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Billet de blog 1 mai 2024

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On ne conçoit pas de religion, comme une nécessité inhérente à tout destin de l'humanité, sans la notion de chefs, de responsables, d'institution, d'organisation, sans structures, sans hiérarchie...

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La vigne de YHWH, dans la symbolique biblique, représente Israël. Dans les évangiles synoptiques (Matthieu 21, 33-41, Marc 12, 1-9 et Luc 20, 9-16), ce thème est repris dans un mashal, souvent appelé "les vignerons homicides" : YHWH est le propriétaire de cette vigne ; il l'a confiée à des vignerons, qui représentent les rois, les grand-prêtres, et autres chefs du peuple ; il a envoyé plusieurs serviteurs successifs, qui représentent les prophètes, pour en recevoir le fermage, mais ces derniers ont été maltraités voire tués par Israël tout au long des siècles ; finalement il a envoyé son fils, qui représente Jésus, et lequel a aussi été tué... et la conclusion du mashal est que désormais "la vigne sera donnée à d'autres", et on comprends ainsi que Israël n'est plus le peuple chéri de YHWH, non qu'il ne soit plus aimé, mais il n'est plus le préféré.

Jean ne rapporte pas ce mashal, mais il utilise aussi ce même thème de la vigne, d'une manière un peu différente : la vigne, ici, c'est Jésus, et Dieu est devenu le vigneron. Le thème est donc légèrement différent, mais reconnaissable quand même. Il y a cependant, dans ces différences de traitement, un élément intéressant à relever : dans le mashal des synoptiques, il y a toujours des vignerons ; ce ne seront plus les chefs d'Israël, il y a donc une ouverture vers l'universel, Israël, sans être exclu, n'est plus central, mais il reste, comme une nécessité inhérente à tout destin de l'humanité, la notion de chefs, de responsables, d'institution, d'organisation, bref, pour simplifier peut-être : de religion. On ne conçoit pas, effectivement, de religion sans structures, sans hiérarchie, même.

Ici, chez Jean donc, il n'en est pas question le moins du monde. Ou éventuellement et plus précisément, s'il y aurait comme un chef, ce serait Jésus seul, celui qui se dit être la vigne à lui seul, et nous — Israélites ou pas, peu importe — serions les sarments de cette vigne. Il n'est pas question d'intermédiaires entre le cep de vigne et les sarments : les sarments, chaque sarment, poussent directement sur le cep. On ne parle donc plus de religion, d'organisation, mais seulement de spiritualité ; il est évident alors que ce n'est pas de l'homme Jésus dont il serait question, mais de ce qu'il incarne et qui provient du domaine du divin, que Jean appelle la Parole, que la théologie ultérieure appellera le Fils, et que Paul appelle généralement le Christ, particulièrement quand il parle du corps mystique du Christ dont nous sommes tous les membres, image qui est exactement la même que celle développée ici par Jean.

La réputation de l'évangile de Jean d'être le plus mystique des quatre évangiles n'est donc pas usurpée du tout. C'est là effectivement toute sa perspective : amener chacune et chacun à entrer en relation personnelle et directe avec Dieu lui-même au travers de la personne de Jésus. Au travers : c'est-à-dire que, derrière l'homme, c'est l'incarnation de Dieu qui est le véritable objet proposé, ou mieux : exposé. Avec comme objectif que nous prenions l'homme comme modèle de ce que nous sommes nous aussi. C'est ainsi que nous serons ses disciples, en manifestant, comme lui, la divinité qui nous habite, nous aussi, comme lui.

Voilà la vraie révolution apportée par Jésus au judaïsme. Encore faut-il croire en Dieu, pour commencer...

Illustration 1

moi je suis la vigne, la vraie
    et mon Père est le paysan
tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l'enlève
et tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde
    afin qu'il porte plus de fruit

vous, vous êtes déjà émondés
    grâce à la parole que je vous ai dite
"demeurez en moi et moi en vous"
comme le sarment ne peut porter du fruit de lui-même
    s'il ne demeure dans la vigne
de même vous non plus
    si vous ne demeurez pas en moi
moi je suis la vigne, vous les sarments
qui demeure en moi et moi en lui
    celui-là porte beaucoup de fruit

mais séparés de moi vous ne pouvez rien faire
si quelqu'un ne demeure pas en moi
    il est jeté dehors comme le sarment
    et il se dessèche
et on les rassemble et on les jette dans le feu et ils sont brûlés

si vous demeurez en moi
    et que mes paroles demeurent en vous
quoi que vous souhaitiez demandez-le
    et cela se produira pour vous
en ceci mon Père est glorifié
    que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous deveniez pour moi des disciples

(Jean 15, 1-8)

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