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«Rachida DATI, maire du 7e arrondissement de Paris, ministre de la République : entre Grandeur et déchéance. Renvoyée en correctionnelle pour «corruption et trafic d’influence», vers une forte ambition contrariée ?», par Amadou Bal BA
Audacieuse, stratège, reine des intrigues, exploitant toutes les opportunités pour son ascension sociale, cassante, arrogante et volcanique, une cogneuse d’un style direct, avec des méthodes musclées ou violentes, Mme Rachida DATI, une fille d’immigrants maghrébins, avait réussi, jusqu’ici à se hisser en haut de l’affiche, en devenant Garde des Sceaux, ministre de la Justice, sous la présidence de Nicolas SARKOZY. «Je suis consciente d’incarner, par mes responsabilités politiques, l’espoir d’une France plus ouverte, multiple et juste», dit-elle dans «Fille de M’Bareck et Fatim-Zohra». Curieusement, ce n’est pas la Gauche, toujours dans la diversité-alibi, mais Nicolas SARKOZY qui avait procédé à d’éminentes promotions, comme Rama YADE, Fadéla AMARA ou Jeannette BOUGRAB. Quand Rachida DATI était ministre de la Justice, un temple du droit et de la pondération, elle n’hésiterait pas à hausser le ton pour se faire entendre et parvenir à ses fins. Par peur des représailles, rares sont ceux qui osent lui tenir tête. «Tout Paris veut travailler avec moi ! ceux qui ne sont pas contents peuvent partir, je m’en moque !» dit-elle à ses collaborateurs au ministère de la Justice. Rachida DATI est une femme forte, une Dame de Fer, qui a de l’autorité. «Il faut faire tomber des têtes de Directeurs, pour se faire obéir de l’Administration», dit-elle, cité par Michael DARMON. Femme frêle et belle, Rachida a de la personnalité et refuse donc de se faire humilier.
Rachida DATI est née le 27 novembre 1965, à Saint-Loup-de-Varennes, à 9,2 km de Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire. Mme Rachida DATI vient de très loin, des lieux de relégation, de dénuement et de calomnie, par la méritocratie. Après Saint-Loup-de-Varennes, la famille déménage, en 1967, à Chalon-sur-Saône, en centre-ville. À Châlons-sur-Zone, après la chaleureuse et bienveillante cité de la Liberté, comme d’ailleurs par la suite celle Bout du Lac, la famille s’installe, en 1978, la Cité du Stade, en plein naufrage. «L’arrivée dans la Cité du Stade est sûrement un traumatisme. La population y est différente ; ce sont des gens en grande détresse, des chômeurs qui ont perdu l’espoir de retrouver du travail, parfois des alcooliques, des femmes seules, que des gens défaits», écrit Rachida, dans son autobiographie. La Cité du Stade une zone particulièrement délabrée et inquiétante «Les entrées d’immeubles étaient vandalisées. Ça sentait l’urine. Les gens découpaient le mouton dans les sous-sols. Parfois, en boîte, ça tournait au cauchemar. Je me souviens d’une bagarre générale où j’ai pris un coup de cric sur la tête. À cause de la concurrence entre les cités, la tension est montée très vite. Tout le monde avait des armes, ce soir-là. Dans la cité, les bagarres étaient fréquentes, à cause de la dope ou pour des motifs futiles», écrit Jamal DATI. Française de souche maghrébine, Rachida rejette les assignations et les étiquettes. «Je m’appelle Rachida Dati. Je suis française d’origine française, puisque je suis née en pleine Bourgogne», dit-elle à Who’s Who, du 26 octobre 2006. Très volontaire, une grande battante, «la réussite : quand on veut, on peut», tel est le slogan de Rachida. Dans son ascension sociale, Rachida DATI a «gravi la montagne raciale», pour reprendre une expression de Langston HUGHES, un poète afro-américain. «De la cité du Bout-du-Lac de Chalon à la place Vendôme, son ascension est fulgurante. Femme de réseau aux protecteurs aussi nombreux que puissants, elle crée sa chance au fil de ses rencontres. Le destin de Rachida Dati est en marche. Son ambition lui interdit le repos», écrit en 2007, Lionel COTTU.
Son père, M’Barek DATI (1934-2017), issu d’une famille d’agriculteurs, est né à Sidi Benour, à côté d’El-Jadida, au Maroc. «Mon père n’a pas eu d’enfance. Il a travaillé, très tôt, dans une ferme, non loin de Casablanca. Il n’a aucun souvenir de son père, mort alors qu’il était très jeune, laissant derrière lui quatre enfants, deux filles et deux garçons», écrit Rachida DATI, dans son autobiographie. Son père n’ayant pas été à l’école, issu d’une famille défavorisée, quitte le Maroc, à l’âge de 16 ans, pour l’Algérie, à Colomb-Béchar, près de la frontière du Sahara ; il est embauché en qualité d’ouvrier du bâtiment. Envoyé à Nemours, c’est là qu’il rencontre sa future épouse, une Algérienne. Un vrai mariage d’amour, pendant l’été 1961. «Comme notre grand-mère du Maroc, notre grand-mère d’Algérie a, très tôt, perdu son mari, un pêcheur de sardines, restant veuve avec ses six enfants, quatre filles et deux garçons», écrit Rachi DATI. Sa sœur Malika, l’aînée, est née en Algérie, le 5 juillet 1962, qui apprendra, par la suite, son père à lire et à écrire. À l’indépendance de l’Algérie, et à la suite d’une «guerre des sables», un conflit de frontières, l’Algérie expulse les Marocains. Ses parents étant plus pauvres que son père obtient, en 1963, du bureau d’émigration, un poste de maçon à Chalon-sur-Saône, et débarque en France, le 10 février 1964 et fait venir son épouse en avril 1964. C’est là que son épouse met au monde, le 28 avril 1964, un garçon mort-né. À Chalon, sont nés Lhouari, Jamila, Fatiha, Jamal, Kamal et Nadia. Après un accident grave de la route, six mois de coma à l’hôpital, et la naissance d’Omar, son père à l’usine Saint-Gobain, un fabricant de bouteilles, d’abord en qualité d’agent d’entretien, puis un conducteur d’engins, une promotion.
Son père d’une grande probité voulait donner une bonne éducation à ses enfants, «Je voulais sortir tout le temps et mon père me l’interdisait. J’avais rencontré une fille. Plutôt une femme, âgée de 30 ans, G., divorcée, avec des enfants. C’était chez elle que je me réfugiais lors de mes premières fugues, à 14 ans. C’est elle qui m’a fait goûter mon premier Ricard. Mes parents désapprouvaient cette fréquentation, mais ça apaisait maman, qui était plus ou moins au courant, que je passe mes nuits là-bas, de temps en temps. Au moins, son fils ne dormait pas dehors», écrit Jamal DATI. Son père était allé travailler en Algérie, où il a rencontré sa mère ; une belle histoire d’amour «Mon père est parti en Algérie pour travailler. Il a rencontré ma mère là-bas, puis ils se sont installés au Maroc, à Casablanca, dans la famille Dati, dans la demeure de ma grand-mère paternelle, qui est encore vivante. Il est de notoriété publique que les Algériens n’apprécient guère les Marocains, et réciproquement. Ma mère a été mal acceptée par le clan Dati, qui la rabaissait, la méprisait. Ses belles-sœurs l’avaient surnommée «l’Algérienne». Maman a été traitée plus bas que terre, mais mon père prenait sa défense», écrit Jamal DATI. Sa mère, Fatima-Zohra, est Algérienne, originaire d’Oran. Sa fille, Zohra, née le 2 janvier 2009, à Paris 16e, de la rencontre avec Dominique DESSEIGNE, un riche industriel, porte le prénom de sa mère, disparue le 10 mars 2001. «Nous, nous avons été élevés «à la marocaine». Maman mettait la djellaba, la tenue marocaine. «Votre père est marocain, moi, je fais comme lui», disait-elle. Elle ne parlait plus algérien. Elle avait appris le marocain avec mon père», écrit Jamal DATI.
Rachida est issue d’une famille nombreuse de 12 enfants. Le témoignage de Jamal DATI sur sa sœur, Rachida est élogieux, pour sa bienveillance et sa grande solidarité avec sa fratrie. En effet, Rachida jouait le rôle de l’aînée, la sœur Malika, déjà mariée, avait quitté la concession familiale. À 26 ans, Rachida DATI, sur pression de ses parents, s’était mariée, en août 1992, à Chalon-sur-Saône, à un ingénieur algérien, en août 1992 «Rachida a jeté un regard plein de reproches à mon père, puis à ma mère. Et elle s’est mise à pleurer. Juste au moment où l’adjointe au maire prononçait la formule consacrée : «Voulez-vous prendre pour époux» peut-être n’avait-elle pas envie de se marier ? À mes yeux, pourtant, cela n’a jamais été à proprement parler un mariage forcé», écrit Jamal DATI. Rachida DATI parle de contrainte sociale «Ce n'était pas une contrainte de la part de mon père (...), mais il y avait une pression dans la cité où j'habitais, de ne pas être mariée. Mes sœurs se sont toutes mariées jeunes, conditionnées par le fait que c'est bien de se marier et de faire des enfants», dira-elle, en mai 2020, à Isabelle MORIZET, sur Europe 1. Rachida, qui a été solidaire et a accompagné sa fratrie «Rachida a installé la plupart de mes frères et sœurs dans la vie professionnelle, souvent avec l’appui de ses relations. Mais bon, ce n’est pas un secret d’État. Elle le revendique ! Elle se vante de pouvoir donner un coup de main à la famille par l’intermédiaire de ses réseaux. Elle a même confié à la presse : « Je les ai installés dans la vie qu’ils ont», dit Jamal DATI, qui a eu un emploi chez Véolia, avec l’appui d’Henri PROGLIO. Jamila a été placée chez Onyx, Nadia dans une entreprise à Paris, Najate, à Dubaï, et Kamal en Chine. Houari, ingénieure, et Malika, enseignants, se sont débrouillés tout seuls. Rachida est généreuse en aides financières à sa fratrie, et éponge des dettes, si nécessaire. Rachida, certes ambitieuse, est restée très généreuse, en venant en aide les personnes en difficulté, notamment pour leurs démarches administratives. Un exemple de détermination, pleine d’audace, «Rachida vaut sept hommes. Ma sœur a un caractère «pire» qu’un homme. L’autorité, elle l’a toujours eue, chevillée au corps. Elle a toujours été dure. À la maison, devant moi, je ne la vois jamais sourire. Et quand je la regarde à la télé, c’est le jour et la nuit. Elle semble épanouie», écrit Jamal DATI.
Son frère, Jamal, ancien trafiquant d’héroïne, mineur délinquant multirécidiviste, pour de menus larcins, entre 15 et 18 ans, est aussi l’auteur d’un livre remarquable, sincère et émouvant sur la rédemption, le droit à une seconde chance dans la vie ; une véritable thérapie pour ceux qui ont été bousculés ou malmenés par la vie. En effet, Jamal DATI a comparution à la Cour d’appel de Nancy le 17 juillet 2007, «précisément le jour où le nouveau garde des Sceaux (Rachida DATIT), sœur du prévenu, présente son projet de loi contre la récidive, cela a de quoi attiser la curiosité des médias. Lorsque je me présente à la cour, j’ai l’impression étrange d’être submergé par une vague de micros et de caméras. Un an d’emprisonnement ferme se substitue aux six mois de sursis avec mise à l’épreuve ! Une disproportion rarement constatée, un écart inexplicable : Jamal, le seul parmi les cinq prévenus à n’avoir pas été condamné à une peine de prison ferme en première instance», écrit son avocat, maître Frédéric BERNA, dans la préface de son livre, «Jamal DATI, dans l’ombre de Rachida». La Garde des Sceaux, qui avait été chargée de la prévention de la délinquance auprès de Nicolas SARKOZY, n’a pas dissuadé son frère Jamal à écrire son ouvrage, mais a formulé une recommandation, dans une dédicace «En espérant que ce livre te fasse réfléchir» lui dit-elle. Ce livre est très intéressant sur la famille DATI et en particulier au chapitre 10 sur sa sœur.
Rachida est d’abord inscrite dans un institut catholique, Les Sœurs du Saint-Sacrement. «Les religieuses font régner l’ordre dans la paix, dans le respect mutuel. Nous assistons au catéchisme ; cela apprend à distinguer le bien du mal», écrit Rachida. Forte tête qu’on n’arrive pas à mâter, Rachida est installée pendant toute sa scolarité sur un pupitre à l’écart des autres élèves. «Les professeurs et les sœurs n’ont trouvé que ce moyen pour éviter les conflits et satisfaire mon côté perfectionniste, toujours travailler, apprendre, connaître, sans déranger personne», écrit Rachida, dans son autobiographie. Au Collège, Rachida, déjà ambitieuse, voulait devenir ingénieur en chef, mais vend des produits de beauté de Avon. Rachida, parallèlement à ses études au lycée privé La Colombière, de 1984 à 1987, puis au lycée public Mathias, travaille en qualité de documentaliste. Inscrite à la faculté de médecine de Dijon, qu’elle abandonnera. A 16 ans, Rachida découvre qu’elle est encore étrangère, et qu’elle aller au commissariat pour se munir d’une carte de séjour et une autorisation de travail. «J’étais née en France. J’avais grandi en France. Le français était ma langue maternelle, et la France, le seul pays dont je connaissais intimement l’histoire. Je découvre que je suis de nationalité marocaine», écrit-elle. Rachida s’inscrit en économie à Dijon, mais travaille dans une clinique comme aide-soignante et abandonne ses études et exercera plus tard d’autres petits boulots : vendeuse de glaces, caissière.
Débarquée seule à Paris, comparée au Rastignac de Balzac ou au «Bel-Ami», de Guy de Maupassant, «rien ne lui est arrivé par hasard. Tout a été calculé, organisé, arraché ou dérobé. Ce qui nous a éclaté au visage, au fil de l’enquête, c’est la peur que suscite Rachida DATI, jusqu’au sommet des hiérarchies administratives et politiques. Elle dénonce les relents de xénophobie et les procès en illégitimité, dès que son bilan est mis en cause», écrit Michael DARMON, un de ses biographes. Albin CHALANDON (1920-2020), homme politique et homme d’affaires, lui trouve un emploi de comptable chez Elf à la Tour, de la Défense. Jean-Luc LAGARDERE (1928-2003), homme d’affaires, la recrutera en qualité de cadre, chargée de mission, à la direction financière chez Matra et l’incite à s’inscrire l’Institut supérieur des affaires. Simone VEIL (1927-2017), magistrate, lui confiera des missions ponctuelles, dans le cadre de la politique de la ville. Marceau LONG (1926-2016), magistrat au Conseil d’État, aide Rachida, par l’intermédiaire de Jacques ATTALI, de se faire recruter dans une banque à Londres. Un autre jour, Simone VEIL la conseille d’entrer dans la magistrature, avec l’appui du préfet, Pierre BOUSQUET de FLORIAN, ancien directeur de la DST. Magistrat stagiaire, elle est affectée au tribunal de grande instance de Bobigny, puis celui de Péronne, dans la Somme
Conseillère ministérielle en 2002, au ministère de l’Intérieur, puis porte-parole de Nicolas SARKOY, pendant les présidentielles de 2007, Rachida DATI sera nommée Garde des Sceaux, ministre de la Justice, le 18 janvier 2007. Nicolas SARKOZY, son mentor, étant un visiteur du soir à l’Élysée, le 11 janvier 2024, Rachida DATI est nommée ministre de la Culture. «Qui aurait dit que l'ancienne garde des Sceaux ferait un retour fracassant au gouvernement, début 2024 ? De fait, la nomination de Rachida Dati à la Culture a surpris : un nouveau coin au flanc d'une droite fracturée. Remise en selle, l'ex-protégée de Nicolas Sarkozy compte utiliser la rue de Valois comme un tremplin pour ses ambitions. Depuis 2007, la maire du très chic VIIe arrondissement, à la vie privée chaotique, s'est façonné un personnage d'aventurière que n'arrête aucun obstacle, aucun serment, aucun homme. Faut-il qu'elle ait des revanches à prendre pour créer autour d'elle, dans sa marche au pouvoir, autant de crainte que de stupeur ! Talons et verbe hauts, forte de sa popularité, l'ex- pasionaria LR avance, sans pitié et sans remords», écrit Elisabeth CHAVELET, dans «Rachida DATI, le pouvoir, à tout prix».
Ses parents, en raison de leur héroïsme au quotidien, de leur courage, ont donné à Rachida DATI, une grande confiance en elle, une grande force de travail, d’envie d’aller de l’avant et de se surpasser. «Si vous travaillez, si vous respectez les lois, si jour après jour, vous vous conduisez bien, vous réussirez comme les autres», lui disait souvent son père. Issue d’un milieu modeste, Rachida, dans son besoin de reconnaissance, a une grande soif de revanche, pour se hisser en haut de l’affiche. «La fracture sociale que connaît la France, plus que familière, m'est intime. Certains diront que je viens du bord opposé à celui où je me trouve, que je suis du peuple, mais que je fréquente l'élite. Je me suis au contraire toujours sentie dans une communauté de destin avec ceux que j'ai côtoyés. Ceux qui ont les pouvoirs, politiques, financiers, l'assise de leur éducation, un petit nombre qui fait beaucoup, j'ai travaillé dur pour en faire partie. J'ai pensé que seuls le mérite et le travail conditionnaient l'accès à ce cercle. Mais, pour une partie d'entre eux, c'était encore trop peu, ou trop. Il aurait fallu que j'y sois déjà. Dans la France d'aujourd'hui, je ne vois plus beaucoup de passerelles. J'observe une société figée et des frustrations de plus en plus nombreuses», écrit-elle dans «La confiscation du pouvoir».
Audacieuse, saisissant toutes ses chances, Albin CHALANDON, lui trouve, en 1987, un poste de chargé d’études à la Direction financière d’Elf-Aquitaine. Parallèlement, à différents emplois, Rachida obtient en 1991, sa maîtrise en sciences économiques à Dijon. Magistrate, elle devient, en 2001, substitut du Procureur de la République, à Évry, dans l’Essonne. Dans sa soif de reconnaissance, Rachida DATI détonne dans le paysage politique français «Jamais la République n'avait connu aucun ministre de la Justice aussi déroutante. Elle engueule ses collaborateurs qui n'en peuvent plus et s'en vont. Elle déplaît à gauche, mais aussi à l'intérieur de son propre camp. Elle s'en moque. C'est une battante. Elle séduit l'opinion publique. L'essentiel à ses yeux. Elle pose dans les magazines. De quoi exaspérer les juges davantage habitués à la discrétion qu'à une publicité outrancière», écrit en 2009, Gilles GAETNER.
Rachida DATI, indéboulonnable maire du 7e arrondissement, ses fréquents accrochages avec Mme Anne HIDALGO, avait pour ambition de se présenter aux municipales de Paris en 2026. Cependant, un accident industriel est survenu. Mise en examen, pour corruption passive et trafic d’influence depuis 2021, Rachida DATI, accusée d’avoir profité de son mandat de députée européenne pour faire du lobbying pour le groupe Renault-Nissan, en échange de 900 000 euros versés entre 2010 et 2012, est renvoyée devant le Tribunal correctionnel de Paris. En effet, Mme DATI, débouté de ses actions en diffamation contre le journal Libération, s’en est prise, très violemment, à certains juges, qui selon elle, «marchent sur les droits de la défense. J'accable des magistrats qui refusent de faire leur travail selon le Code de procédure».
Rachida DAITI rêvait d’une revanche. En effet, la droite parisienne, de 1977 à 2001, faisait le grand chelem. Cependant, la gestion de la droite, inscrite à la rubrique des chroniques judiciaires (Frais de bouche, faux électeurs et trafic de logements sociaux de TIBERI), c’est Bertrand DELANOE qui avait provoqué, en 2001 la Grande alternance dans la capitale. Mme DATI, devenue un caillou dans la chaussure du gouvernement des Républicains, «a le droit à la présomption d’innocence, mais tout le monde n’est pas obligé d’être ministre. Donc, je crois que moralement, elle devrait démissionner. Notamment parce que ça obéra beaucoup de sa disponibilité pour être ministre, qui, je le crois, nécessite d’être pleinement à sa tâche. C’est curieux que le garde des Sceaux soutienne en l’occurrence sa collègue ministre lorsqu’on voit la violence des attaques de Rachida Dati contre la justice. Ce qui lui a valu un recadrage inédit à la fois du Parquet national financier et du président du tribunal de Paris. Elle a manifestement un problème avec la Justice. Paris mérite un Maire, pas un prévenu. Dans une démocratie exigeante, le respect de la justice et la confiance dans l’action publique imposent une exemplarité particulière à celles et ceux qui représentent l’État au plus haut niveau.», dit Emmanuel GREGOIRE, député de Paris et candidat, à Paris, aux municipales de 2026.
En raison de cet accident industriel, les appétits s’aiguisent. En effet, le Parti Renaissance songe déjà à une candidature de remplacement, «Je ne vais pas lâcher un engagement citoyen, personnel, dans la ville où je suis né, dans la ville où je me suis battu politiquement», dit Clément BEAUNE, du Parti Renaissance, ancien ministre. En 2020, Mme DATI, face à Mme HIDALGO voulait réserver les logements sociaux «aux Parisiens». Soutenue par le ministre de l’Intérieur, Bruno RETAILLEAU, qui avait dit dans Valeurs actuelles que «le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron», en raison de cet incendie dans la case de la droite, les Républicains devraient trouver un candidat de substitution.
Désavouée par la Commission d’investiture du parti les Républicains, pour la législative partielle de la deuxième circonscription à Paris ayant investi M. Michel BARNIER, ancien Premier ministre, Mme Rachida DATI, maire du 7e arrondissement, dissidente, a maintenu cependant sa candidature. Par conséquent, une nouvelle guerre fratricide des chefs au sein des Républicains, après celles de l’alliance entre Eric CIOTTI et le RN, entre François FILLON, ses costumes et Nicolas SARKOZY, Bruno RETAILLEAU et Laurent WAUQUIEZ, Cette législative partielle est prévue pour les 21 et 28 septembre 2025.
Curieusement, pour les municipales de 2026, à Paris, alors que Rachida DATI n’est pas encore officiellement candidate, la Commission d’investiture du Parti Les Républicains, lui a déjà réservé la place. Elle «est la mieux placée pour incarner l’alternance», dit-on.
Rachida DATI a toujours refusé les assignations ; elle mène le combat, au forceps. «Il n’y a qu’un secret pour mener le monde, c’est d’être fort, parce qu’il n’y a dans la force ni erreur ni illusion ; c’est le vrai, mis à nu», disait Napoléon. Rachida instrumentalise ses origines modestes pour se donner du courage et de la force «Je n’ai jamais voulu expliquer ni même dire d’où venaient ma force, mon énergie et mon refus de la résignation. Je n’ai jamais voulu instrumentaliser mon histoire ni mon parcours. Cette fracture sociale, plus que familière, m’est intime. Inhérente à mon histoire, elle a fondé mes convictions et éclaire ma réflexion. Certains diront que je viens du bord opposé à celui où je me trouve, que je suis du peuple, mais que je côtoie l’élite. L’adversité motivant ma volonté, j’ai réalisé nombre de mes rêves. Je ne suis pas de ceux qui se résignent, se laissent abattre, se laissent emmener par la fatalité. j'ai mené des combats, j’ai gagné des batailles et montré que rien n’est impossible. Aujourd’hui, quand tant sont tentés de céder à la désespérance ou au repli, je n’ai qu’une conviction : je ne céderai rien», écrit Rachida DATI, dans «La confiscation du pouvoir».
A suivre, …
Références bibliographiques
A – La contribution de Rachida DATI
DATI (Rachida), Fille de M’Barek et de Fatim-Zohra, XO, 2011, 272 pages ;
DATI (Rachida), Fille de prolo, métèque et femme libre, Paris, Grasset et Fasquelle, 240 pages ;
DATI (Rachida), Je vous ai faits juges, entretien avec Claude Askolovitch, Paris, Grasset, 2007, 240 pages ;
DATI (Rachida), La biographie, RD Press, 2024, 57 pages ;
DATI (Rachida), La confiscation du pouvoir, Paris, Plon, 2019, 128 pages.
B – Les autres références
CHAVALET (Elisabeth), Rachida Dati : le pouvoir à tout prix, Paris, l’Archipel, 2024, 240 pages ;
COTU (Lionel), Rachida Dati, une ambition française, Paris, éditions First, 2007, 299 pages ;
DARMON (Michael) DERAI (Yves), Belle-amie, Paris, éditions du Moment, 2009, 178 pages ;
DATI (Djamal), Dans l’ombre de Rachida, préface de maître Frédéric Berna, entretiens avec Xavier Bénéroso, Paris, Calmann-Lévy, 2009, 237 pages ;
GRATNER (Gilles), Rachida Dati. Et si on parlait de vous ? Paris, Succès du livre éditions, 2009, 228 pages ;
JEUDY (Bruno) DECOUTY (Eric), Sarkozy et «ses» femmes, Paris, Plon, 2008, 239 pages.
Paris, le 27 juillet 2025, par Amadou Bal BA