La lecture du dernier parti pris d'Edwy Plenel me laisse un peu songeur. Certes, ce que j'apprécie chez Mediapart, c'est qu'ils sont peu susceptibles d'être des antisarkozystes devenus des hollandolâtres, mais n'est ce pas un peu facile de déclarer "À gauche et à droite, certains sans doute souriront à la lecture de ce constat d’une déception plus rapide que nous ne l’aurions jamais imaginé. Mais, à trop savoir tout par avance, ancrés dans la certitude de leurs convictions, ils oublient peut-être que l’histoire n’est jamais écrite, qu’elle est toujours ouverte, qu’elle est tissée de bifurcations et de discordances." ? Pour résumer, et pour couper court à tous ceux qui auraient pu dire "on vous l'avait bien dit", il déclare par avance "oh, on avait le droit de rêver, vous êtes pénibles vous qui croyez avoir toujours raison, surtout quand vous avez raison"... C'est mignon, et nonobstant le style d'écriture, ce genre d'arguments pourrait être retrouvé dans des disputes de collège ou d'école primaire...
Mais ce n'est pas le sujet. Edwy Plenel souligne en effet quelque chose que je me veux de n'avoir pas remarqué plus tôt sur le PS au pouvoir. Il s'agit de l'action de confiscation de la parole. En effet, ces messieurs ont été élus. Il se trouve même que, face au péril Sarkozy, de mauvaise grace, moi ausi j'ai fini par voter pour eux, au second tour. 3,28% d'écart au final, c'était pas grand chose... Mais voilà, depuis lors, ils appliquent le principe du despote éclairé (?) : on est de gauche, (on est même LA gauche, le reste, prsshshshshs) donc on sait exactement ce qu'il faut faire, donc, s'il vous plait, ayez l'amabilité de vous taire. D'ailleurs, si vous pouviez ne pas exister, les gens de gauche en désaccord avec nous, on vous en saurait gré. Il n'y a qu'à voir la morgue avec laquelle messieurs Ayrault (on rentre du boulot !) et Sapin ont répondu aux critiques fort bien placées de Mélenchon... Toujours la bonne vieille méthode "tout sur la forme, rien sur le fond".
Mais le pire, c'est le traité d'austérité européen que le PS entend nous faire passer, sans nous demander notre avis, quand près des trois quarts de la population voudraient un référendum sur ce traité qui est quand même quelque chose d'assez important... Et bien le PS a dit non. En effet, la démocratie, c'est vous votez pour nous, et vous la bouclez. Et si jamais, au sein de la majorité présidentielle, ou même au sein du PS, certains voudraient voter contre, ou même ne serait-ce que créer une discussion à ce sujet, et bien, c'est niet et niet. Heureusement, il en reste quelques uns qui ont un peu de courage.
Idem pour le nucléaire : si l'on peut un peu emmerder les écolos et bien faisons le. Et surtout, surtout, ne débattons pas du nucléaire en France. Bah oui, quelle idée ? Après tout, si la droite ne fait pas de débat, pourquoi nous, le PS, qui avons tout compris, devrions nous en faire, hein ? Puisqu'après tout, nous avons tout compris ? Taisez vous, svp.
Idem pour leur démocratie interne : prière à tout le monde de bien vouloir signer cette unique motion dont la tête de liste qui deviendra automatiquement (c'est statutaire) premier secrétaire sera démocratiquement désignée par les militants PS Martine Aubry. Les autres, s'il vous plait, bouclez là... Mais créez un consensus autour de ce que j'ai décidé.
Bref, comme disait un illustre blogueur, mon rêve, c'est très probablement de "Museler tous les socialistes pour pouvoir incarner toute la gauche, la vraie." Il a raison, c'est peut être vrai. Mais s'il lisait la bible (comme quoi on n'y trouve pas que des idioties, même si, en tant que mécréant, je ne l'ai pas lue), il se dirait, que, peut être, ce rêve, en fait, c'est celui des dirigeants PSocialistes...