Anon (avatar)

Anon

alias Xavier Martin-Prével.

Abonné·e de Mediapart

1418 Billets

0 Édition

Billet de blog 1 août 2025

Anon (avatar)

Anon

alias Xavier Martin-Prével.

Abonné·e de Mediapart

Retour au pays

Il est rarement judicieux de vouloir retourner en enfance : nous avons chacune et chacun notre propre vocation, notre vie à nous à bâtir, qui aille au-delà de ce que nous avons reçu de notre famille, de nos premiers pas

Anon (avatar)

Anon

alias Xavier Martin-Prével.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

D'où cela peut-il bien lui venir ? C'est une question que, très vite, on ne s'est plus posée, à partir du moment où on l'a mis dans une case à part, une case spéciale pour lui ; alors à partir de là, c'était simplement sous-entendu, il était comme ça voilà tout, il était né comme ça avec, il avait même été conçu ainsi, de toute éternité, et circulez, il n'y a rien à voir... Et pourtant, même ses biographies officielles le disent, il s'est passé quelque chose pour lui d'essentiel quand il est allé se faire baptiser par ce drôle d'ermite qu'on disait prophète : c'est à ce moment-là que l'Esprit est venu l'habiter, pas avant. Cela n'empêche pas qu'il ait pu y être prédestiné dès le ventre de sa mère, comme Jérémie, mais en réalité nous y sommes tous prédestinés, c'est même très exactement ce qui nous différencie des animaux, notre vocation commune, cette capacité à être habités par l'Esprit.

Nous y répondons, nous y acquiesçons, plus ou moins, mais c'est de là seul que peuvent nous venir une telle sagesse, une telle compréhension, une telle connaissance, que celle qui lui a permis de redécouvrir et réanimer l'esprit de cette tradition religieuse qu'est le judaïsme dans laquelle il était né, tout comme l'avait fait quelques cinq cent ans avant lui un certain Siddharta Gautama pour l'hindouisme dans lequel il était né lui, et comme le font tous les réformateurs religieux à des degrés plus ou moins importants. Voilà donc d'où tout cela lui venait, d'une connaissance intérieure, connaissance au sens biblique, et non croyance seulement appuyée sur un savoir reçu d'autres lesquels eux-mêmes n'étaient aussi que dans la croyance appuyée sur un savoir reçu d'autres etc. Une connaissance de Dieu par expérience personnelle... forcément c'est autre chose, ça surprend, ça détonne, ça bouscule aussi, dans les idées reçues, c'est en direct, c'est un appel à sortir de sa zone de confort, ça fait peur, c'est dangereux...

Tout particulièrement pour celles et ceux qui ont pu le connaître avant : on peut à la rigueur se laisser séduire si c'est quelqu'un qu'on ne connaît ni d'Ève ni d'Adam, ne serait-ce que parce qu'on ne se sent alors pas plus ou moins obligé de répondre et de prendre position immédiatement, on peut laisser ça mûrir en soi, on ne lui doit rien, on n'a pas gardé les vaches ensemble... mais quand c'est le minot qu'on a connu tout bébé, on ne peut pas se permettre de différer, soit on le suit, on adhère, soit on le rejette. Dans sa version parallèle, Luc (4, 16-30) a dramatisé à l'extrême ce rejet, d'une manière peu vraisemblable, puisque selon lui toute la population l'aurait alors fait sortir du village et poussé vers un précipice avec la ferme intention de l'y faire chuter...!

Marc comme Matthieu sont plus mesurés : passée la surprise de l'originalité de sa parole ils se sont fermés comme des huîtres, ce qui suffit à expliquer qu'il n'ait pas pu se produire là de guérisons "surnaturelles" comme il s'en produisait ailleurs. Marc ajoute de plus que Jésus s'étonne de cette situation où personne ne lui fait crédit, une remarque qui a de fortes chances d'être historiquement authentique, tellement elle nous parle d'un Jésus humain, d'un Jésus qui n'est pas omniscient ; voici un Jésus qui ne comprend pas ce qu'il s'est passé, qui va certainement s'en faire du souci, se demander s'il a fait quelque chose de travers, s'il n'est pas responsable de cette espèce d'échec de sa mission. Bref, ce Jésus qui s'étonne est aux antipodes du Dieu lui-même incarné sur terre que le christianisme en viendra à promouvoir par la suite. Ici, c'est Pierre, qui avait été là, qui l'avait vécu, et qui l'a dit plus tard à Marc : Jésus avait été étonné...

Illustration 1

    et étant venu dans sa patrie
il les enseignait dans leur synagogue
au point qu'ils sont stupéfiés
    et qu'ils disent

« d'où lui vient cette sagesse et les miracles ?
    celui-ci n'est-il pas le fils du charpentier ?
    sa mère ne s'appelle-t-elle pas Marie ?
    et ses frères Jacques et Joseph et Simon et Judas ?
    et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ?
d'où lui vient donc tout cela ? »

et ils ont buté sur lui
    alors Jésus leur a dit
« un prophète n'est-il pas sans honneur
que dans sa patrie et dans sa maison ? »
    et il ne fit pas là beaucoup de miracles
    à cause de leur manque de foi

(Matthieu 13, 54-58)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.