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Billet de blog 5 juillet 2025

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Vin nouveau

Une vie de compagnonnage, d'intimité, de paix intérieure, tels que le monde ne peut en aucun cas les donner, ce qui permet d'accepter sans regrets tout le reste. Au-delà de toute religion : la spiritualité.

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On peut tourner la chose comme on veut, mais ce passage semble bien affirmer que l'enseignement de Jésus est d'une nouveauté tellement radicale qu'il n'en est plus compatible avec le judaïsme. Le judaïsme, en effet, comme toute religion, est bien obligé de se réformer régulièrement pour s'adapter aux temps nouveaux qui le bousculent, tout en s'efforçant de conserver ce qui en fait l'essentiel. Mais là, non, ce n'est plus possible, plaquer sur les vieux habits de la tradition dont il est issu ce que Jésus a essayé de transmettre ne pourrait qu'aggraver encore plus leur usure et finir par les faire tomber en lambeaux.

Pourtant il n'y a pas si longtemps Matthieu affirmait que par un "i" ni même un accent de la torah ne devait être dédaigné ! mais il précisait quand même que ceci n'était valable que "jusqu'à ce que soient passés le ciel et la terre", ce qui est une façon de dire tant qu'il y a une séparation totale entre eux, entre les deux mondes, entre ce monde-ci dans lequel nous sommes nés et le monde à venir, ce qu'on appelle aussi le royaume, dans lequel nous sommes invités à naître aussi. Certes il y aura en fait toujours une distance entre les deux, mais pas forcément cet abîme initial, et puis cette radicalité dans l'intention, celle que nous sommes invités à viser, il est indispensable de la promouvoir, sinon on ne décollera jamais.

Et il faut se rappeler aussi que ces mêmes enseignements du sermon sur la montagne étaient en réalité d'une exigence sans commune mesure avec celle de la torah : pas de divorce, non seulement ne pas tuer mais même pas éprouver de ressentiment intérieur, et tout à l'avenant. Et si les disciples de Jésus ne pratiquent pas de jeûnes à jours fixes comme ceux des pharisiens ou ceux du Baptiste, c'est parce qu'ils ne mangent déjà pas forcément tous les jours à leur faim : qu'on se rappelle ce jour de shabbat où ils se mirent à mâcher des épis glanés en chemin. Ils vivent à l'aventure, dépendants de la providence, et c'est bien plus difficile que d'être assuré du minimum, auquel cas se priver ponctuellement peut être pris comme exercice de piété.

Mais il ne faudrait surtout pas prendre cette vie soumise à la seule inspiration de l'Esprit pour une longue pénitence, un parcours du combattant, un calvaire de chaque jour, bien que cela puisse l'être par certains côtés, il n'en reste pas moins que c'est par dessus tout une vie de compagnonnage, d'intimité, de paix intérieure, tels que le monde ne peut en aucun cas les donner, ce qui permet d'accepter sans regrets tout le reste. Au-delà de toute religion : la spiritualité.

Illustration 1

alors s'approchent de lui les disciples de Jean
    en disant
« pourquoi est-ce que
    nous-mêmes et les pharisiens nous jeûnons
mais que tes disciples ne jeûnent pas ? »
    et Jésus leur a dit
« les compagnons d'épousailles
    ne peuvent pas s'affliger
    tant que l'époux est avec eux
mais que viennent des jours
    où l'époux leur aura été enlevé
    alors ils jeûneront

mais personne n'ajoute un ajout de tissu neuf
sur un vieux vêtement
    car la pièce tire sur le vêtement
    et une déchirure pire se produit

et on ne met pas non plus du vin nouveau
dans de vieilles outres
    sinon bien sûr les outres éclatent
    et le vin se répand
    et les outres sont fichues
mais on met du vin nouveau
dans des outres neuves
    et les deux se conservent »

(Matthieu 9, 14-17)

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