Contrairement à tant d’appels à des primaires, citoyennes ou pas, il s’interroge sur le rôle même de la présidentielle et, plus généralement, sur les institutions.
Voir https://www.change.org/p/citoyennes-et-citoyens-de-france-pr%C3%A9sidentielle-non-constituante-oui
J’avais déjà formulé cette interrogation dans un article du Monde diplomatique de Mars 2007 intitulé « Changer de Président ou changer de Constitution » : Voir ci-dessous
C’était en mars 2007. Deux présidentielles ont eu lieu depuis lors avec leur lot de déceptions et de frustrations. Combien d’autres en faudra-t-il pour qu’on s’attaque sérieusement au vrai sujet : la refondation de la démocratie ?
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Changer de Président ou changer de Constitution
Le monde diplomatique, Mars 2007
« On sait que » fait partie des affirmations que nous infligent quotidiennement les porte-parole de la pensée officielle. Nous sont ainsi imposées, sondages à l’appui, de prétendues évidences, y compris sur ce que nous pensons avant même que nous ayons pu y réfléchir !
« On sait », par exemple, que les Français sont fortement attachés à l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Pourtant, les résultats électoraux, depuis le premier scrutin de ce genre en 1965 jusqu’à l’élection de 2002, permettent d’en douter. Le taux d’abstention au premier tour de la présidentielle est passé de 15,3 % à 28,4 %.
« On sait » aussi que les Français apprécient l’équilibre des pouvoirs instauré par la Constitution de la Ve République. Pourtant, lors du référendum du 24 septembre 2000 destiné à réduire la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans, affaiblissant ainsi le rôle d’arbitre du chef de l’État, 30,2 % seulement des électeurs se sont déplacés, parmi lesquels près de 2 millions ont voté blanc ou nul.
« On sait », enfin, que l’« onction » du suffrage universel direct et l’importance des pouvoirs confiés au président ont mis fin aux errements des systèmes parlementaires antérieurs. En fait, cette assertion, comme les précédentes, relève plus de la propagande que d’une analyse sérieuse. Les pratiques démocratiques se sont dégradées, et les élections représentent davantage des gestes de soumission que des actes de liberté. Cette dérive découle en grande partie des principes constitutionnels adoptés en 1958 et renforcés en 1962 par l’élection du président de la République au suffrage universel direc [1], entérinée par référendum (62 % des électeurs représentant 46 % des inscrits votèrent favorablement).
Demander aux Français s’ils sont favorables à l’élection du président de la République au suffrage universel direct revient à tenir pour acquis qu’ils apprécient positivement la place que celui-ci occupe dans les institutions de la Ve République et qu’ils s’accommodent, grâce à ce scrutin, des dérapages bien peu démocratiques qu’elle entraîne.
Pour imposer une telle vision politique, une propagande intense a été mise en œuvre, depuis les débuts de la Ve République, dans le but de déconsidérer les régimes parlementaires et d’imposer l’idée d’un président arbitre, légitimé par le peuple, mais irresponsable devant les assemblées.
Pour lire la suite, cliquer sur http://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article130 .