Sur l'antenne de France Culture, j'ai entendu Edwy Plenel défendre les intermittents, ce dont je me suis immédiatement félicité. Par contre, j'ai été surpris par la fin de son argumentation. Il a, en effet, rappelé que le secteur culturel avait un poids économique important - sept fois celui de l'automobile – et que les conséquences seraient lourdes sur les activités du secteur si le problème des intermittents était mal réglé.
Il a suivi la pente générale qui glorifie l'enjeu culturel par les chiffres d'affaires et d'emplois en prenant comme argent contant, ce qui ne lui ressemble pas, les chiffres de l'étude sur l'économie de la culture réalisée par les inspections des finances et de la culture. 1
C'est dommage pour trois raisons.
La première est que, dans l'étude en question, le spectacle vivant - et ses chômeurs intermittents- ne pèse que 8,8 milliards de valeur ajoutée sur un total de 57,8 milliards pour l'ensemble du secteur « spécifiquement » culturel. Or, toutes les composantes de ce secteur culturel - lequel inclut, par exemple, tant la publicité que les travaux sur les monuments historiques - ont aussi des précaires mais pas d'intermittents ! Ce mélange des genres ne peut guère servir le statut particulier des uns quand les autres, du même secteur, en sont privés !
En vérité, que Edwy Plenel, si vigilant, soit séduit par le brouillard magique des chiffres de cette étude me gêne pour une deuxième raison : l'étude fournit un chiffre d'affaires de la culture en France, mais elle oublie de nous dire quel sens est donné au mot « culture ». On sait seulement que « les activités culturelles recouvrent les activités spécifiquement culturelles et les activités indirectement culturelles », ce qui ne nous avance pas dans la compréhension de ce qui mérite le qualificatif de « culture » dans notre société. Le seul avantage de cette distinction est d'obliger à s'interroger sur la curieuse raison qui conduit à mettre dans le même sac statistique « spécifiquement culturel », la publicité et la création théâtrale, les soirées techno et les premières à l'opéra, la restauration des églises et la post production de films pornos, alors que la vente par correspondance sur catalogue général est « partiellement » culturelle à 34% et les hypermarchés à 10%. On apprend, aussi, qu'il y a un « secteur non culturel » qui sans doute est un « être à part », parlant une autre langue que la publicité et chantant d'autres chansons qu'à la radio !!
Il faudrait avoir l'humour corrosif de Desproges pour analyser correctement cette étude dont l'objectivité de pacotille ne sert qu'un dessein : légitimer la politique culturelle en montrant que « la culture » est d'abord un secteur économique dont le pays a besoin pour l'avenir de ….sa croissance. Je forme le vœu que Edwy Plenel interpelle ces faiseurs de chiffres, réducteurs de sens de l'enjeu culturel pour notre société.
C'est là la troisième raison de mon trouble : l'évidence que la culture veut dire « activités culturelles à vendre et acheter ». Un pays bien cultivé est alors un pays qui vend bien ses produits culturels. On peut, évidemment, concéder des particularités à ce secteur de l'économie et admettre qu'il s'agit de « marchandises pas comme les autres », pour reprendre les termes de l'Unesco. Mais, le mal est fait : il s'agit de marchandises avec ses producteurs à la recherche de clientèles (les appeler « publics » ne change rien à l'affaire!). Dire « la culture est un secteur économique » c'est accepter que les relations de cultures à cultures passent nécessairement par des échanges de marchandises, placés sous l'épée de Damocles de la concurrence mondiale.
On peut, sur ce socle du « secteur économique », instiller un zeste de solidarité interprofessionnelle, mais l'essentiel est posé : dans le délire concurrentiel d'aujourd'hui, les intermittents sont les premiers à payer le prix d'une pensée culturelle marchande qui veut que tout musicien doit avoir un patron, lequel achète une musique issue d'une force de travail !
Au mieux dans les négociations, il sera accepté que ce secteur de l'économie soit une « exception » par rapport à la règle commune de l'échange marchand concurrentiel. L'exception culturelle devient le drapeau du combat politique pour la culture. Depuis longtemps, j'ai rappelé la stupidité de cet argument de « l'exception culturelle » qui accepte que l'enjeu culturel soit à part, un espèce d'îlot protégé du monde normal. Or la culture devrait être centrale dans la vie de tous les jours. En la réduisant à un simple secteur d'activités marchandes, elle devient un moment de loisir parmi d'autres qui a seulement la particularité d'être géré autrement, par des règles économiques d'exception qui ne tiendront que le temps de rapports de forces bien faiblards dans les négociations internationales bilatérales.
C'est ainsi qu'en faisant de « la culture » un poids lourd de l'économie et en s'obsédant alors sur « l'exception culturelle », on manie un outil dangereux ! On oublie que la responsabilité culturelle publique est politiquement ailleurs, en tout cas pour qui tient aux fondamentaux d'une société de liberté : elle est d'abord dans la reconnaissance de la « diversité culturelle » pour faire un peu mieux humanité ensemble, ce qui ne peut se réduire à défendre les intérêts particuliers si actifs dans la politique de l'exception culturelle.
Pour le montrer, je voudrais, ici, reprendre les termes de mon audition devant la commission « culture » du Sénat le 21 mai dernier. La question était en effet de faire le point sur la politique de diversité culturelle.
J'ai constaté, à la suite de madame Cliche représentant l'Unesco, que la convention de 2005 sur la diversité des expressions culturelles avait joué son rôle. Le travail collectif au niveau international permet aujourd'hui, bon an, mal an, d'agir en faveur de la diversité culturelle. Il est même certain que la dynamique ouverte par la Convention a été bénéfique aux entreprises culturelles nationales confrontées à une concurrence de plus en plus mondialisée.
Toutefois, il faut bien avouer que ce n'est pas si facile. L'engagement des Etats signataires de la convention de 2005 pour protéger le secteur économique de la culture est toujours en tension avec les préoccupations d'autres secteurs économiques nationaux qui, dans les négociations internationales, réclament, à l'inverse, une réduction des interventions publiques pour mieux pénétrer les marchés étrangers !
De surcroît, les accords passés à l'Unesco ont une vocation globale, pas seulement internationale. Leur ambition explicite est de voir les principes fondamentaux de la diversité culturelle s'appliquer sur tous les territoires, aussi bien européen que national ou local ! Or, cette ambition louable est souvent déjouée sur le terrain. La tendance est plutôt que chacun se passe volontiers de la diversité culturelle des autres et privilégie d'abord son droit de défendre ses propres spécificités culturelles !
Je le constate souvent, même dans les collectivités les mieux intentionnées.
* Par exemple à Nantes, souvent citée comme exemplaire - et qui l'est, par bien des cotés. Quand on regarde de très près les règles du jeu de son « quartier de la création », un cluster qui veut promouvoir la « ville créative », on s'aperçoit que pour être reconnus les acteurs culturels n'ont qu'une solution : être capables de vendre avec profit leur projet créatif.2
Au nom de l'attractivité du territoire, l'action publique en faveur de la diversité consiste à attirer des projets culturels innovants rentables. En clair, le message culturel se réduit à dire : « Quittez votre territoire, venez chez nous, on vous aidera à vous enrichir pour mieux nous placer dans la grande concurrence publique entre les territoires ». On ne peut pas reprocher à un maire de diversifier les activités de son territoire, mais, lorsqu'il s'agit de capter les compétences culturelles des autres territoires - c'est à dire de les vider de leurs ressources innovantes - une telle diversification est antinomique avec les principes universels de la Diversité culturelle.
Pour ma part, j'ai toujours estimé que les enjeux politiques de la Diversité culturelle étaient autres. En premier lieu, il s'agit pour les Etats parties prenantes à la Déclaration Universelle sur la Diversité Culturelle de 2001 d'affirmer la possibilité de vivre ensemble de la multiplicité des cultures qui composent l'humanité. C'est le principe de l'unité du genre humain nourrie de la diversité des cultures qui est revendiqué en premier, même par la France. Par conséquent, le principe de solidarité s'impose à toutes ces cultures qui font notre humanité commune.
* En ce sens, la solidarité entre les cultures des différents territoires ne peut jamais être mise sous le tapis, même pour préserver la rentabilité de certains biens culturels. Pour être plus concret, je voudrais faire référence au cas de Bordeaux. La ville a bénéficié d'une inscription sur la liste Unesco du Patrimoine Mondial. Les touristes affluent en nombre croissant. Tant mieux si l'économie fait ainsi bon ménage avec les valeurs culturelles. Mais on ne peut pas oublier que le patrimoine inscrit à l'Unesco l'est au nom de sa valeur exceptionnelle pour l'Humanité. Il serait donc cohérent que les bénéfices économiques de ces valeurs culturelles retombent sur l'Humanité tout entière, pas uniquement sur les seuls bordelais. Le principe de solidarité devrait profiter, ainsi, aux autres patrimoines de notre humanité commune qui n'ont pas la chance de pouvoir attirer autant de touristes, surtout dans les territoires en guerre. J'ai donc suggéré que soit créé un fonds bordelais de solidarité patrimoniale. Mais, aucune des lettres que j'ai envoyées à beaucoup de responsables économiques et politiques n'a reçu de réponse. Comme si l'économie sonnante et trébuchante rendait sourd aux valeurs d'humanité promues par l'Unesco.
A cet égard, permettez moi de relire deux lignes de la Déclaration universelle sur la Diversité culturelle de 2001. Nos représentants ont effectivement affirmé, avec détermination à l'époque, qu'ils aspiraient avec toutes les autres parties prenantes, « à une plus grande solidarité fondée sur la reconnaissance de la diversité culturelle, sur la prise de conscience de l'unité du genre humain et sur le développement des échanges interculturels ». Avec la Diversité culturelle, il y a toujours la nécessité de rappeler que la logique de l'échange concurrentiel ne peut ignorer, et encore moins étouffer, l'exigence de solidarité entre les cultures qui doivent, malgré toutes leurs différences, « faire Humanité ensemble ». Ou alors, ce n'est pas la peine de faire référence à la Diversité culturelle, restons en à l'exception aux règles marchandes !
Je le dis ainsi pour avoir eu une discussion très enrichissante avec monsieur Janicot qui a rédigé un rapport sur la culture et le Grand Paris. J'avais constaté, comme tous les lecteurs de ce rapport, le pragmatisme des préconisations qui insistaient sur la dimension stratégique de la culture dans le positionnement international de Paris. Mais j'avais ironisé sur cette tendance générale des territoires à vouloir s'armer de culture pour gagner la grande guerre à la renommée mondiale.( « Une concurrence acharnée se livre autour de manifestations artistiques et culturelles organisées par les grandes métropoles et les villes », dit, par exemple, le rapport3) Le réalisme de cette lutte « acharnée »entre les territoires transformait, ainsi, les acteurs des arts et des cultures en simples munitions d'une guerre culturelle de tous contre tous, aux antipodes de la volonté des signataires de la Déclaration Universelle de 2001.
Monsieur Janicot aurait pu prendre mal mes observations critiques, mais, à mon grand étonnement, il a souhaité me rencontrer. Et j'ai très vite compris pourquoi : monsieur Janicot avait été numéro deux de l'Unesco au moment de la négociation de la Déclaration universelle sur la diversité culturelle. Or, dans la rédaction du rapport sur le Grand Paris, sous la pression des centaines d'acteurs qu'il avait rencontrés, il en était lui-même venu à oublier les valeurs fondatrices de la Déclaration qui lui tenaient pourtant tellement à cœur. Comme quoi, la vision pragmatique de l'attractivité culturelle des territoires n'est pas toujours bonne conseillère. Elle fait perdre la tête aux acteurs, en transformant la diversité culturelle – « Patrimoine commun de l'humanité », disent les signataires de la Déclaration – en machine à remporter des batailles économiques contre des cultures plus faibles.
J'en ai conclu que la première responsabilité politique est la vigilance : sauf à penser que la valeur d'humanité de la diversité culturelle n'est qu'une façade sans importance - ce qui serait irresponsable en ces temps où Boko Aram nous rappelle l'ampleur du combat à mener pour défendre les valeurs humanistes fondamentales – il s'impose que les responsables politiques organisent des dispositifs d'arbitrage qui garantissent que les avantages économiques de la culture ne fassent jamais oublier les valeurs d'humanité de la diversité culturelle.
Je sais qu'une telle conclusion paraît abstraite – théorique me dit-on souvent – à tous ceux qui croient encore que la culture est un secteur d'activités à coté de l'industrie des voitures ou du textile !
Mais, si l'on parle de Diversité culturelle, on ne peut pas être aussi aveugle ou obtus, même pour défendre ses intérêts particuliers. Je voudrais m'autoriser à rappeler que, dans les négociations sur la diversité culturelle, la définition de la culture a une autre allure politique que la définition sectorielle à laquelle nous nous sommes malheureusement habitués en France. Ainsi, pour qui veut parler de « diversité culturelle » dans sa ville ou son département, il est inévitable de revendiquer la définition de la culture de l'Unesco, du moins dans la version améliorée proposée par la Déclaration de Fribourg de 2007 sur les droits culturels des personnes.
« Le terme culture recouvre les valeurs, les croyances, les convictions, les langues, les savoirs et les arts, les traditions, institutions et modes de vie par lesquels une personne ou un groupe exprime son humanité et les significations qu'il donne à son existence et à son développement »
Je comprends qu'une telle définition puisse passer pour irréaliste pour ceux qui pensent les enjeux culturels publics avec les lunettes des organisations professionnelles culturelles. Pourtant, les temps changent et cette définition de la culture comme capacité des êtres de culture à « faire humanité ensemble » commence à être prise au sérieux tant notre planète est fracturée par des tensions intenses entre des manières différentes de « voir » le monde.
J'évoque deux exemples qui donnent un peu d'espoir.
Le premier concerne la Belgique Francophone où un récent décret loi a franchi le pas : la nouvelle politique de soutien aux centres culturels est fondée sur une définition de la culture qui est exactement celle de la Déclaration de Fribourg sur les droits culturels que je viens de rappeler. Le soutien public aux acteurs culturels est ainsi associé à l'apport des spécialistes des arts au développement des droits culturels des personnes pour faire un peu mieux « humanité ensemble ».
Cette manière de concevoir la diversité culturelle, en partant moins des ventes de produits que des droits culturels des personnes, est en parfaite cohérence avec nos engagements. Vous avez certainement le souvenir de l'article 5 de la Déclaration Universelle sur la diversité culturelle de 2001 qui nous oblige à considérer que « Les droits culturels sont un cadre propice de la diversité culturelle. Les droits culturels sont partie intégrante des droits de l’homme, qui sont universels, indissociables et interdépendants. » Le texte ajoutant que « toute personne doit ainsi pouvoir s’exprimer, créer et diffuser ses oeuvres dans la langue de son choix et en particulier dans sa langue maternelle ; toute personne a le droit à une éducation et une formation de qualité qui respectent pleinement son identité culturelle ; toute personne doit pouvoir participer à la vie culturelle de son choix et exercer ses propres pratiques culturelles, dans les limites qu’impose le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. »
Ce qui me rend optimiste, c'est qu'une telle ambition de faire droit aux droits culturels des personnes est maintenant partagée par quatre départements qui vont certainement être rejoints par d'autres collectivités. Ces départements dont la Gironde, le Nord, l'Ardèche, et le territoire de Belfort sont engagés avec l'équipe de Fribourg, dirigée par Patrice Meyer-Bisch, dans un projet collectif de développement des droits culturels. Ce n'est plus l'approche sectorielle de la culture qui impose sa loi, c'est l'approche éthique du développement des droits humains qui donne sens à la politique de diversité culturelle.
Ainsi, sur le terrain concret de ces territoires, les acteurs travaillent ensemble en faveur de la reconnaissance des personnes, dans leur dignité de porteurs de culture conformément à l'article 4 de la Déclaration universelle sur la diversité culturelle : «La défense de la diversité culturelle est un impératif éthique, inséparable du respect de la dignité de la personne humaine ». Il y a, ainsi, dans l'engagement pour la diversité culturelle, une préoccupation politique qui dépasse le simple volet de la croissance des chiffres d'affaires de nos industries culturelles. Et l'on ne peut que se féliciter que des collectivités départementales agissent ensemble dans cette voie.
C'est à mon sens le bon chemin pour avancer vers un meilleur « vouloir vivre ensemble » et développer une politique culturelle active contre les replis identitaires et les mauvais réflexes qu'engendre la peur de l'autre. Les élections européennes ont rappelé que le réalisme est bien aujourd'hui de remettre les valeurs d'humanité universelles au cœur de l'action politique, celles que les promoteurs de la « diversité des expressions culturelles », vendables sur le marché, n'auraient jamais dû oublier.
De ce point de vue, je m'étonne toujours que la France, tant du coté exécutif que du coté législatif, n'ait pas prolongé les engagements qu'elle a pris à l'Unesco sur la diversité culturelle.
Sans revenir sur les filandreux arguments du rapport Veil, j'évoquerais deux curiosités ethnologiques qui révèlent trop que notre engagement international sur la diversité culturelle est une source inépuisable d'interrogations !
* Prenez pour commencer le ministère de la culture. Chaque matin, la ministre affirme sa volonté de défendre « l'exception culturelle » pour nos entreprises au nom de la Convention Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Or, la « diversité culturelle » ne fait pas partie des responsabilités officielles du ministère de la culture. Faites l'exercice vous même : dans le décret du Premier Ministre définissant les missions du ministère de la culture, vous ne trouverez aucune mention de la « diversité culturelle » ! Pourquoi cette absence ? Encore un mystère de la vie culturelle française !
Curiosité aussi de la position du législateur au moment de la discussion parlementaire sur la décentralisation. A aucun moment, aucun parlementaire n'a repris à son compte les orientations culturelles que nous avons défendues avec fougue devant les autres Etats. Pourtant, un minimum de cohérence serait d'exiger des collectivités qu'elles participent activement à la politique de diversité culturelle dont nous avons vanté les mérites à l'Unesco. Pour le bien de l'Humanité et le nôtre, rien de plus simple que d'imposer aux collectivités de respecter, sur leur terrain, les engagements que nous avons pris à l'international. Notamment l'article 2 de la Déclaration de 2001 : « Dans nos sociétés de plus en plus diversifiées, il est indispensable d’assurer une interaction harmonieuse et un vouloir vivre ensemble de personnes et de groupes aux identités culturelles à la fois plurielles, variées et dynamiques. Des politiques favorisant l’inclusion et la participation de tous les citoyens sont garantes de la cohésion sociale, de la vitalité de la société civile et de la paix. Ainsi défini, le pluralisme culturel constitue la réponse politique au fait de la diversité culturelle. Indissociable d’un cadre démocratique, le pluralisme culturel est propice aux échanges culturels et à l’épanouissement des capacités créatrices qui nourrissent la vie publique. »
A mon sens, imposer une telle perspective d'action culturelle au plan local aurait été de sage précaution dans le climat politique de repli sur soi qui se dessine devant nous.
Je conclus sur la nécessité économique qui accompagne toute politique publique de la culture. Il est normal que les acteurs « culturels » défendent leurs intérêts particuliers mais ce que nous apprennent les négociations internationales sur la diversité culturelle, c'est que la bonne économie de la culture ( celle qui vend bien de « bons » comme de « mauvais » films/livres/jeux vidéos/..) ne fait pas nécessairement une « bonne » humanité. La Déclaration d'Hangzhou de mai 20134 nous l'a redit : au niveau mondial, le premier enjeu culturel public est de « Mobiliser la culture et la compréhension mutuelle pour favoriser la paix et la réconciliation : dans le contexte de la mondialisation, et face aux défis et tensions identitaires qu’elle peut créer, le dialogue interculturel et la reconnaissance et le respect de la diversité culturelle peuvent forger des sociétés plus inclusives, stables et résilientes. »
J'ajouterai, comme le fait la Déclaration d'Hangzhou, que la créativité et l'économie culturelle s'en porteront mieux, sans perdre au passage les exigences éthiques de solidarité et de dignité qui sont consubstantielles à la diversité culturelle.
L'Unesco doit en être le garant dans la négociation mondiale sur les objectifs du développement post 2015 mais le législateur national devra, aussi, y prendre sa part au moment des discussions sur le redécoupage des territoires.

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Billet de blog 30 juin 2014
