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Billet de blog 4 avril 2025

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Vous me connaissez ?

Vous me connaissez et vous savez d'où je suis ? mais celui qui m'a envoyé, que vous ne connaissez pas, moi je le connais, parce que c'est de lui que je suis, et c'est lui qui m'a envoyé...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le messie, quand il viendra, personne ne saura d'où il est : ceci faisait partie — et pour ce que j'en sais fait toujours partie — des spéculations concernant cette figure mythique vers laquelle convergent tous les espoirs ; le messie n'est pas Dieu lui-même, mais doit être cependant un être hors du commun : comme pour Moïse, fils biologique d'une Juive mais aussi fils adoptif de la princesse égyptienne, on ne doit pas trop savoir quelles sont les origines du messie. Peut-être est-ce là une des motivations qui ont poussé à imaginer que Jésus ne serait pas né tout simplement, biologiquement, de Marie et de Joseph ? En tout cas, pour ces habitants de Jérusalem, il ne semble pas y avoir de doute, ils savent qui il est, ils savent d'où il vient, il ne peut donc pas être le messie.

Et nous re-voici avec ce même thème, qui parcourt tout l'évangile de Jean : bien sûr que Jésus est le fils de ses parents, comme tout le monde ! mais, comme tout le monde aussi, il n'est pas que cela, c'est-à-dire que, au-delà de cette origine matérielle, familiale, géographique, culturelle, religieuse même, il est bien plus que cela, il est un enfant de l'univers, du tout, de Dieu, et il n'y a pas de contradiction entre ces deux aspects, ils sont même nécessaires. Les particularismes de chacune et chacun ne sont pas contradictoires avec ce qui nous est commun toutes et tous. Nous sommes, chacune et chacun, une manifestation absolument unique du pourtant seul et même Dieu. Mais le vivons-nous ainsi ? nous vivons-nous nous-même ainsi ?

C'est là le thème d'un des épisodes dans les débuts de cet évangile, l'entretien avec Nicodème : cela ne nous vient pas comme ça, automatiquement, surtout à l'époque où l'individu n'existait presque pas au-delà du groupe — famille, bourg, clan, nation — auquel il appartenait. C'est normal, ces groupes étaient des atouts pour la survie, comme ça l'est d'ailleurs toujours, l'a toujours été, et le sera toujours... mais cela ne doit pas pour autant nous en rendre prisonniers. C'est donc ce qui a été enseigné à Nicodème, comme une seconde naissance, au-delà des cercles restreints de nos appartenances, découvrir celle-ci qui les englobe toutes, notre filiation à l'origine commune de tout ce qui est, notre filiation de Dieu, et ce peut-être juste intellectuellement pour commencer, mais doit aller aussi au-delà, jusque de tout notre être, jusqu'à l'évidence et le naturel inné, comme l'air qu'on respire sans même y penser...

On comprend cependant qu'une telle perspective ait été difficile à faire passer (et ceci n'a guère changé depuis, c'est même peut-être pire dans un monde matérialiste), et les incompréhensions et contre-sens qui ont pu s'en suivre : qu'est-ce qu'il nous chante là celui-là ? hein ! tu te prétends fils de Dieu ! tu te prends alors pour Dieu lui-même ! et, si on en croit cet évangile de Jean, c'est là le reproche qu'il va être fait de plus en plus vindicativement à Jésus par ses compatriotes : les Judéens veulent le tuer, bientôt ils vont aller ramasser des pierres pour essayer de le lapider, mais ce n'est pourtant pas pour cette raison qu'il sera finalement effectivement mis à mort, contrairement à ce que semblent croire les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) ; il faut sur ce point accorder plus de crédit à Jean encore, qui était un familier sinon de la famille même du "grand prêtre" Hanne, et qui était donc le mieux placé pour savoir ce qu'il s'est vraiment passé.

La vraie raison était purement politique : l'enthousiasme qu'avaient soulevé les guérisons qui se produisaient par son intermédiaire présentait trop de risques insurrectionnels, ce qui aurait entraîné une répression féroce des romains, comme cela s'est effectivement produit un peu plus tard. En sorte qu'on peut dire que ceux qui ont fait mourir Jésus, les premiers responsables, ce sont ses partisans, ceux qui voulaient croire qu'il était le messie au sens où ils l'entendaient, de l'homme providentiel qui devrait les prendre en charge, et non de celui qui voulait leur apprendre à devenir autonomes et seuls responsables, chacune et chacun, de soi-même...

Illustration 1

(Jésus était monté au temple et il enseignait)

    alors certains de ceux de Jérusalem disaient
« n'est-ce pas celui qu'ils cherchent à tuer ?
    et voici qu'il parle en public
    et ils ne lui disent rien !
à moins que les chefs aient vraiment reconnu
que c'est lui le messie ?
    mais celui-ci nous savons d'où il est
alors que le messie quand il viendra
    personne ne saura d'où il est »

    alors Jésus cria dans le temple en enseignant et en disant
« vous me connaissez
et vous savez d'où je suis ?
    or je ne suis pas venu de moi-même
mais celui qui m'a envoyé est vrai
    lui que vous ne connaissez pas
mais moi je le connais
    parce que c'est de lui que je suis
    et c'est lui qui m'a envoyé »

ainsi cherchaient-ils à l'arrêter
mais personne ne jeta la main sur lui
    parce que son temps n'était pas encore venu

(Jean 7, 25-30)

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