Dans le froid et étrange pays de l’Est où je vis en ce moment (et ce n’est pas celui que vous croyez), le soleil met un temps fou à s’extirper des tas de neige le matin. Il en sort exténué, les flancs rosis par l’effort et se dépêche d’aller faire le tour des hauts immeubles avant de s’effondrer à nouveau dans les congères dès cinq heures du soir.
Je me sens un peu comme lui.
Tous les matins, après avoir dégagé la voiture de la neige à coups de balai et de raclette, je m’effondre derrière le volant avec une envie intense d’aller me recoucher instantanément.
Un matin comme ça, allumer Radio France (merci Internet) est un peu comme mettre le chauffage à fond : tiédeur et cigales de mon pays du Sud. Joël Collado me prévient que l’air va se rafraîchir et que des pluies éparses risquent de tremper le bitume. Hé hé Joël, si tu connaissais ma météo, si tu savais où je suis et comme tes pessimistes prévisions me réchauffent le cœur.
Le poste radio ronronne à côté du bol de café et les nouvelles qui viennent de ma douce France ne cessent de m’étonner.
La boîte noire des bâtonnets Findus a enfin parlé pour révéler les détails de la catastrophe. Le PDG était venu au travail à cheval, le cheval est tombé dans la marmite, on a préféré cuire l’affaire à l’étouffée.
Le mariage pour tous : le pape Benoît XVI s’interroge et se dit prêt à essayer.
Les rythmes parlementaires : les députés sont partagés sur les sessions du mercredi matin.
Derrière ma fenêtre, des ouvrières âgées dégagent péniblement la neige fraichement tombée à coups de pelle laborieux. Une nuée de corbeaux vient tacheter le ciel gris.
Allez, me dis-je, courage. La fin de l’hiver n’est pas loin.
Bientôt, le soleil se lèvera, le pape convolera, l’Assemblée surprendra, le cheval s’échappera.
Et j’écrirai des histoires légères, légères.