« Attend Thierry, je voudrais te demander : qu'est-ce que tu m'as dit quand je dormais ? » Resplendissante cette femme croisée dans la rue, portable à l'oreille. C'est beau les gens amoureux, touchant même. Elle n'a pas dû dormir beaucoup cette nuit et grand bien lui a fait à la quinqua brunette et joliment rondelette. Elle est tout sourire. C'est chouette de voir des gens heureux de bon matin. Et en plus, il fait beau.
8h39, ça se gatte : celle-ci est pressée, affolée même quand elle me demande où se trouve la rue Cuvier. Ça me dit quelque chose... Elle précise : où il y a la Cour du droit d'asile. Ah c'est bien ça ! Voilà un bail que j'habite dans le coin et qu'on me la demande cette satanée rue Cuvier. Je ne sais toujours pas où elle est exactement. C'est tout droit mais après ? Sitôt la direction indiquée, elle fonce.
Et puis, c'est le zigzag. Un coup à gauche, un coup à droite. La demoiselle prête à monter dans son auto n'est pas plus foutue que moi de lui révéler l'itinéraire exact. Je sens que ça la chagrine aussi. On la suit un temps du regard reprendre sa course. Jupe longue, foulard savamment noué, sac en bandoulière, elle interpelle maintenant un monsieur. Lui, c'est clair, ça ne lui fait ni chaud, ni froid. Il ne sait pas, point barre.
Elle court de plus belle puis bifurque à droite vers le Franprix. Là, je la perd de vue quelques secondes puis la vois ressortir du restau pakistanais d'à côté et s'élancer à gauche dans la rue qui descend. Cette fois, elle paraît sur la bonne voie.
D'où venait-elle avec son français impeccable ? De Syrie ?