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«Face aux régimes militaires bavards et indolents : Plaidoirie pour un régime civil et démocratique en Afrique, agissant au concret pour le bien-être des populations» Amadou Bal BA
J'ai toujours été cash avec les régimes militaires : je ne leur fais pas confiance. «La liberté est un des dons les plus précieux que le ciel ait fait aux hommes. Rien ne l’égale, ni les trésors que la terre enferme en son sein ni ceux que la mère recèle en ses abîmes», écrit Miguel CERVANTES. En effet, je crois fondamentalement à un régime et démocratique, comme l’exemple du Sénégal. Les militaires, une fois qu’ils ont le pouvoir, en dépit des beaux discours du départ, finissent par le confisquer, pour s’installer, définitivement. En effet, depuis les indépendances en 1960, en dehors du précédent du Ghana, le processus est le même ; ils débarquent un régime civil vomi par le peuple. Au début, tout le monde applaudit les militaires, mais à la fin, ce sont des larmes, des soulèvements, du sang et des souffrances. La rhétorique est bien huilée : un comité de salut public, une période transitoire qui deviendra éternelle, des cris au complot et un nouveau cycle de répressions féroces.
Le cas du Mali, que j'avais suivi très attentivement, est emblématique de cette énorme escroquerie. Après un règne d’Ibrahima Boubacar KEITA (Voir mon article), une désobéissance avec de nombreux morts, le peuple malien, avait accueilli avec soulagement l'arrivée de la junte militaire que le PASTEF du Sénégal avait été désigné comme son modèle, en raison de son discours anticolonialiste. Une grande première faille est un pied de nez contre cette Françafrique arrogante, méprisante qui s'est trompée d'époque. Une période de transition a été votée et une nouvelle Constitution adoptée. Mais «l'habitude, est une seconde nature».
Le Premier ministre Choguel MAIGA qui avait mené la désobéissance civile et le combat sur le plan international, a été remercié. Assimi GOITA envisage de dissoudre les partis politiques et fixer une caution devenant un plafond de verre infranchissable. Il s'offre donc comme Alassane OUATTARA, en RCI, un mandat supplémentaire de 5 ans.
Au Mali, face au refus des militaires de rendre le pouvoir aux civils, depuis 2020, la jeunesse qui avait payé un prix fort, avec de nombreux morts, pour dégager IBK, est de nouveau au Mali, dans la rue, pour réclamer la liberté et la démocratie. Pour ma part, la démocratie n'est pas un régime parfait, mais c'est le moins mauvais des systèmes de gouvernement. Les droits de l'Homme, ce n'est pas seulement qu'un privilège de l'homme blanc, le colonisé, l'Africain, le racisé ont droit à la liberté. C'est quand même renversant, avec nos matières premières et notre jeunesse, qu'on soit en Afrique englué, depuis 65 ans, dans des régimes autoritaires bavards et inefficaces !
Le cas de la Guinée est bien connu. Alpha CONDE devenu un dictateur, comme Sékou TOURE, avait été acclamé puis déposé par les militaires. Depuis lors, plus personne ne parle de transition et c'est donc une dictature qui remplace une autre. Le Gabon a organisé son coup d’État électoral.
C'est un beau parleur, le capitaine Ibrahima TRAORE, le chef de la junte militaire au Burkina Faso. Il rassemble des foules et veut qu'on l'acclame, comme un empereur romain. Il crie, sans cesse, au complot ; il finira par arrêter et probablement tuer ou emprisonner ses amis, comme Sékou TOURE.
En définitive, et compte tenu de ces précédents constants et non équivoques de l'histoire politique africaine, je reste fondamentalement attaché à un régime civil et démocratique du gouvernement. Je ne fais donc pas confiance aux militaires qui peuvent débloquer une situation dramatique, mais dès qu'ils arrivent ils veulent rester éternellement avec des théories de complots avérés ou supposés ; et donc un nouveau cycle de répressions et de souffrances.
«La politique, c'est l'art de rendre possible, le nécessaire», disait le Cardinal de RICHELIEU. En somme ce qui est attendu des gouvernants, c'est d'améliorer substantiellement, les conditions de vie de leurs populations. En effet, ce qu'on demande à un gouvernement, sans ressentiment, c'est de défendre, sans concession, les intérêts de son peuple. On n'est ni pro, ni anti russe, chinois ou français ; les gouvernements n'ont pas d'amis ou d'ennemis, mais uniquement un intérêt national à faire fructifier, de façon mutuellement avantageuse.
Par ailleurs, la rhétorique, les mots ou les beaux discours font chaud au cœur mais ne nourrissant pas la politique, doivent joints à des actes concrets. «Dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit», telle est la belle formule de Lionel JOSPIN. Finalement, «l'honneur est dans la parole. La parole est dans l'honneur» dit un dicton africain. Tout le reste n'est qu'enfumage et mépris du peuple dont se gargarise, pourtant à longueur de journée. Il ne faudrait pas surtout pas nous prendre pour ce que nous ne sommes pas !
Je sais que depuis les temps de l'esclavage, en passant par la colonisation et la Françafrique, il y a un système de domination et de prédation sur les racisés ; il faut le combattre, sans concession. Cependant, ce n'est pas toujours de la faute aux autres. 65 ans après les indépendances, nous avons besoin d'un sérieux examen conscience. Quelle est notre part de responsabilité ? Qu'est-ce qui dépend de nous pour faire avancer notre cause ?
La ligne de couleur de partage, ce n'est pas tellement le discours politique, c'est et avant tout, l'aptitude à répondre aux besoins essentiels de la population. «Peu importe la couleur du chat, l'essentiel c'est qu'il attrape les souris», disait bien DENG Xiao PING, un dirigeant chinois. Le reste c'est des mots. Comme la construction d’une Nation, c’est comme l’édification d'un temple ; chaque gouvernement doit poser sa pierre, les suivants poursuivent, améliorent et développent ce qui a été entamé.
Quand je me promène dans Paris, ou à travers la France, il y a constamment des travaux. Et nous gouvernants jacassent, déblatèrent, invectivent, mais agissent peu. Chez nous, en Afrique, on aime discourir et souvent les actes ne suivent pas.
La Françafrique ne peut pas empêcher un gouvernement africain de développer son pays. Le premier mandat de Macky SALL relève d'un bilan Pharaonique. Son deuxième mandat a été désastreux, pour lui et le Sénégal.
Au Sénégal, quel héritage laissera le PASTEF ?
L’Histoire est un grand juge.
En tout cas, ces régimes militaires africains démagogues et bavards, à la Sékou TOURé, à la Thomas SANKARA, n’ont encore rien résolu, pour l’instant, de décisif. Ils veulent s’éterniser au pouvoir, en agitant, en permanence, des complots avérés ou fictifs.
Références bibliographiques
BA (Amadou, Bal), «Mali : transition nationale reportée», Médiapart, 27 décembre 2021 ;
BA (Amadou, Bal), «Mali : référendum sur la Constitution du 18 juin 2023 en vu d’une présidentielle du 4 février 2024», Médiapart, 9 juin 2023 ;
BA (Amadou, Bal), «Gabon : la présidentielle du 12 avril 2025, régularise le coup d’État militaire de Brice Oligui N’Guéma», Médiapart, 14 mars 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Sénégal : Bilan d’un an d’alternance dite de rupture du PASTEF», Médiapart, 16 avril 2025 ;
BA (Amadou, Bal), «Mali : la mort d’Ibrahima Boubacar KEITA, IBK, ancien président du Mali», Médiapart, 16 janvier 2022.
Paris, le 30 avril 2025 par Amadou Bal BA