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Billet de blog 14 juin 2025

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Au pays de oui-oui

La parole, le langage, sont une très belle invention, mais comme toutes nos inventions à nous humains, elles sont à double sens, nous pouvons autant leur faire servir le bien que le mal ; cela ne dépend que de nous.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Rien que l'énoncé de ce commandement, "tu ne jureras pas faussement", trahit l'inanité du principe des serments solennels. Tout commence là, dans le fait que je puisse mentir, que ma parole puisse ne pas être sincère, honnête. Jurer, alors, ne fait que reporter le problème un peu plus loin, puisque si je suis capable de mentir, il n'y a pas de raison que je ne devienne pas capable de mentir aussi sous serment ; ce sera peut-être une barrière que je mettrai un peu plus de temps à franchir, mais à la longue j'y viendrai certainement.

Le mieux est donc de ne pas commencer à éprouver le besoin de jurer, car si j'en suis amené là (je ne parle pas des cas où cela me serait demandé par quelque instance administrative ou juridique), s'il me vient à l'idée de jurer "sur la tête de ma mère" ou sur quelque autre référence censée donner autorité à mon serment, si j'en arrive à une telle extrémité, cela ne peut être bien évidemment que parce que je me connais et sais qu'il m'arrive, plus ou moins souvent, de mentir, ou pour le moins de ne pas dire l'exacte vérité, toute la vérité, rien que la vérité...

On notera cependant que le commandement ne s'arrête pas seulement à "tu ne jureras pas faussement" mais ajoute aussi "tu tiendras tes serments" ; ce sont effectivement les deux aspects sous lesquels on pourrait tricher avec les serments solennels : dès le début jurer de quelque chose que l'on sait faux, mais il est aussi possible, après s'être engagé sincèrement à faire quelque chose, de ne finalement pas s'y tenir. Cette seconde possibilité disparaîtrait-elle d'elle-même du moment qu'on sort du système des serments pour s'efforcer d'être simplement sincère dans ses paroles quelles qu'elles soient ?

Cela serait surprenant ! on peut, me semble-t-il, en toute bonne foi dire qu'on va faire ceci ou cela, et des circonstances indépendantes de notre volonté faire que nous ne puissions pas nous y tenir. Mais en ce cas cela ne nous sera-t-il justement pas plus facilement excusé, de par ce seul fait que nous n'avons pas invoqué nos grands dieux que nous le ferions ou pas ?

Quoi qu'il en soit, il reste quand même évident que de s'efforcer d'être simplement honnête dans ses paroles, sans en rajouter en en faisant des tonnes, est ce qu'il y a de mieux pour que nos relations sociales soient les plus transparentes, fluides, fiables, satisfaisantes, que possible. Tout ce qu'on voudrait y ajouter, toute complication à cette simplicité du "oui ? oui ! non ? non !" ne peut de fait ressortir que d'intentions malignes, autrement dit encore du "malin".

Illustration 1

    vous avez encore entendu qu'il a été dit aux ancêtres
"tu ne jureras pas faussement
et tu tiendras tes serments au Seigneur"
    mais moi je vous dis
de ne pas jurer du tout
    ni par le ciel
parce qu'il est le trône de Dieu
    ni par la terre
parce qu'elle est le repose-pieds de ses pieds
    ni par Jérusalem
parce qu'elle est la ville du grand roi
    ne jure pas non plus par ta tête
parce que tu ne peux pas faire un seul de tes cheveux blanc ou noir
    mais que votre parole soit
"oui ? oui !"
"non ? non !"
    car ce qui est en plus de ceci vient du Mauvais

(Matthieu 5, 33-37)

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