SEXYPHOBIE : retour sur une définition .
La sexyphobie est pour l'essentiel un autoritarisme patriarcal contre les femmes trop peu couvertes, souvent issu d'un intégrisme religieux
Confusion sémantique : Mon contradicteur, Kamal 88 ici (mais un autre individu de son courant religieux dirait la même chose) se trompe dans sa définition très élargie de sexy (au-delà de attirance sexuelle ) et de la sexyphobie (haine et rejet de ce qui est jugé trop sexy).
Cet échange vient de commentaires sous l'article de la rédaction de Médiapart concernant l'agression de Samara ou était contestée le propos lu ailleurs : "Ces derniers temps, Samara était victime de harcèlement au quotidien au sein du collège. "Samara se maquille un peu. Et cette jeune fille (qui a agressé Samara ndlr) est voilée. Toute la journée, elle la traitait de kouffar, qui veut dire mécréant en arabe. Ma fille, elle s'habille à l'européenne. Toute la journée, c'étaient des insultes, on la traitait de kahba, ça veut dire p*te en arabe. Ce n'était plus vivable physiquement et psychologiquement", affirme Hassiba. " Europe 1 ici. On a là une description - vraie ou fausse ce n'est pas le sujet de l'échange - de ce qu'est une agression sexyphobe répétée par l'intégrisme religieux. La seule certitude c'est l'existence réelle de ce genre d'agresseurs sexyphobes .
Et il se trouve que KAMAL 88 en donne au fil de l'échange, tous les arguments expliquant une telle atttitude sexyphobe sous couvent de Science islamique. Militant antiraciste MRAP mais sans complaisance avec les intégrismes religieux, que je connais bien, je me dois de montrer et réfuter sa position. Reprenons sa "définition" de sexyphobie
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KAMAL 88 donne dans ce long texte sa définition trop large
Il écrit (copié-collé de "collégienne montpellier - commentaire sur mediapart - ) : "Le néologisme "sexyphobe" est une posture propagandiste d'aversion ou peur taxée injustement d'irrationnelle envers la sexualité ou tout ce qui est considéré comme sexuellement attractif : la scatophilie, la zoophilie, la nécrophilie, la pédophilie, l'inceste... et tout ce que l'imaginaire satanique peut inspirer d'attirances sexuelles dégoutantes et immorales !!! - Ce néologisme est formé en combinant le mot "sexy" avec le suffixe "-phobe", qui signifie "peur" ou "rejet". Dans le contexte de la Moralité Religieuse, c'est une notion qui s'oppose à la Pudeur et aux Valeurs Religieuses du Mariage et du Respect de la Chasteté hors mariage.
Là où la sexualité devrait être encadrée par des normes de Moralité et de Pudeur - comme en Islam, dans le christianisme, le judaïsme et d'autres religions... jusque dans la Saine Nature -, la sexualité est considérée comme Sacrée et doit être exercée dans le Cadre d'un Mariage Légitime. La Procréation et une Vie Sexuelle Epanouie au sein d'une relation conjugale sont Encouragées et Valorisées... et non une fin mécanique bestiale instrumentalisée et déshumanisante en soi !
Le terme "sexyphobe" nourrit une obsession maladive pour une attitude négative envers la sexualité elle-même, sans nécessairement distinguer entre les expressions Saines et les comportements Déviants. Par culpabilité, jalousie et défiance, cette attitude dégénère nécessairement en stigmatisations et discriminations, en particulier contre ceux qui Adhèrent aux Normes de Pudeur Religieuse.
En effet, la sexualité humaine est un aspect Naturel et Fondamental de l'Existence, et les Enseignements Religieux ne cherchent pas à la réprimer mais plutôt à la Canaliser dans des Voies Moralement Justes et Vertueuses. L'opposition à la sexualité elle-même, telle qu'impliquée par le terme "sexyphobe", est donc un biais stigmatisant qui ne tient aucun compte des Nuances des Perspectives Religieuses sur la Sexualité Saine qui est autant un Acte de Foi que de Justice Sociale.
Plutôt que de promouvoir une sexualité mécanique, bestiale, débridée et immorale, les Religions prônent la Modération, le Respect Mutuel et la Valorisation de la Relation Conjugale comme Cadre Approprié pour l'Expression de la Sexualité. Ainsi, le néologisme "sexyphobe" est biaisé et stigmatisant caricaturant et dévalorisant de façon subjective les Normes de Pudeur Religieuse en les présentant faussement comme Irrationnelles et Oppressives - comme si faire du mal aux gens ou Désobéir à Dieu étaient des Libertés appréciables et qu'on pouvait promouvoir : alors que l'athéisme promeut l'abandon de TOUTE MORALE au profit du seul plaisir de la chaire quel qu'il soit -, quand la Religion visent plutôt des Relations Saines, Epanouissantes et Génératrice de Droits et de Devoirs pour les Parties Engagées."
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Réponse
La sexyphobie n'est qu'une variété de violence sexiste . Est sexyphobe une personne qui veut IMPOSER - par harcèlement ou chantage ou menace ou violence - une vestimentation couverte à autrui, à des femmes surtout et ce au nom de la religion et d'une hyper-pudeur de référence. Rien à voir avec la sexualité proprement dite ou le mariage ou la chasteté, etc comme dans le passage ci-dessus qui mélange tout.
Ce sont des hommes mais aussi des mères dans le cadre familial qui jouent ce rôle de " police du vêtement " en voulant imposer la pudeur comme KAMAL 88 le dit en conformité, pour lui, avec la Science Islamique. C'est une imposition autoritaire anti-libérale et oppressive qui n'est d'ailleurs pas propre à ce type d'intégrisme religieux. Les juifs haredim sont tout aussi sexyphobes et sexoséparatistes que les intégristes musulmans ou ceux catholiques jadis.
Les femmes doivent pouvoir - au moins dans le principe général (qui peut connaître des exceptions) - s'habiller librement de très découverte (mini-jupe et décolleté voir seins nus sur les plages) à très couvertes (voile couvrant tout le corps ).
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Pour aller plus loin
Résidus de sexyphobie et "décennie noire" algérienne
Il y a en France des intégristes musulmans sexyphobes qui ont partagé, jeunes ou vieux barbus, la haine maladive et féroce des femmes trop peu couvertes de la "décennie noire algérienne" , la décennie meurtrière mais aussi sexiste, qui a débuté en janvier 1992, juste après la fin de l'URSS (décembre 1991).
Je m'y suis intéressé car j'y étais allé lors de l'été 1990, juste avant la Guerre du golf (Desert Storm) et j'ai participé ensuite à Rennes pendant quelques années, à un groupe LCR agissant en solidarité avec le peuple algérien coincé entre deux autoritarismes, celui des militaires d'une part et celui des terroristes islamistes d'autre part et parmi eux les intégristes sexyphobes et sexo-séparatistes car l'on voyait massivement les hommes dehors et les femmes au foyer. Ce n'était pas qu'une suite d'une culture patriarcale ancienne car il n'en pas toujours été ainsi . Il s'agissait d'une pratique issue d'un contre-mouvement réactionnaire très oppressif . A Tlemcen c'était flagrant déjà avant puisque j'y étais lors de l'été 1990.
Il y a une différence à faire entre islamisme et islam. Car il existe des interprétations plus tolérantes, moins patriarcales de cette religion, comme d'ailleurs pour d'autres religions qui furent oppressives contre les femmes. Donc pour moi aucun amalgame est possible. Or c'est chose fréquente à l'extrême-droite voire à droite.
En France les intégristes sexyphobes sont une petite minorité donc aucune islamophobie aucun racisme anti-musulman n'est possible par amalgame. Ce serait comme si on confondait des juifs fasciste défenseurs d'Israel génocidaire avec des juifs de liberté, d'égalité et de dignité.
Diversité des interprétations et des pratiques
Faire comme si la pratique de l'islam n'était pas diverse, comme si dans une religion, celle-là ou un autre, il n'y avait pas d'intégristes d'un côté et des croyant-es plus tolérantes de l'autre relève du dogmatisme qui participe de la montée de l'extrême-droite islamophobe, du type de celle que l'on a vu venir sur Callac. Pour eux il n'y a qu'un islam et il est totalement oppressif et nuisible. En fait ils procèdent par généralisation et amalgame et ils prennent les musulmans les plus réactionnaires comme représentant l'ensemble de la communauté musulmane.
KAMAL 88 a répondu ceci
"Qu’il s’agisse d’une croix, d’un voile, ou d’une kippa : la loi dispose que chacun est libre de croire ou de ne pas croire et de manifester ses convictions, religieuses ou autres, espace public compris, à partir du moment où cette manifestation ne porte pas atteinte à la liberté d’autrui ni à l’ordre public."
J'ai dit OK : Nous sommes d'accord ici : pas de racisme.
D'ailleurs je pars de Rennes manifester à St Brieuc ce 21 avril contre toutes les formes de racisme, contre la fascisation du pays.
Sauf exceptions - comme la loi du 15 mars 2004 et d'autres exceptions encore - il existe en France le principe de liberté de se couvrir mais aussi de se découvrir comme on veut. Ce principe connait évidemment des exceptions ou des limites tant pour le trop couvert (visage) que le trop découvert (pas nu) !
Qu'une femme donne le sein en public à son bébé n'est pas choquant . C'est autorisé !
Le string seins nus en bord de piscine ou sur plage est toléré en France. La police en France n'use pas de son pouvoir de pénalisation . En tout état de cause, il importe surtout de cacher partout son "organe sexuel primaire" (son sexe masculin ou féminin) sauf zone de nudisme ! Dans l'Espagne de Franco le nudisme sur plage à part était réprimé.
Sur intégrisme religieux :
Christian DELARUE
co-auteur de "Urgence antiraciste - pour une démocratie inclusive" avec ce chapitre en vignette
Ouvrage inter-associatif coordonné par Martine Boudet et publié aux éditions du Croquant (mars 2017)
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