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Billet de blog 14 août 2025

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C'est pour mon bien

Il n'est pas besoin d'entrer dans des questions de mauvais karma qu'on se préparerait pour d'éventuelles vies futures, c'est dès cette vie-ci qu'on se la pourrit si on refuse de laisser aller tout le mal qu'on peut nous avoir fait.

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Pour continuer dans ce qui est ou non attribuable à Jésus dans les évangiles, voici bien le genre de paroles qui ne posent guère de doutes, dans l'autre sens que celles d'hier : quel évangéliste, en effet, quel chrétien des origines, serait assez fou pour inventer une telle exigence : pardonner jusqu'à soixante dix fois sept fois ! le nombre n'étant d'ailleurs pas à prendre littéralement mais voulant signifier infiniment. Il faut toujours pardonner, en toute circonstance, quels que soient les faits en question, quel que soit le contexte, quelle que soit la personne, en absolument tous les cas !

La parabole qui suit l'énoncé du principe veut donner une motivation pour s'y efforcer : je ne me suis pas fait moi-même, tout ce que je suis m'a été donné, gratuitement, sans aucune contrepartie ; tout tort qui me serait fait ne me léserait donc en réalité en rien, ne s'en prenant qu'à ce que j'ai reçu ; mon erreur est de m'identifier à, de me confondre avec, ce personnage, cette mentalité, ces opinions, ces habitudes, ces "qualités" et ces "défauts" , ces capacités et ces handicaps, qui me constituent certes, mais qui ne sont pas mon être vrai le plus essentiel, lequel, lui, est par nature absolument inaccessible à quelque événement que ce soit, venant de qui que ce soit.

Mais ceci étant quand même difficile à entendre, il faut alors aussi, je crois, dire et redire ce que n'est pas et ce qu'est le pardon. Pardonner ne consiste en aucune façon à dire qu'une action intrinsèquement mauvaise serait bonne ! au contraire, pardonner, d'une part suppose que soit établi clairement ce en quoi l'objet du pardon n'est pas acceptable, et d'autre part consiste à dire que, malgré cela, on est certain que l'auteur de cet acte est capable d'en prendre conscience et de faire en sorte de ne plus jamais le réitérer (ou du moins de faire tout son possible en ce sens, raison pour laquelle il n'y aura peut-être pas besoin de ne pardonner qu'une seule fois mais jusqu'à...).

Ce qui ne veut pas dire que ce soit facile à faire ! Quand il s'agit d'un enfant, on arrivera sans doute sans trop de difficultés à lui pardonner, du fait que souvent il sera possible de lui faire comprendre en quoi ce qu'il a fait, en général sans avoir pensé à mal, pose problème. S'agissant d'un adulte, dont le sens moral est relativement "formé" (mais là en l'occurrence déformé) et plus ou moins figé, lui faire prendre conscience risque d'être beaucoup plus compliqué, raison pour laquelle existent des institutions judiciaires, dont c'est même en principe la raison première : non pas tant "punir" que précisément essayer de dire et faire comprendre clairement ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas.

Il est certain alors que, le fait que je lui pardonne, ne sera peut-être pas suffisant pour changer quoi que ce soit chez la personne en question. Mais d'une part c'est quand même là l'aide la plus forte qu'elle puisse recevoir en  ce sens, bien plus que toutes les peines qui peuvent lui être infligées ; et de plus, d'autre part, cela change tout pour moi, parce que si je ne pardonne pas (dans ce sens-là), alors c'est moi-même que je mets en prison dans un ressentiment qui va me gâcher ma vie, et qui ne sert à rien ni à personne ! tel est réellement le bourreau de la parabole : moi-même...

Illustration 1

    alors s'étant approché Pierre lui a dit
« seigneur ! combien de fois mon frère péchera contre moi
et je lui remettrai ? jusqu'à sept fois ? »
    Jésus lui dit
« je ne te dis pas jusqu'à sept fois
    mais jusqu'à soixante-dix fois sept
c'est pourquoi le royaume des cieux a été comparé à

un homme un roi
    il voulut faire ses comptes avec ses ministres
et en commençant ces comptes il lui en fut amené un
    un débiteur de dix mille talents mais n'ayant pas de quoi rendre
le seigneur ordonna qu'il soit vendu
ainsi que sa femme et ses enfants et tout ce qu'il a
    pour rendre
alors étant tombé le ministre se prosternait devant lui en disant
    "patiente avec moi ! et je te rendrai tout"
et ému aux entrailles le seigneur de ce ministre le libéra
et il lui remit sa dette

mais en sortant ce ministre trouva un de ses collègues
qui lui devait cent deniers et l'ayant saisi il l'étranglait en disant
    "rends ce que tu dois !"
alors étant tombé son collègue le suppliait en disant
    "patiente avec moi ! et je te rendrai"
mais il ne voulait pas et de là il le jeta en prison
    jusqu'à ce qu'il ait rendu ce qu'il devait

mais ses collègues qui avaient vu ce qui s'était passé furent atterrés
    et de là expliquèrent à leur seigneur tout ce qui s'était passé
alors l'ayant appelé à lui son seigneur lui dit
    "vil ministre ! toute cette dette je te l'avais remise
parce que tu m'avais supplié alors ne devais-tu pas toi aussi
    avoir pitié de ton collègue comme moi j'avais eu pitié de toi ?"
et en colère son seigneur le livra aux bourreaux
    jusqu'à ce qu'il ait rendu tout ce qu'il devait
et c'est ainsi que mon père du ciel fera pour vous
    si vous ne remettez pas chacun à son frère de tout votre cœur »

(Matthieu 18, 21-35)

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