Le 2 mars dernier, lors du débat sur Médiapart (émission A l’air libre) intitulé « Faut-il sortir du marché européen de l’électricité », j’ai défendu la proposition, détaillée ici et soutenue par de nombreux acteurs, consistant à confier l’exploitation du parc français à un opérateur public, à supprimer la concurrence des fournisseurs, à revenir à un tarif public pour tous les consommateurs basés sur les coûts de production nationaux (en incluant les coûts/recettes des imports-exports). Le marché européen ne serait utilisé que pour gérer les échanges transnationaux, faute de meilleure solution.
Nicolas Goldberg,consultant et responsable du pôle Energies du Think Tank Terra Nova, défendait une proposition très proche de la position française, consistant à un maintenir un marché, une concurrence des fournisseurs, mais à atténuer les effets des prix de marchés très volatils au moyen de contrats de long terme et de produits de couverture financière. Une solution qui, comme je l’ai détaillé dans cette note, me semble complexe, inaboutie et largement insuffisante et qui ne résout pas les problèmes intrinsèques à la concurrence appliquée à un secteur qui ne s’y prête pas.
Si nous avons partagé certaines analyses sur les dérives du marché actuel, les quelques critiques apportées par Nicolas Goldberg sur cette proposition de sortie de la concurrence me semblent infondées, je les décrypte ici. Par exemple, je conteste, sur la base d’éléments, le fait que les prix de marché auraient été introduits pour contourner une hausse annoncée des tarifs réglementés ou qu’un monopole public pour exploiter le parc risque d’être inefficace. Je reviens également sur le mensonge récurrent porté par les dirigeants français et européens selon lequel la sortie du marché entraînerait des risques de coupure.
Finalement, il ressort que la seule entrave à la mise en place de la solution que je porte est d’ordre politique : il faudrait s’opposer au dogme européen de la concurrence qui, dans le secteur électrique, nous conduit dans le mur.