Il existe actuellement une pétition sur le site du Sénat intitulée « Utilisation des méthodes non-animales dans la recherche et la réglementation : demande d’une mission d’information ».
Lien vers la pétition : https://petitions.senat.fr/initiatives/i-1254
Cette pétition concerne tous les citoyens et non seulement les militants impliqués dans la cause du bien-être animal pour des raisons qui seront détaillées ci-dessous. On peut comprendre que les gens puissent se sentir découragés à l'idée de signer une énième pétition sans garantie de résultat. Pourtant, cette pétition n'est pas comme les autres dans la mesure où son but, obtenir une mission d'information parlementaire, serait du jamais vu en France par rapport à l'expérimentation animale.
Une mission d'information pourrait servir à répondre aux questions suivantes :
- Pourquoi la France utilise-t-elle 20 fois plus d’animaux dans le cadre de l’enseignement et de la formation que le Royaume-Uni ?
- Pourquoi la France reste-t-elle la « championne européenne » de l'utilisation de lapins pour les tests pyrogènes (39 % de ces tests sont réalisés en France) alors qu’il existe plusieurs méthodes alternatives ?
- Pourquoi la France est l’un des derniers pays européens à utiliser la méthode de l’ascite sur des souris pour produire des anticorps monoclonaux ? Sur 37 000 procédures réalisées dans 6 États membres en 2019, près de 36 000 ont eu lieu dans les laboratoires français ! Cette méthode classée « sévère » entraîne de grandes souffrances pour les animaux. Or, des méthodes sans animaux existent depuis plus de vingt ans.
Une mission d’information pourrait également inciter l’industrie pharmaceutique à remplacer les essais de toxicité classiques requis par la réglementation par des technologies dignes du 21ème siècle et désormais disponibles. Le grand public, de même que les actionnaires de l’industrie pharmaceutique, ignorent la face cachée des tests précliniques sur des animaux, principalement des rats, des chiens et des singes. L’exigence réglementaire de tester sur des animaux les médicaments destinés à l’usage humain date de 1946. La science et la technologie ont évolué depuis à pas de géant, mais la loi est restée la même.
En 2004, la haute autorité de sécurité sanitaire aux États-Unis (la FDA) a révélé que 92 % des médicaments entrant dans les essais cliniques après les tests sur des animaux ne sont pas approuvés, par manque d’efficacité ou suite aux effets indésirables graves ou mortels non détectés lors des tests sur des animaux.
L’industrie pharmaceutique justifie encore les tests sur des animaux en nous disant qu’elle prend en compte les « méthodes alternatives » sans préciser lesquelles. Il est important de signaler que même si l’industrie utilise certaines « méthodes alternatives », celles-ci précèdent les tests sur des animaux mais ne les remplacent pas. Pour cela, il faudrait que l’industrie se mobilise pour promouvoir les tests sans animaux auprès des agences de réglementation. À ce jour, elle ne l’a pas fait, malgré tous les progrès scientifiques accomplis depuis 1946.
L’industrie pharmaceutique est tout à fait au courant des technologies du 21ème siècle, tels les organes sur puce d’origine humaine. Cependant, elle peut choisir les tests sans animaux dont elle se servira. Le public est laissé dans le flou, ne sachant pas quels tests sans animaux sont utilisés et lesquels sont ignorés, puisque cela relèverait du secret commercial.
Prenons l’exemple du foie humain sur puce. Ce dispositif remarquable a réussi en aval à identifier quasiment à 100 % les médicaments retirés du marché suite aux effets indésirables liés au foie chez l’homme, bien que ces médicaments aient passé les tests sur les animaux requis par la réglementation. Pour l’industrie pharmaceutique, ce dispositif est à double tranchant, dans le sens où il pourrait mieux identifier les effets indésirables de nouveaux médicaments mais également réduire de façon importante le nombre de molécules-candidates en cours de développement. Le patient serait gagnant mais le chiffre d'affaires des industriels pourrait s'en ressentir.
Enfin, une mission d’information pourrait étudier le rapport « coût-bénéfice » de la recherche fondamentale (la curiosité scientifique) en termes de souffrance animale versus progrès médical d'un point de vue sociétal et pas uniquement déontologique (les comités d’éthique). Actuellement, d’une perspective méthodologique, les chercheurs n’ont pas besoin d’apporter des preuves que leur étude impliquant des animaux est pertinente pour la santé humaine. Il suffit de répondre au principe des 3Rs (Réduction du nombre d’animaux, Raffinement de la technique expérimentale pour atténuer la souffrance animale et Remplacement des animaux par d’autres moyens). La Directive européenne relative à l’utilisation des animaux à des fins scientifiques et le code rural français n’exigent en aucun cas de prouver que l’animal est un modèle ayant une valeur prédictive pour l’homme. Ainsi les chercheurs peuvent très facilement passer outre le R de remplacement. Il s’avère également qu’il est plus facile sur le plan administratif d’obtenir une autorisation d’utiliser 100 rats que d’utiliser des déchets chirurgicaux humains destinés à l’incinération.
L'expérimentation animale, dans tout ce qu'elle a de contraire aux principes scientifiques et éthiques, perdure à cause de l’ignorance du contribuable et de l’ignorance de nos élus. Une mission d’information sera un premier pas vers une meilleure prise de conscience quant à la souffrance animale inutile et les pratiques contestables de l’industrie pharmaceutique et de la recherche académique, pratiques liées aux mauvaises anciennes habitudes. Il est temps d’accepter que le vent tourne…
Vite ! Avant le 30 avril, signons la pétition : https://petitions.senat.fr/initiatives/i-1254