La plus grande quantité de mal dont nous soyons à l'origine provient de notre ignorance : nous ne savons même pas que nous avons fait, que nous faisons, du mal. Souvent, même, nous croyons bien faire, mais c'est l'inverse qui en résulte, et de plus nous l'ignorons. C'est cela que dénonce Jésus dans ces, non pas malédictions, mais plutôt lamentations, sur les pharisiens et les hommes de loi, c'est-à-dire les spécialistes de la torah : ils croient bien faire ! Ils font une lecture littérale de cette torah, ils l'ont divinisée, elle a fini par prendre pour eux la place de YHWH lui-même.
C'est ce dont il est particulièrement question dans la première lamentation : ils paient la dîme, et se conforment de même à toutes les prescriptions édictées dans la torah, mais ils ne connaissent pas, au sens fort du terme, Dieu, celui qui est censé avoir édicté toutes ces règles. Ils ne connaissent pas son amour pour chacun d'eux personnellement. Mais c'est par là qu'il leur faudrait commencer ! Et partant de là, ils ne connaissent pas sa justice, c'est-à-dire que cet amour qu'il a pour moi il l'a aussi pour absolument toute personne et d'une manière absolument autant infinie pour chacune, ce qui m'invite, sinon m'oblige, à respecter absolument chacune et chacun de mes frères et sœurs en humanité.
C'est ainsi que nous prenant pour des êtres humains, nous n'en sommes en réalité que des apparences, car au-dedans de nous c'est en fait mort, et même pas mort car cela supposerait que cela ait été vivant auparavant : nous ne sommes simplement jamais nés, nés à notre véritable nature, notre vocation d'enfants de Dieu, car c'est ce que nous sommes réellement fondamentalement, des incarnations de Dieu. Et tant que nous ne le vivons pas, nous pouvons dire que c'est en vain que nous sommes venus à l'existence, c'est comme si larves nous prétendions rester éternellement à l'état larvaire. Quel gâchis ! il n'y a que d'ouvrir les yeux sur notre monde pour le constater...
Agrandissement : Illustration 1
« mais hélas pour vous les pharisiens !
car vous payez la dîme
sur la menthe et la rue et toute herbe
et vous passez à côté
de la justice et de l'amour de Dieu
cela était à faire
mais sans négliger ceci
hélas pour vous les pharisiens !
car vous aimez les premiers sièges dans les synagogues
et les salutations sur les places
hélas pour vous !
car vous êtes comme des sépulcres dissimulés
et les gens marchent dessus sans le savoir »
alors un des hommes de loi a répondu en lui disant
« maître ! en disant cela c'est nous aussi que tu insultes »
et il a dit
« hélas pour vous aussi les hommes de loi !
car vous chargez les gens
de charges accablantes
mais vous-mêmes vous n'effleurez pas ces charges
d'un seul de vos doigts »
(Luc 11, 42-46)