Le MRAP est non woke!
Le MRAP - Mouvement contre le Racisme et l'Amitié entre les Peuples - est certes historiquement "éveillé" et tient à le rester mais n'est pas woke mais pas spécialement anti-woke ou anti-wokiste En fait tout dépend de ce qu'on y met dedans et de façon juste (hors quelques cas avérés) et fiable (cf la fameuse attaque ratée contre Michel Wieworka - en note 1). Le spectre est plus ou moins large. Il y a des excès, des dérives mais il faut distinguer.
Ce texte pose des caractéristiques d'une organisation antiraciste française mais ne prétend pas être une réponse définitive à la question de la réplique anti-wokiste . Le wokisme apparait comme une sorte de légende urbaine mais venue des élites, elle attaque (avec des polémiques y compris sur Médiapart Club). Il s'agit plus d'une cpremière ontribution au cas ou , si la question se pose, en interne au Mrap ou en externe (dans l'altermondialisme par exemple).
Qui est le MRAP ?
1 - Le MRAP présente deux caractéristiques fondamentales qui font qu’il ne relève pas du wokisme sans être explicitement antiwoke. Le MRAP est un mouvement historique qui s’oppose toujours
- à toutes les formes de racisme (cf son congrès de changement de nom de 1977)
- sans référence identitaire (ou "raciale" ou communautaire)
Ces deux points classent le MRAP dans la sphère de l’antiracisme universaliste, et pas dans un néo-antiracisme identitaire.
2 - Le MRAP est aussi antifasciste, anticolonialiste, internationaliste, altermondialiste
d'où quelques particularités historiques qui complètent sa définition:
1) Un souci constant d'aller vers l'égalité réelle, pas simplement une égalité formelle qui laisse individus et territoires dans la misère par défaut de soins, de services publics
2) Un volet "amitié entre les peuples" qui lui donne un aspect internationaliste, plus celui des peuples que des Etats !
3) Une ouverture altermondialiste pour un "autre monde possible" depuis l'été 1998.
4) Un positionnement nettement anti-nazisme, anti-pétainiste et antifasciste historique qui part de sa naissance en 1949 : il a rejoint le Nouveau Front Populaire (NFP - sans se préoccuper de défendre tel.le ou tel.le candidat-e et pas un-e autre) de juin 2024 contre la montée du RN qui n'a pas rompu ses liens historiques et idéologiques avec le FN
5) Un positionnement anticolonialiste, avec renouvellement de l'antifascisme après la fin de la guerre d'Algérie et la montée de l'OAS et du FN crée en 1972.
6) Il s'intéresse au postcolonial sans être décolonial : la critique mélange deux notions séparées.
7) Une défense du peuple palestinien sans soutien du Hamas mais avec un fort souci d'aller vers la paix face au génocide de Netanyahou contre Gaza, adultes, femmes, enfants.
8) Un souci d'aller vers la paix au profit des ukrainiens attaqués par Poutine sans passer par une surenchère guerrière
II
Précisions complémentaires à ce cadre général
1) "Toutes les formes de racisme" combattues signifie donc l’antisémitisme, l’islamophobie (avec droit de critique de l’islam et de sa dérive distincte: l’islamisme), la négrophobie, la romophobie (le plus fort racisme en France), l’anti-tziganisme, le racisme anti-arabe et sa variante anti-maghrébin très portée dans les années 1962 à 1983 (année de la Marche dont j’ai parlé en conférence l’an dernier)
2) "Pour un autre monde possible » le MRAP participe, de près ou de loin selon les périodes, d'une part aux Forum Sociaux soit continentaux (FSE) soit mondiaux FSM (et j’en ai suivi plusieurs pour ma part ) soit au Conseil des Fondateurs d’ATTAC qui est l’association altermondialiste de naissance, même si d'autres existaient avant comme le CADTM (dont je suis aussi adhérent).
3) La critique des intégrismes religieux : L' antiracisme universaliste permet plus aisément que le néo-antiracisme identitaire la critique de l’intégrisme religieux sous toutes ses formes, celle du Hamas comme celle active dans le monde musulman en général mais aussi chez les autres religions ou il n'y a pas à se taire : voir ici sur Médiapart mon "I comme intégrisme" (1). J'y rappelle la critique de l’intégrisme religieux haredim comme musulman qui est sexyphobe et sexoséparatiste. La référence à un intransigeantisme religieux y est noté. Il n'y a pas à confondre une interprétation intégriste et rigide qui sert un autoritarisme d'une interprétation tolérante et souple.
Cette critique de ces sub-cultures réactionnaires et intégristes voire violentes n’empêche pas de voir que c'est le peuple palestinien qui le peuple dominé et colonisé et que l'on ne veut pas donné ici prétexte à division et à une ouverture aux forces foncièrement destructrice israélienne, forces autrement puissantes. Ce n’est pas là une contradiction mais une hiérarchisation de la nuisance entre un terrorisme de victimes (du colonialisme et du racisme d'Etat) et un lourd terrorisme d'Etat dominant, Etat par ailleurs soutenu par ne nombreuses classes dirigeantes occidentales.
4) La critique du privilège blanc. Le nouvel antiracisme racialiste et identitaire postule un « privilège blanc » et met en opposition systèmatique les « non blancs » contre les « blancs » . Le MRAP ne défend pas ce clivage racial. C’est là une perversion racialiste et identitaire de l’antiracisme. Pour le MRAP, il n’y a pas de privilège blanc mais les blancs ne font pas partie des groupes massivement victimes de discriminations comme l’avance le RN et d'autres en sortant quelques rares vidéos. Tout au plus peut-il y avoir des insultes de type « sale blanc » , tout comme on peut avoir « sale français » . Mais ce sont là des phénomènes mineurs, qui peuvent parfois déboucher sur des violences qui relèvent alors d'une sanction pénale adaptée.
5) Le racisme dans la police et les interpellations policière au faciès font objet de critiques du MRAP et d'autres associations comme la LDH qui ne sont pas suspectes de wokisme. On sait que la police est forte de nombreux membres du RN. Les "affaires" ne manquent pas.
6) Sans vouloir mettre de l'intersectionnel partout et hors de propos il faut quand même voir ce que d'aucun-es refusent à savoir qu'il existe bien des discriminations croisées entre classisme, sexisme et racisme. Le rapport de la CNCDH, organe sérieux non suspect de wokisme cite les travailleuses dans les services à la personne.

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III
Autres aspects plus personnels
Au Mrap on use pas du langage inclusif mais Attac le fait globalement et personnellement je l’utilise "d’une façon légère". J'indique par exemple homme(s) et femme(s) pour ne pas oublier les femmes mais pour éviter "iels".
Je dis souvent "adelphiquement" à la fin d'un texte : est-ce trop woke ou juste un peu et çà va ?
Dans mon ex-administration (dont je suis retraité) on ne disait plus Mademoiselle depuis quelques années déjà par égalité avec les "damoiseaux" non cités, mais plus récemment on ne dit plus non plus Madame, Monsieur, mais simplement bonjour en tête des textes officiels pour respecter les « non binaires » . Donc je fais ainsi mais pas toujours : adaptation au contexte.
Christian Delarue
MRAP 35
Note
1) Il faudrait, une fois encore, disposer de propos fiables ce qui n'est pas toujours le cas : voici une réponse de Michel Wieviorka a un texte d'accusation signé par une quinzaine d'intellectuel.les (Isabelle BARBÉRIS, Florence BERGEAULT-BLACKLER, Jean-François BRAUNSTEIN, Jean-Marie BROHM, Daniel DAYAN, Michel FICHANT, Nathalie HEINICH, Pierre JOURDE, Laurent LOTY, Gérard RABINOVITCH, Pierre-André TAGUIEFF, Véronique TAQUIN, Pierre-Henri TAVOILLOT, Pierre VERMEREN, Yves Charles ZARKA, ) ayant oublié de vérifier voir ne se souvenant même pas - simplement de mémoire - de la date de naissance des Indigènes de la République avant d'accuser une "indigéniste" à une époque bien antérieure a cette naissance : Etc Ect
Il y a aussi à noter la bérézina d'un colloque avec des intellectuels enfin pas tous
2) Abécédaire citoyen du club : I comme intégrisme religieux
https://blogs.mediapart.fr/edition/abecedaire-citoyen-du-club-2024/article/090824/i-comme-integrisme-religieux