La connaissance de Dieu n'est pas une question d'intelligence, ce n'est pas une question de savoir, ce n'est pas comme les mathématiques ni la physique ni aucune des sciences, surtout pas les sciences dites dures, et à la limite on peut même connaître Dieu sans le savoir, on peut le connaître et être athée justement à cause de tous ceux qui le confondent avec ce qu'ils croient savoir de lui. La connaissance de Dieu est une expérience vécue, une manière d'être soi-même présent dans sa vie, témoin d'un au-delà de soi que l'on reçoit comme don.
Il y a ici toute la différence entre être et avoir. Être, ou vivre en s'émerveillant toujours de ce que chaque jour, chaque heure, chaque instant, peut nous apporter de beau, et se sentir ainsi vivre en harmonie, vibrant de toutes nos fibres en union avec ce que le monde nous offre et qui nous comble. Ou avoir, vouloir posséder, y compris posséder ce mystère de ce qui nous dépasse pourtant et nous dépassera toujours, nous construire alors une représentation de cet au-delà, lui édicter des règles qu'il devra suivre s'il veut que nous le respections, en somme le définir à notre mesure, pour que jamais nous ne puissions être surpris, ni en mal (ce qui pourrait se comprendre, personne n'aime le malheur...) mais hélas alors ni en bien non plus.
Il est certain que ces prétentions à vouloir définir cet au-delà de notre être s'enracine dans le mal, le mal vécu, ce qui nous fait mal, ce qui nous a fait du mal, tant individuellement que collectivement, et que c'est une tentative pour exorciser ce mal, pour nous garantir qu'il ne se reproduise pas, mais une telle tentative ne peut pas fonctionner, ce qui est au-delà de nous est... au-delà. Il n'y a pas de savoir, qu'il soit de type religieux mais non plus de type scientifique, qui puisse nous préserver de l'expérience de ce qui nous fait du mal ; contre cela, nous pouvons avoir toutes les explications les plus savantes possibles, elles ne changeront jamais rien à notre ressenti. Il n'y a pas d'édifice intellectuel de quelque domaine qu'il soit qui puisse lutter contre ça.
Quand l'enfant qui courait tombe et s'écorche les genoux, certes il s'agira de soigner sa plaie, mais ce qui le consolera le plus, ce qui lui permettra de se remettre à courir le plus tôt possible, ayant surmonté sa crainte que cela ne se reproduise, c'est d'avoir été compris par qui est déjà passé par la même expérience et qui l'a surmontée. Ce ne sont pas les grandes explications, les "attendus que" et "par conséquent", c'est ce qu'on peut appeler le témoignage de sa mère ou son père ou autre, qui l'aura rassuré. Et ce témoignage ne sera sans doute pas passé par des mots précis "tu sais moi aussi quand j'avais ton âge...", car ces mots-là en eux-mêmes ne suffiraient pas, et ne sont même pas forcément nécessaires, des gestes peuvent suffire, l'essentiel étant l'empathie manifestée par qui console.
L'empathie, la capacité à ressentir ce que l'autre ressent, voilà, c'est cela dont nous avons tous besoin, et que l'on cherche dans les démarches religieuses, mais qu'on n'y trouvera qu'en fonction des qualités personnelles des autres adhérents, et ce sans grand rapport avec les théologies, les édifices intellectuels théoriques qui les sous-tendent. On voit tout de suite qu'une telle définition du religieux convient aussi parfaitement à tout mouvement sectaire, avec ce ressenti de chaleur humaine dans les débuts, mais qui le plus souvent se finit en cauchemar, et dans le fond, la désaffection progressive pour les grandes religions dans notre monde est simplement du même type : les promesses ne sont pas tenues.
Ne reste plus alors qu'à faire comme le "fils", faire personnellement l'expérience de l'empathie du "père", connaître Dieu.

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en ce temps-là Jésus a répondu et dit
« je te loue père !
seigneur du ciel et de la terre
de ce que tu aies caché ces choses
à des savants et des intelligents
et que tu les aies révélées
à des simples
oui père !
tel fut le choix de ta bienveillance
tout m'a été confié par mon père
et nul ne connaît le fils
sinon le père
ni personne ne connaît le père
sinon le fils
et à qui le fils désire le révéler »
(Matthieu 11, 25-27)