L’ invention du milliard d’euros d’Etat.
La Vème République évidemment. Aucune autre avant elle n’avait dénaturé à ce point l’univers des courses hippiques. La collecte des paris transformée en machine à perception d’une hippotaxe ‘populaire’. Aucun régime, jamais auparavant depuis 1891, n’avait forcé les prélèvements au-delà du Taux légal de 14 %. En une décennie, les ministères Debré et Pompidou taxeront les joueurs à plus de 30 %. Et les quatre décennies suivantes les ministères socialistes et conservateurs les maintiendront toujours au-dessus des 25 % et, par le ‘recyclage des gains’, inciteront toujours plus les parieurs à jouer.
La Loi du 2 juin 1891 ‘autorisait les courses de chevaux ayant pour but exclusif l’amélioration de la race chevaline’. Le décret d’application du 7 juillet de la même année prévoyait pour chaque société de courses une ‘quotité de prélèvement’ à fixer par ‘l’arrêté d’autorisation du Ministère de l’Agriculture’– 4% pour les Sociétés parisiennes et 7 % pour celles de province –, plus un prélèvement de 2 %, sur la masse des sommes versées au pari mutuel, ‘en faveur des œuvres locales de bienfaisances’, plus 1 % en ‘faveur de l’élevage’. Soit de 7 à 10 % maximum. A ce taux, les parieurs pouvaient gagner aux courses !
Innombrables, les décrets et paragraphes des Lois des Finances viendront tout au long du siècle et selon les circonstances (adduction d’eau, reconstruction d’après guerre...) faire évoluer ces prélèvements sur le dos des joueurs. Mais, ce qui était le Taux l’égal (la commission pour les Sociétés et l’élevage) donnait alors lieu à des suppléments de taux toujours affectés, c’est-à-dire justifiés pour une cause d’intérêt collectif dans l'esprit des œuvres locales de bienfaisances de la Loi originelle...
Le Taux légal était toujours en vigueur au début des années 70 – il est alors de 14 %, un taux virtuel de façade – ; un droit de Timbre de 2 % en décembre 1959 ; un Prélèvement Supplémentaire Progressif, 6.97 % sur les gains supérieurs à 2 francs, en mars 1960 ; un Prélèvement Spécial Progressif, 7.1 % sur les gains du Tiercé, en janvier 1964 puis porté à 11.83 % en janvier 1967 ; les bénéfices sur les ‘centimes’ versés au Trésor public en décembre 1966... Mine de rien, les prélèvements frôlaient déjà les 30 % !... avec un affichage public du Taux légal à 14 %.
Un beau matin, l’Etat jacobin fit fi de ce Taux légal ennuyeux et s’installa en lieu et place des sociétés d’œuvres locales de bienfaisances de la Loi de 1891 : Bercy accaparait ipso facto son milliard annuel sur les mises des parieurs voués aux pertes systématiques.
Un demi-siècle plus tard, le 5 mai 2015, l’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne révèle sur Evalujeu.fr que le système de jeu ne produit aucun gain net pour les parieurs sur le long terme. Un demi-siècle de silence trompeur, c’est ça la République de M. Hürstel !
La République jacobine et ses Principautés des courses...
A Vincennes, le comte de Bellaigue et ses hobereaux et ses manants. A Longchamp le baron de Rothschild et ses princes du Golfe et ses cooptés, ses grands bourgeois propriétaires et ses 'loquedus' des écuries en groupe.
Les Principautés des courses où les tenanciers de ses Bars-tabacs-PMU sont en colère, furieux de percevoir une commission de 2 % – sur les jeux des parieurs – de moins en moins rentable, quand la Française des Jeux leur donne plus du double. Tous les moyens pour se faire entendre leurs paraissent légitimes. Mais tordons le coup à l’imposture de ce prétendu Mouvement des ‘Parieurs’, censé les défendre, qui invite ses adhérents à organiser un..., ‘bookmaking’ clandestin (‘faire le book’, dixit eux ; c’est dire l’idiome d’arrière-boutique !) alors que dûment accrédité au seul pari mutuel !... Mouvement grossièrement poujadiste, en mal d’apparentements honorables qui le crédibiliseraient, cafetiers fichés correspondants de la police des jeux, l’absence de rappel à l’ordre des autorités de tutelle montre à quel point l’Etat n’en a que faire des gratouillements du monde des courses. L’audience de ce Mouvement est marginal et ne mérite qu’indifférence attristée face aux contre-valeurs qu’il rumine. Qu’il représente les cabaretiers, pourquoi pas ?... Les parieurs, assurément non !
Ce mardi 23 février, Roselyne Bachelot sur BFM.TV dénonçait le veto systématique du ministère des Finances à Bercy à la moindre augmentation du prix des cigarettes susceptible de freiner un tant soit peu le tabagisme. L’Etat finance volontiers les associations de prévention routière : les quatre mille morts (4 000) et les dizaines de milliers de blessés annuels des accidents de la route sont des victimes visibles. Les soixante-dix-huit mille (78 000) décédés annuels du tabagisme n’émeuvent que leurs familles. Quant aux centaines de milliers de parieurs accoutumés aux jeux hippiques – le plus pernicieux des jeux d’argent sous l’effet du recyclage – les princes des Principautés s’en occupent très bien au quotidien... Et puisque la machine à bâtir des enjeux s’essouffle, Berçy a délégué deux de ses jeunes énarques à la tête du PMU, MM. Hürstel et Renaudy-Bernard. Imaginer une seule seconde infléchir en quoi que ce soit ces hauts fonctionnaires de l’Etat est une sottise crasse !... L’Etat ne les a pas mandaté pour mener une hypothétique réforme du turf français.
Ils sont là pour le milliard d’euros... Le milliard englouti dans le trou abyssal de la dette publique, ces deux mille deux cents milliards d’euros (2 200 Md€) qui financent les frasques du microcosme de la gérontocratie jacobine..., les privilèges de millions de fonctionnaires contre-productifs à sa botte..., les investissements militaires et policiers, les projets immobiliers, sportifs et festifs pharaoniques, le remboursement d’un endettement de pays en banqueroute.
Le milliard prélevé sur les courses se disperse ici où là en de multiples suggestions financières opaques à tous les étages du mille-feuille administratif, si bien qu’il ne reste plus que quatre cents millions nets (400 Md€) a figurer au titre des ressources nettes des courses du budget de l’Etat. Ces 400 millions devraient revenir en urgence aux parieurs, puis en un second temps le milliard spolié, qu’enfin les courses dégagent un gain net pour les meilleurs d’entre eux. Un vœu pieu. Rien n’en sera, évidemment !
Quel avenir pour les chevaux du XXIème siècle ?
La stratégie du Plan PMU-2020 s’applique au renforcement du dispositif central, la capitale ville-monde et Longchamp (au moins 180 millions d’euros d’investissements en cours) et du réseau des Bars-tabac-PMU (130 millions d’euros)... Des centaines de millions d’euros pour perfectionner plus encore la machine à bâtir des enjeux. Un mouvement tentaculaire jusqu’au dernier village de campagne pour convaincre d’autres joueurs à rejoindre les parieurs sous influence..., pour encourager les ‘passionnés’ de chevaux par procuration à le rester..., pour remonter enfin l’argent de leurs paris vers la capitale. Le « but exclusif d’amélioration de la race chevaline » de la Loi de 1891, outre les 800 millions d’encouragements à la filière des courses, se limite à, seulement, quelques 20 millions d’euros annuels aux Fonds Eperon pour l’équitation. Une contribution qui serait revue à la baisse s’il ne tenait qu’aux dirigeants de l’Institution, tel qu’il ressort de leur rapport de juin 2015 aux ministres de tutelle.
Quid du cheval dans nos sociétés occidentales en pleine mutation ? Certes, le cheptel équin serait vigoureux – il y aurait un million de chevaux en France – ; son rôle se résume pour l’essentiel aux loisirs et aux divertissements de la jeunesse, fortement féminisée, dans les clubs équestres. Des établissements souvent fragiles, aux structures parfois déficientes, entièrement financés par les inscriptions payantes des enfants des catégories sociales les plus favorisées. Enfin, des lycées agricoles forment à l'utilisation du cheval pour certaines tâches spécifiques, ici le lycée de Bourgueuil en Indre-et-Loire : http://www.francetvinfo.fr/societe/education/vigne-un-cheval-de-trait-pour-remplacer-le-tracteur_1331683.html . Quant aux hippodromes, ils sont sans aucune activité pendant des mois et, si un seul sera fermé en 2016 – Combrée –, le retrait de 385 épreuves de leurs programmes de courses n’annonce pas une volonté de renforcement des activités équines en zones rurales. Pourtant une jeunesse, souvent désœuvrée en campagne, perpétue une tradition d’élevage équin, très souvent sans grands moyens financiers.
C’est ce tissu culturel qu’il s’agirait de vivifier en priorité. Par un financement sur les encouragements actuellement généreusement accordés aux Princes du Golfe (15% des allocations du Galop) ou encore de la petite cinquantaine d’écuries les plus récompensées (35 % ), tant et si bien que leurs grands propriétaires autofinancent leur passion équine, pendant que des milliers de petits propriétaires peinent à équilibrer leurs dépenses d’écurie. Puisque le niveau des enjeux du réseau des Bars-Tabac-PMU (7.240 Ms€) est revenu au niveau où il était en 2003/2004 (7.021/7.557 Ms€), les allocations devraient-être ramenées aux 550 millions d’alors (tenant compte de l’inflation) et les 250 millions dégagés en 2015 réaffectés à l’amélioration de la race chevaline par un soutien actif aux hippodromes locaux présentant des projets d’animations hippiques/équestres sur toute l’année civile. Totalement utopique, évidemment. L’idée en elle-même est inconcevable !...
Les parieurs soumis à l’hippotaxe.
Qui finance cette gabegie financière ? La foule des habitués de PMU.fr et des Bars-tabac-PMU suspendue entre terre et rêves de ses shoots hippiques.. Les lecteurs, qui voudront bien visionner l’interview de M. Xavier Hürstel sur Vox Pop d’Arte relèveront son usage intensif du qualificatif ‘populaire’. Le Président directeur général du PMU connaît parfaitement le public pris dans les mailles de l’accoutumance. Les classes populaires. Même s’il affirme sans rire que « toutes les catégories socio-professionnelles (C.S.P) sont présentent dans notre clientèle. » Un sigle du marketing les C.S.P. Parce qu’il s’agit de vendre du pari à partir d’une segmentation où l’on adapte l’offre de jeux à chaque besoin estimé de tel ou tel groupe d’individus.
Mais qui sont-ils ?... L’ARJEL a conduit une enquête sociologique sur une population de 400 répondants à un questionnaire qu’elle avait adressé aux joueurs en lignes pendant l’été 2012. A ce jour, elle est la seule étude disponible au public. Les conclusions d’une seconde série d’enquêtes, menées sur un panel de 150 000 joueurs, en juillet 2013, n’ont pas été communiquées.
La fracture générationnelle entre les différents types de joueurs, qui inquiète à juste titre les dirigeants de l’Institution, est une nouvelle fois mise en valeur. Les turfistes surabondent les classes d’âge vieillissantes et sont quasiment absents de celles de la jeunesse. Des ‘anciens’ qui disposent de temps et d’un peu d’argent, les retraités, où d’une aide financière, les chômeurs, ou encore des femmes à la maison..., ces joueuses choisissent de préférence l’hippisme, sans doute dans l’espoir d’un gain conséquent ou d’une petite rente régulière ; dans ces classes d’âge, ce sont souvent les femmes qui gèrent les finances familiales.
Les parieurs hippiques sont rien moins que des gens normaux. Leur profil cadre grosso modo avec la génération des baby-boomers. Avec une situation de fortune un peu en dessous de la moyenne, 53 % des turfistes sont propriétaires de leurs logements contre 58 % de la population. Et la surreprésentation de leurs habitants en zones rurales s’oppose au mouvement d’urbanisation des jeunes générations. Bien moins instruits que les jeunes– plus de cinquante pour cent des turfistes ont un niveau de formation inférieur ou égal au bac, contre Bac +2 pour les parieurs au sportif ou les joueurs de poker –, ils sont aussi plus de cinquante pour cent à déclarer une ressource supérieure à 2 000€ par mois, bien plus que les autres joueurs qui ne gagnent qu’entre 1 500 et 2 000 euros en moyenne. De fait, les turfistes dépensent aux jeux plus qu’aucun autre type de parieurs ; de 100 à 500 € mensuels pour le tiers le plus assidu d’entre eux.
D’autres critères permettent-ils de les distinguer ? En 1962, la croissance des jeux sur la Cote d’Azur avait bondi, dès après la guerre et le rapatriement des français d’Algérie – l’Algérie où l’élevage des chevaux était répandu et les courses très populaires – ; les départements des Alpes-Maritimes, des Bouches du Rhône, du Var étaient alors passés en tête des mises par habitant en France et ils sont encore aujourd’hui parmi les premiers départements de joueurs du PMU, un demi-siècle après la décennie 1960-70. Dire que les pieds-noirs et les arabes d’origine algérienne sont des joueurs passionnés, n’est pas leur faire injure. Mais la République de M. Hürstel va plus loin – bien qu’une segmentation ethnique ou religieuse de la population soit théoriquement interdite –, le 11 avril 2013, M. Germond expliquait le recul du montant des enjeux par l’effet canicule de l’été 2012 et par l’effet Ramadan : « le Ramadan a de plus en plus d’effet sur notre activité, surtout l’été. Les musulmans ont tendance à rentrer pendant les vacances dans leur pays. Ils représentent quelques pourcentages de notre clientèle et on en ressent fortement l’impact. » https://www.youtube.com/watch?v=ZBfIabpAyRg
Le rapport de l’ARJEL, pour le 4ème trimestre 2015, indique encore : « Les 5 départements des DOM permettent de limiter la baisse globale du nombre de comptes joueurs actifs, comme au trimestre précédent (pour une hausse totale de 930 CJA) » Les DOM où le chômage atteint des proportions phénoménales (28,2% de la population active à la Réunion, 20,7% en Guyane, 22,2% en Martinique, 25,5% en Guadeloupe, contre 10% en France métropolitaine).
Les jeux hippiques travaillent les plus fragiles de la classe populaire. Cadenassés dans les ghettos du racisme nationaliste français – au moins un tiers de la population en est affectée depuis l’époque des colonisations et de l’affaire Dreyfus –, les stigmatisés de l’éducation et de l’emploi s’évadent dans les paris hippiques..., à la plus grande satisfaction des Principautés des courses, aristocrates et grands bourgeois et hobereaux confondus, trop heureux de se financer l’alimentaire des courses sur les maigres ressources des déchus de la République jacobine.
Mais combien sont-ils ?... Pendant des décennies, le PMU expliquait à juste titre que l’anonymat des paris rendait très difficile l’appréciation du nombre de ses clients. Un agrégat de 6 millions de pratiquants était donc reporté d’une année sur l’autre. La numérisation sur PMU.fr et les paiements par cartes bancaires permettent désormais une approche plus fine. Si bien que M. Hürstel annonçait 4.5 millions de clients sur Equidia Turf.Club en avril 2015, mais cette vidéo n’est plus consultable actuellement.
Acceptons cet effectif global de joueurs, en nette baisse ces dernières années, une situation dommageable pour les courses car quoi de plus légitime de jouer à la loterie du Quinté+, un espoir de gains substantiels contre quelques euros, un plaisir légitime des jeux sans grand risque financier.
Quelques calculs élémentaires peuvent approcher le nombre de joueurs au course à course, une population sous accoutumance fortement exposée aux conséquences néfastes des pertes répétées. Nous avons déjà établi le nombre de comptes joueurs actifs trimestriels sur PMU.fr à 108 000 personnes (135 000 x 80% de part de marché). Les enjeux sur internet (821 M€) représentent 11.3 % de ceux des Bars-tabac-PMU réduits d’un tiers – la part des Jeux Simple – (7.284 x 30 %) et donnent les 287 430 clients quasi quotidiens des Bars-tabac-PMU.
Près de 300 000 personnes fréquentent assidûment les bistrots du PMU. C’est toute une ambiance le ‘café ‘populaire’ de M. Hürstel : l’atmosphère enfumée, les blagues et les gros rires..., la petite bière qui fera plaisir au patron..., la gloire des tournées aux copains, les jours bénis par la Gagne, sinon le flambe... Et puis l’approche du petit nouveau à initier avec fierté, et d’autant mieux qu’il s’extasie d’un rien..., les anecdotes à plus finir des réussites d’un jour..., la constance au jeu depuis dix, vingt, trente ou quarante ans. Ha !... l’ancienneté du parieur..., un gage d’une réussite implicite, à tant durer..., et quel gage de respect cette perpétuité de bastringue ?
Le miroir aux alouettes des parieurs spéculatifs.
La flatterie et l’enfumage font partie de l’insoutenable arsenal d’arguments pour convaincre les gens à jouer. Les paris ‘sur les courses, sont un jeu intelligent’, affirme M. Hüstel. Vrai, les weekends sans 'DAI pipés’ du meeting d’hivers de Vincennes 2015/2016. Faux partout ailleurs et n’importe quand sur les hippodromes. La préparation des chevaux sur le champ de courses, 'faire le tour', les concurrents retenus, 'tirés' par les jockeys, ceux mis à la faute, 'les DAI pipés' des drivers, sont autant de pratiques délictueuses, propres à accélérer le recyclage des gains, très rarement sanctionnées.
Les parieurs fous au course à course, les cinglés des combinaisons multiples introuvables, ‘investissent’ s’enorgueillissent les animateurs d’Equidia..., ils joueraient comme des petits porteurs boursiers, ces turfistes. Car le pari est 'un bien meilleur placement qu'à la Caisse d'épargne', surenchérissait naguère Pierre-Joseph Goetz l'inénarrable, depuis peu membre du Comité du trot – népotisme, quand tu nous tiens! – , aussitôt invité à faire valoir ses droits à une retraite anticipée bien méritée, et maintenant reconverti en exploitant de son répondeur Audiotel, le 08 99 65 50 20...
La forme modernisé du quémandage, l’Audiotel, l’outil contemporain des vendeurs de ‘numéros gagnants’ à la sauvette, avant-hier à la porte des hippodromes du siècle dernier. Aucun scrupule, aucune gêne à ajouter quelques euros supplémentaires aux pertes des parieurs candides et confiants : car, si tant était l’efficacité de tout ces grands pronostiqueurs professionnels autoproclamés, s’ils gagnaient à ce point qu’ils l’affirment, qu’ils l’écrivent même sans honte ni rouge au front, pourquoi bon sang ne gardent-ils pas leurs conseils pour eux-mêmes..., et qu'ils s’enrichissent pour de bon sur le pari mutuel ?!
Autre grosse ficelle propre à abuser les joueurs disposés à tout entendre : si de gros parieurs spéculent aux courses..., c’est qu’elles sont rentables !... M. Dominique de Bellaigue s’était pris lui aussi, Président de la Principauté du Cheval Français, à délirer tout haut sur Paris-Turf : « Des équipes se forment pour jouer des sommes considérables en validant des paris automatiques à haute vitesse. Exemple : en 2013, nous avons remarqué que trois joueurs ont misé 70 millions d’euros chacun. » Des paris à Haute fréquence en quelque sorte !
Heureuse surprise, Pierre Bellaiche, l’éminent syndicaliste retraité et brillant fraternaliste – émérite négociateur du recel du vol des ‘centimes’ au bénéfice des retraités de l’Institution en échange de la liquidation silencieuse et fort coûteuse du Pmh parisien – Pierre Bellaiche a retrouvé la trace des 70 millions d’enjeux signalés par M. de Bellaigue : « Je vous mets en ligne les chiffres 2015, annonçait-il, pas peu fier, sur le site Cercle Tourbillon, INTERNATIONAL 807 M€ + 80 M€ + 11%. NDLR : cela est du aux gros parieurs mafieux des USA (140 M€) et aux parieurs de l’île de Man, paradis fiscal (77M€), soit 217 M€. » Observons que l’augmentation annuelle de 80 M€ à l’International – l’axe stratégique majeur du Plan PMU-2020 – est donc largement due à l’apport d’enjeux mafieux... ; enjeux à l’International qui seraient en chute libre sans eux avec un solde de 590 millions d’euros (-137 M€). A croire M. Hürstel sur Vox Pop d’Arte, le pari mutuel serait un jeu bien plus propre que le bookmaking. Ha bon ?... Si des joueurs mafieux engagent de telles sommes sur un système de jeu – où l’ARJEL nous avise que l’on ne gagne pas à long terme –, par quel détour de bonne fortune ces mafieux-là parviendraient à le rendre rentable pour s’y aventurer ainsi ?... N’avaient-on pas protégés les petits parieurs des razzias spéculatives de gros joueurs trop bien informés, depuis les affaires de M. X.., Patrick de Moutis des décennies 60 et 70 ?...
Yann Hayoun – Youtubeur incontestable et contestataire du turf à la ‘Jean-Michel du 59’ ou autre ‘Joharno la star’ –, Hayoun, lui, a fait plus fort que MM de Bellaigue et Bellaiche : il a rencontré à dîner l’un de ces Ordonnateurs Virulents Non Identifiés de paris et va jusqu’à détailler les conséquences de leurs mises faramineuses pour les petits joueurs. C’est sur son Blog N° 31, ‘Crazy’... : « J’ai diné avec l’un des plus grands joueurs en France, ça va peut-être vous paraître effarant les chiffres qu’il va nous donner, mais enfin, bon..., voilà, chacun son truc... ? Il m’a annoncé qu’en 2010, il jouait 28 millions d’euros pas an..., 70 000 euros par jour. Aujourd’hui en 2016, il ne joue plus que 10 000 euros par jour soit 4 millions par an... Il a divisé par sept sa masse d’enjeux..., est-ce que vous vous rendez compte ? Alors lui c’est peut-être un exemple choquant ou euh... enfin moi ça ne me choque pas..., chacun fait ce qu’il veut quand il en a envie. Quand il est sur les 28 millions d’euros qu’il a joué, qu’il dit qu’il a gagné 30 ou 40, moi je ne sais pas s’il a gagné ou s’il a perdu..., je suppose qu’il les a gagné..., toujours est-il qu’il a financé le circuit des courses ; quand il a perdu, ceux qui ont joué contre lui en fait.., c’est au mutuel, les courses..., ils ont eu des rapports plus conséquents grâce à lui. Bon bien, quand il touchait, ils avaient des rapports moins conséquents. Peu importe. Mais ce que je note, c’est que lui parmi tant d’autres, c’est un exemple de joueur qui, voyant les rapports et les masses diluées, joue de moins en moins... Et ça c’est la chose alarmante... C’est ce que le PMU n’arrive pas à comprendre aujourd’hui... Et là, c’est bien leur cœur de métier... le Galop et le Trot ne peuvent pas faire semblant de ne pas entendre ce que je leur dit..., c’est pas grave, euh..., c’est une faute professionnelle... A bon entendeur..., démerdez-vous avec ça ! »
Beau travail de désinformation journalistique, hein ?!... ‘Journaliste’, un leitmotiv tout au long de ses blogs au Hayoun, ‘en tant que journaliste’..., moins on en est, plus on l’étale. Depuis le 31 janvier 2016, jour du Prix d’Amérique, les écrans d’A2 Turf de Yann Hayoun restent vides. Son compte Facebook personnel a également disparu du réseau : une page d’accueil où un groupe de cinq personnes est photographié, de dos, au retour d’une fête de nuit ; trois hommes revêtus de tee-shirts noirs floqués, l’un d’un S bleu, l’autre d’un E blanc puis l’autre d’un X rouge – SEX républic en bleu-blanc-rouge –, encadrant bras-dessus bras-dessous deux jeunes femmes au dos dénudé. Yann Hayou ‘A étudié à Ecole Supérieure de Journalisme de Paris. Diplômé(e) en 2003’. Diplômé, pourquoi pas ?... Comme journaliste ?... Ha, bon ?... Aucun Yann, ni aucun Hayoun ne figure sur le répertoire des anciens élèves !... Ses écrans fermés, peut-être temporairement, Yann Hayoun exploite toujours un répondeur Audiotel, le 08 99 10 62 34. Autant se le dire !
La machine à bâtir les enjeux redonne quelques espérances aux dirigeants de l’Institution. Les Principautés goûtent leur plaisir en secret : un redressement des enjeux appuyé sur une hausse des prélèvements sur les mises des joueurs, un meeting de weekends Vincennes apuré de ses DAI ‘pipés’, un axe stratégique international alimenté par les caisses de mafias étrangères..., n’est-ce qu’un dernier sursaut avant la chute ? Les courses ont besoin d’une réforme fondamentale. Les ajustements de structures en cours occupent les esprits et retardent l’échéance funeste. Dommage.
A.Gw