Depuis 2016, l’association Antidote Europe tire la sonnette d’alarme sur des recherches faites au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) à Fontenay-aux-Roses dans le département des Hauts-de-Seine (1). Les alertes d’Antidote Europe concernent les risques possibles pour la population tout comme l'intérêt supposé d'expériences faites sur des singes pour la santé humaine. Alertes d'autant plus justifiées quand on apprend que l'Idmit (Modèles de maladies infectieuses pour des thérapies innovantes), l'infrastructure de recherche préclinique créée en 2012 au sein du CEA, a fait basculer 70 % de son activité sur le COVID-19 (2).
À Fontenay-aux-Roses, la recherche en physique nucléaire au sein du CEA est en cours de démantèlement. En revanche, l'Idmit, qui compte aujourd'hui 80 scientifiques, s'est doté en 2018 de locaux érigés à la place d'un ancien réacteur nucléaire pour 47 millions d'euros. La structure avait pourtant vu le jour de manière discrète. En 2010, l’Institut Pasteur fermait son animalerie de singes. C’est le CEA qui a pris le relais et détient actuellement 400 singes macaques venus de l'Île Maurice. Certaines expériences impliquent d'infecter les singes avec des virus tels que ceux du SIDA ou de la COVID-19 ou avec des bacilles de la tuberculose ou de la coqueluche (2). A priori, rien n’empêcherait le CEA d’infecter des macaques avec la variole du singe...
Combien d’habitants de Fontenay-aux-Roses et des communes avoisinantes le savent ? Des responsables du site affirment que l’information a été diffusée par voie de communiqués de presse et de dossiers consultables en mairie, mais reconnaissent qu’il n’y a pas eu d’enquête publique sur l’acceptabilité de ces recherches par la population riveraine, située à moins de 50 m des bâtiments du CEA, dont un laboratoire de biosécurité de catégorie P3 (le niveau de sécurité maximum étant la catégorie P4) (3). Or, plusieurs laboratoires de ce type existent dans le monde et des “fuites” d'agents pathogènes se sont déjà produites (4). Ces recherches sont aussi dangereuses pour le personnel : l'INRAE vient d'admettre que les décès de deux ex-chercheuses par la maladie de Creutzfeld-Jakob, dont un à Toulouse en 2021, étaient bien liés à des accidents de laboratoire (5).
Nous avons tous entendu parler du vif débat au sujet de l'origine du virus de la COVID-19 : aurait-il pu s'échapper d'un laboratoire ? Certains scientifiques sonnent l’alarme de leur côté pour avertir que la recherche sur les virus va trop loin, notamment quand on en vient au « gain de fonction », c’est-à-dire à des manipulations génétiques délibérées visant à rendre des virus ou autres agents pathogènes beaucoup plus infectieux et transmissibles à l’homme.
Au sein du CEA, à Fontenay-aux-Roses, l'Idmit semble se concentrer sur la recherche de "modèles" animaux de maladies infectieuses et sur des essais précliniques (essais de candidats médicaments) sur ces animaux. N'est-ce pas suffisant pour mettre en danger les riverains et même la population en général ? Faut-il qu'un accident se produise pour regretter de ne pas avoir fait cesser à temps ces recherches ?
Références bibliographiques
- https://antidote-europe.eu/des-virus-au-cea/
- https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/05/14/des-singes-a-l-homme-roger-le-grand-traque-les-infections_6126121_1650684.html
- https://www.jfdumas.fr/Pour-rendre-malades-des-animaux-macaques-et-rongeurs-de-dangereux-virus-OGM-vont-etre-fabriques-au-CEA-de-Fontenay-aux_a346.html
- https://www.lefigaro.fr/sciences/2007/08/07/01008-20070807ARTWWW90356-fievre_aphteuse_le_laboratoire_fortement_soupconne.php
- https://www.leparisien.fr/faits-divers/maladie-de-creutzfeldt-jakob-linrae-reconnait-la-mort-dagents-probablement-contaminees-par-des-accidents-de-laboratoire-17-03-2022-QYZ7KF75RRDXFPAIJZNNX5HTJE.php#:~:text=L'Inrae-reconnu-que-aucune-indemnisation-des-familles