ami, Hamidou SAMAKé, à Paris 20e, ont émergé à Paris. C’est finalement, Mme Anne HIDALGO, née à Saint-Fernando, en Espagne, de parents républicains installés à Lyon, en dépit d’une violente campagne électorale, qui est la première femme de Paris, depuis 2014. Aussi, je serai attentif, dans les listes de candidats à Paris que présentera Emmanuel GREGOIRE, en 2026, de la place de la diversité. Emmanuel GREGROIRE, que j’ai soutenu, dès le départ avec enthousiasme, a un discours de gauche séduisant, mais c’est aux actes qu’il faudra juger. «Dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit», suivant Lionel JOSPIN. Paris ayant pris fortement des couleurs, Nadine MORANO disant que la Gare du Nord ressemblait à l’Afrique, j’y reviendrai. Pascal BLANCHARD a démontré la présence des Arabes à Paris depuis plus d’un siècle. Les députés Blaise DIAGNE et Galandou DIOUF, ainsi que les Tirailleurs sénégalais, comme par la suite l’immigration à partir des années 70 témoignent que Paris est une ville hautement multiculturelle.
J’ai une profonde admiration et un grand respect pour Bertrand DELANOE, ancien maire de Paris, de 2001 à 2014, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, et contrairement à certains hypocrites, qui vous bloque rapidement, à chaque fois que j’adressai un mail à Bertrand DELANOE, il prenait du temps, mais me répondais systématique. C’est un homme d’honneur et de dignité, une certaine éthique en politique, et contrairement à certains hommes politiques, et je sais de quoi je parle, le temps d’une campagne électorale ont un discours humaniste et de gauche, serrent les paluches, sourient et font semblant d’être en proximité avec la population et se bunkérisent par la suite. On ne les revoit qu’à la proche échéance électorale, avec un sourire cosmétique du moment. Il est vrai que les cabinets, gérant les adresses mails des élus, ont pris le pouvoir et isolent certains élus, décident souvent à leur place, au lieu de rendre compte. C’est une grave déviance de la démocratie, un détournement de pouvoir. Il est vrai aussi et en raison des sollicitations abusives le pouvoir corrompt et isole. En tout cas, Bertrand DELANOE m’a donné une forte impression par son écoute, son humanisme et sa grande considération des autres, sa haute exigence de la façon dont il a exercé son mandat à Paris.
Ensuite, en pleine ascension et un bilan, très flatteur, alors que d’autres maires des chefs de villages s’accrochent encore au pouvoir, Bertrand DELANOE a volontairement quitté le pouvoir municipal. Bertrand DELANOE représente une éthique en politique, une leçon de vie pour les dirigeants africains. Depuis 2014, qu’il est parti de la mairie de Paris, il s’est fait discret. Je l’ai revu récemment à la mairie du 19e, lors de l’hommage à Roger MADEC. En revanche, 65 ans après les indépendances, l’Afrique, ses régimes militaires et ses régimes monarchiques et dynastiques, fondamentalement hostiles à la démocratie, représentent notre honte. Le Sénégal, pourtant avec trois alternances, dont la dernière dite de rupture, est actuellement paralysée par une crise au sommet entre le Premier ministre, qui ne pense qu’aux présidentielles de 2029, et le président Bassirou Diomaye FAYE accusé d’être «un traître », que les militants du PASTEF, parti au pouvoir, terrorisent et lynchent. Une alternance dite de rupture, tout cela, pour cela ?
Bertrand DELANOE a promis de s’engager lors des municipales de 2026, aux côtés du candidat Emmanuel GREGOIRE. Je suivrai également et attentivement ces municipales de 2026, avec une alliance des droites fascisantes et la perspective des présidentielles de 2027. En effet, tout récemment Edouard PHILIPPE maire du Havre et candidat aux présidentielles avait dit que la colonisation ne serait pas un crime contre l’Humanité. Le journal Charlie Hebdo, revendiquant que ses morts dans un odieux attentats soit transférés au Panthéon, au nom de la liberté d’expression, après avoir caricaturé injustement notre Prophète, s’est attaqué à Rokhaya DIALLO, une militante décoloniale, dont les parents sont originaires du Sénégal, un dessin, dansant avec des bananes autour des reins. Charlie Hebdo n’a jamais naturellement dénoncé le génocidaire Benyamin NENTENYAHOU qui continue ses colonies et ses tueries à Gaza. «On peut rire de tout, mais piétiner la dignité, c’est autre chose» dit Christiane TAUBIRA. Toute liberté est conditionnée. «Si Rokhaya Diall se retrouve croquée en danseuse d’une revue nègre d’il y a un siècle, alors que rien ne la rattache à cette histoire, sinon sa peau, c’est parce que ses positions sur la laïcité, ce qu’on fait de ce mot, désormais déplaisent à Charlie et à Riss, qui décident donc de ne plus débattre, mais de mépriser la dignité de leur ennemie désignée. Ce que l’on autorise à Charlie contre une femme noire, on ne l’autorisera pas contre un homme juif.», écrit notre illustre ami, Claude ASKOLOVITCH. Par conséquent, la contribution de Bertrand DELANOE pour recadrer le débat municipal vers les vraies valeurs de la République et du bien-vivre ensemble, est très attendue. L’apologie de l’inégalité raciale, avec une extraordinaire libération de la parole raciste, est devenue d’une grande banalité. «Toutes les nations occidentales sont prisonnières d’un mensonge, celui de leur prétendu humanisme », disait James BALDWIN. Par conséquent, les combats de Bertrand DELANOE, pour l’égalité et la fraternité sont au cœur de ces municipales de 2026.
Enfin, dans son bilan très flatteur, si Paris est devenu Paris, une ville de la diversité, écologique, bienveillante, avec réfection coûteuse de la voirie et d’importantes réalisations, c’est que Bertrand DELANOE, à partir de 2001, a sauvé notre belle capitale, de la rubrique des faits divers depuis 1977, en raison d’une gestion calamiteuse et peu honorable d’une droite indolente (Frais de bouche, trafic d’électeurs et de logements sociaux). Vous remarquerez Mme Rachida DATI, maire du 7e arrondissement, ministre de la Culture, est poursuivie au plan pénal de nombreuses affaires, et une perquisition a été ordonnée récemment à son domicile. La gestion de la Droite à Paris, entre 1977 et 2001 a été un système politique opaque, un marchepied au service d’une ambition présidentielle, «un clientélisme grossier, démocratie contournée, une gestion édifiante du parc HLM, un tout-automobile forcené, urbanisme spéculatif, sociologie bouleversée, création artistique bridée et qualité de la vie sacrifié» écrivait Bertrand DELANOE, en 1998, dans «Pour l’honneur de Paris».
Il ne faudrait oublier que de 1977 à 1995, la Droite réalisait le grand chelem et remportait aux municipales, tous les 20 arrondissements. La première fissure est arrivée 1995, dans les arrondissements populaires hautement multiculturels des 18e, 20e et 20e arrondissements. En 2001, Bertrand DELANOE réalisa la grande alternance à Paris, un bastion que gère la Gauche depuis 24 ans. A l’époque, porte-parole du Parti socialiste, concurrencé, mais vainement, par certains éléphants du PS (Jacques LANG et DSK), en dépit de ses relations difficiles avec Lionel JOSPIN, de l’échec de la candidature de Paris aux Jeux olympiques, a réussi à arrimer, solidement, la capitale, à gauche. Par ailleurs, Bertrand DELANOE est un miraculé, il a bon marabout ; il a survécu à un couteau dans le ventre, lors d’une Nuit blanche, administré, le 7 octobre 2002, par un déséquilibré mental.
Bertrand DELANOE, le samedi 4 octobre 2003, a remis à Angela DAVIS, le diplôme de médaille d’honneur de la Ville de Paris, décerné à Mumia ABU-JAMAL, un militant des Panthères noires et journaliste, né en 1954, et dans le couloir de la mort depuis 1982. En 2011, cette peine a été commuée en emprisonnement à perpétuité. Avant cette cérémonie, à Paris, seuls Pablo PICASSO et Marie CURIE avaient obtenu cette distinction.
Références bibliographiques
A – Contributions de Bertrand DELANOE
DELANOE (Bertrand), De l’audace, entretien avec Laurent Joffrin, Paris, Robert Laffont, 2008, 289 pages ;
DELANOE (Bertrand), La vie passionnément, Paris, Robert Laffont, 2004, 262 pages ;
DELANOE (Bertrand), Pour l’honneur de Paris : Chronique, 1977-2020, Paris, Calmann-Lévy, 1998, 249 pages ;
DELANOE (Bertrand), Pour l’honneur de Paris, Paris, Calmann-Lévy, 1999, 248 pages.
B – Autres références
BA (Amadou, Bal) «Betrand Delaonë choisit Emmanuel Grégoire, candidat aux municipale à Paris», Médiapart, 30 mars 2025 ;
BA (Amadou, Bal) «Hamidou Samaké, élu au Conseil de Paris», Médiapart, 22 décembre 2020 ;
BA (Amadou, Bal) «Rachida Dati, renvoyée en correctionnelle : entre grandeur et déchéance», Médiapart, 29 juillet 2025 ;
BA (Amadou, Bal) «Roger Madec, un maire bâtisseur du 19e arrondissement», Médiapart, 13 décembre 2024 ;
BLANCHARD (Pascal), DEROO (Éric), EL YAZAMI (Driss) FOURNIER (Pierre), MANCERON (Gilles), Le Paris arabe : deux siècles de présence des Orientaux et des Maghrébins, préface de Bertrand Delanoë, Paris, J-C Gawséwitch, 2005, 222 pages ;
CHARPIER (Frédéric), Bertrand Delanoë, une irrésistible ascension, Paris, Presses de la Cité, 2008, 218 pages ;
DANG TRAN (Emmanuel), Le Paris de Delanoë, Paris, J-C Gawséwitch, 2005, 222 pages ;
ESTRADE (Paul), Severiano de Heredia, ce mulâtre cubain que Paris fît maire, et la République ministre, introduction de George Pau-Langevin, Paris, Les Indes savantes, 2011, 162 pages ;
MARTINAT (Philippe), Bertrand Delanoë, qui est ce garçon ?, Paris, Belfond, 2004, 291 pages ;
MOATI (Serge) réalisateur, 2001, la prise de l’Hôtel de ville, Paris, MK2, 2008, film, durée 1 heure, 14 minutes ;
OZANAM (Antoine), Severiano de Heredia, élu de la République, Paris, Passé composé, 2021, 56 pages ;
PAU-LANGEVIN (George), Représenter le peuple français, préface de Bertrand Delanoë, Paris, Dittmar, 2011, 240 pages ;
PFAADT (Emmanuel), Bertrand Delanoë, d’ombre et de lumière, Saint-Victor-d’Epine, City éditions, 2009, 268 pages ;
STEFANOVITCH (Yvan), Bertrand, le Magnifique, enquête au cœur du système Delanoë, Paris, Flammarion, 2008, 352 pages ;
VILATTE (Laurent), directeur de publication, Socialistes à Paris, 1905-2005, préface de Bertrand Delanoë et Pierre Candar, postface de Patrick Bloche, Grane (Drôme), Créaphis, 2005, 191 pages.
Paris, le 27 décembre 2025, par Amadou Bal BA