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Billet de blog 19 septembre 2025

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Résumé de la situation

Décidément, un bien curieux bonhomme, que ce Jésus, aussi à l'aise avec les femmes qu'avec les hommes, avec les gens les plus simples que capable de séduire les plus hauts placés ! bref, toutes les qualités pour faire un homme politique redoutable.

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Luc nous mentionne ici ce qui a constitué l'essentiel de la première partie du ministère de Jésus : des tournées de prédication à travers la Galilée ; prédications accompagnées évidemment de guérisons, le succès ne pouvait être qu'au rendez-vous, jusqu'au moment où, sur un coup d'éclat exceptionnel (la multiplication des pains) ces foules, chauffées à blanc, voudront l'emmener de force à Jérusalem pour le faire reconnaître comme roi. On sait que Jésus ne se laissera pas faire, ce qui entraînera un désamour, une désaffection importante parmi ces fans, mais il en restera quand même qui s'accrocheront malgré tout à leur rêve. Pour ceux-ci, dont ceux qu'on appelle les douze, il décidera finalement d'y monter, à Jérusalem, mais pas pour s'y faire couronner, sinon d'une couronne d'épines...

La mention par Luc, de ces pérégrinations en Galilée, ici, à ce moment-ci de son récit, ne se rattache pas spécifiquement à ce qui précédait immédiatement ni à ce qui va suivre : d'une manière générale, il ne faut pas attribuer trop de vraisemblance à l'enchaînement des scènes dans les évangiles ; il y a eu effectivement cette première période galiléenne, et il y aura plus tard une montée à Jérusalem pour le drame final, montée que Luc va d'ailleurs mentionner très prochainement, avant de rapporter encore de très nombreux événements qui se sont pourtant sûrement passés pour la plupart encore en Galilée... voilà donc pour la notion de chronologie dans ces seuls récits que nous ayons au sujet de Jésus : on ne peut discerner que quelques très grandes lignes probables.

Une particularité intéressante de Luc, ici : cette mention de femmes qui les accompagnaient dans cette vie souvent itinérante ; qu'il n'y avait donc pas que des hommes. S'il n'y avait eu que les deux autres synoptiques, on ne se le serait même pas imaginé. Et de plus ces femmes jouent un rôle important, puisque ce sont elles qui apportent le "nerf de la guerre", ce sont elles qui investissent dans l'entreprise, ce sont elles qui alimentent la bourse commune ; peut-être pas en permanence, puisqu'il semble que la troupe bénéficiait aussi souvent de l'hospitalité des lieux dans lesquels ils se rendaient, mais quand il le fallait, et peut-être pour d'autres besoins que le gîte et le couvert, ce sont elles qui assuraient, nous dit Luc.

Et on note, outre Marie Madeleine dont parlent aussi les autres évangélistes, cette Jeanne, femme d'un ministre d'Hérode nommé Chouza. La plupart des traductions qualifient ce Chouza d'intendant, c'est effectivement le sens habituel du mot grec, mais concernant Hérode, la notion d'intendant n'a pas vraiment de sens, c'est pourquoi quelques traductions le qualifient d'administrateur, et de nos jours on dirait vraisemblablement plutôt ministre : ministre des finances. Quoi qu'il en soit, c'est certainement une personne haut placée dans son entourage, et comme par ailleurs Luc est le seul à nous donner plusieurs indications sur Hérode que n'ont pas les autres évangélistes, il est bien possible que ce Chouza, via Jeanne, ait été la source de ces informations, tant sur Hérode que sur ces femmes qui avaient participé à l'aventure.

Quand on pense aussi à l'évangéliste Jean, cet homme assez proche du grand prêtre de Jérusalem pour pouvoir ordonner à la concierge de son palais de laisser entrer Pierre dans la cour (imaginer : qui pourrait ordonner aux gardes de l'Élysée de laisser y entrer un parfait inconnu...?), on se rend compte que l'image, qu'on se fait souvent, d'un Jésus qui n'aurait su séduire que des foules plus ou moins simples d'esprit, doit être remise en cause. Qu'on pense encore à l'entretien avec Nicodème, un des plus éminents pharisiens dans tout Israël, ainsi qu'à Joseph d'Arimathie, membre avec ce dernier du grand sanhédrin, celui de Jérusalem...

Décidément, un bien curieux bonhomme, que ce Jésus, aussi à l'aise avec les femmes qu'avec les hommes, avec les gens les plus simples que capable de séduire les plus hauts placés ! bref, toutes les qualités pour faire un homme politique redoutable. Dommage que cela ne l'ait pas intéressé ?

Illustration 1

et il arriva ensuite
qu'il passait par ville et village
    prêchant et proclamant
    la bonne nouvelle du royaume de Dieu

et les douze avec lui

et plusieurs femmes
    qui avaient été guéries
    d'esprits mauvais et d'infirmités
Marie dite la Magdaléenne
    de laquelle sept démons étaient sortis
et Jeanne femme de Chouza
    un ministre d'Hérode
et Suzanne,
    et de nombreuses autres

qui les servaient de leurs propres biens

(Luc 8, 1-3)

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