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Billet de blog 12 mai 2025

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Ouailles un jour...

Qui n'entre pas par la porte dans l'enclos des brebis, mais escalade par autre part, celui-là est un voleur et un brigand. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands. Le voleur ne vient que pour voler et sacrifier et détruire.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Voici deux petites paraboles qui partagent à peu près les mêmes éléments : des brebis, une porte, des voleurs et des brigands. Mais il faut faire attention à ne pas les confondre, à vouloir les interpréter comme formant un tout, car elles ne parlent finalement pas du tout de la même chose, ou si peu, leurs cadres sont très différents.

D'abord on fera très attention au fait que, dans la première, il est question d'un portier ainsi que d'un berger, qu'on ne retrouve pas du tout dans la seconde. Dans cette première parabole, Jésus s'identifie au berger des brebis, qui vient les chercher pour les faire sortir paître, mais pour cela il doit passer par la porte, contrairement aux voleurs et brigands qui, eux, sautent par-dessus la clôture ; et si ces derniers procèdent ainsi, c'est parce qu'il y a cet autre élément, qui ne figure pas dans la seconde parabole : le portier. Ce portier est ainsi le garant de qui est berger attitré et qui ne l'est pas. Il est clair alors que ce portier représente Dieu, ou le Père.

Et on note alors de plus que, dans l'enclos, ce ne sont pas toutes les brebis qui sont au berger, il y en a d'autres, et rien ne dit qu'il s'agirait de "mauvaises" brebis. Rien ne dit qu'il y aurait les bonnes, celles qui le suivraient, et les mauvaises, celles qui refuseraient de le suivre. On doit donc penser qu'il peut y avoir plusieurs troupeaux et plusieurs bergers. Jésus est le berger de certaines brebis du Père, mais d'autres brebis ont d'autres bergers, dont le portier se porte ainsi aussi garant.

Dans la seconde parabole, par contre, on ne retrouve plus cette diversité possible, puisque cette fois-ci Jésus est identifié à la porte, qui semble bien être la seule de l'histoire ; cette fois-ci donc, soit les brebis passent par cette porte, soient elles sont coincées, elles doivent rester enfermées dans l'enclos, elles ne peuvent pas accéder aux pâturages. On peut par contre envisager comme une sorte de compensation le fait que, du coup, il n'est plus question de berger, si elles acceptent de passer par la porte elles sont autonomes, ce sont elles qui décident de sortir ou de rentrer quand elles veulent, et d'aller pâturer là où bon leur semble.

Mais, se demandera-t-on peut-être alors, pourquoi ces bergers ou cette porte, et d'abord même pourquoi cet enclos ? pourquoi faudrait-il que nous nous identifiions forcément à des brebis ? avons-nous ainsi besoin de chefs ou de modèles ? et peut-être est-ce là le sens caché de la seconde parabole, il n'y est pas dit qu'une fois sorties les brebis soient obligées de revenir dans l'enclos ! c'est peut-être une porte qui s'ouvre justement sur leur liberté, une libération qui dépasse même ce qu'elles pouvaient imaginer, une libération de leur atavisme de brebis, de leur instinct grégaire, de leur peur précisément d'être vraiment libres, totalement libres, d'explorer un nouveau monde une fois qu'elles s'en sont sorties, de cet enclos censé les protéger mais qui en est devenu aussi une prison ?

Illustration 1

« amen ! amen ! je vous dis
    qui n'entre pas par la porte dans l'enclos des brebis
    mais escalade par autre part
celui-là est un voleur et un brigand
    mais celui qui entre par la porte
est le berger des brebis
à lui le portier ouvre
    et les brebis entendent sa voix
et ses brebis à lui il les appelle par leur nom
et il les emmène dehors
    une fois qu'il a sorti toutes les siennes
il va en avant d'elles
et les brebis le suivent
    parce qu'elles connaissent sa voix
mais un étranger jamais elles ne le suivront
mais elles le fuiront
    parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers »

cette parabole Jésus la leur a dite
mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait
    Jésus leur a donc dit encore

« amen ! amen ! je vous dis
moi je suis la porte des brebis
    tous ceux qui sont venus avant moi
    sont des voleurs et des brigands
mais les brebis ne les ont pas entendus
moi je suis la porte
    si quelqu'un entre par moi il sera sauvé
et il entrera et sortira
et il trouvera pâture
    le voleur ne vient que pour voler et sacrifier et détruire
moi je suis venu pour qu'elles aient la vie
    et qu'elles l'aient à profusion

(Jean 10, 1-10)

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