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Billet de blog 22 mai 2024

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Ces différentes factions pouvaient, si l'occasion s'en présentait, aller jusqu'à se massacrer les unes les autres (mais il est vrai pour des questions de pouvoir, comme d'ailleurs dans toute guerre dite "de religions")

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a en général de nombreux chemins possibles pour atteindre le sommet d'une montagne, et aucun d'eux ne peut se revendiquer comme étant "le meilleur", chacun a ses caractéristiques propres, ses avantages et ses inconvénients. L'un peut revendiquer d'être le plus rapide, mais avec pour contrepartie de ne pouvoir être pratiqué que par des athlètes boostés aux hormones et surentraînés, quand un autre demandant un temps particulièrement long sera cependant celui qui offre les plus beaux points de vue sur le paysage alentour... Pour les uns, c'est l'effort, la dépense physique, qui importe plus que tout, pour les autres, c'est plutôt le plaisir des sens, et on ne peut pas dire que les uns aient tort et les autres raison.

Il en va de même pour ce qui est des traditions spirituelles, aussi diverses puissent être leurs caractéristiques propres, toutes mènent au même "sommet", et ceci ne vaut pas seulement entre les grandes divisions (hindouisme, bouddhisme, taoïsme, christianisme, judaïsme, islam...) mais aussi à l'intérieur de chacune : il n'y a pas un hindouisme mais une multitude, il n'y a pas un bouddhisme mais une multitude, etc. À l'époque de Jésus, il en était de même pour le judaïsme, Jésus lui-même était clairement d'obédience pharisienne, donc sans guère d'affinités avec l'obédience sadducéenne, sans même parler des esséniens, et ces différentes factions pouvaient, si l'occasion s'en présentait, aller jusqu'à se massacrer les unes les autres (mais il est vrai pour des questions de pouvoir, comme d'ailleurs dans toute guerre dite "de religions").

Pour se revendiquer d'une obédience ou d'une autre, il suffisait d'être devenu disciple d'un maître (rabbi) de cette obédience, lequel avait aussi auparavant été disciple d'un maître, etc. On se rattachait ainsi à des lignées de maîtres censées remonter dans la nuit des temps, et un disciple était dit "suivre" son maître. Quand Jésus dit à Pierre "passe derrière moi, Satan", ce "derrière moi" veut lui rappeler que le disciple est censé "suivre" son maître, et non pas l'inverse en prétendant lui dire ce qu'il a à faire (en l'occurrence, Pierre affirmait à Jésus qu'il n'était pas question qu'il se laisse mettre à mort, et Pierre aurait donc voulu que Jésus le suive, lui Pierre, sur ce point !).

Cet homme qui prétend alors exorciser les démons "au nom de Jésus", alors qu'il ne fait pas partie (et n'a jamais fait partie) de ses disciples reconnus par lui, enfreint donc toutes les règles. Pour pouvoir se dire disciple d'un maître, il faut au moins que ce dernier l'ait personnellement accepté. Cet homme est comme une sorte d'électron libre, et la réaction des disciples peut se comprendre comme un souci de protéger la pureté de l'école dont ils se réclament eux-mêmes. On a ici le germe de ce qui deviendra un souci majeur dans le christianisme, que celui-ci fonctionne comme une marque déposée, définir les règles selon lesquelles on a le droit ou pas de se réclamer de Jésus, élaborer tout un édifice théologique dogmatique, comme si c'était plus important que la personne elle-même !

Illustration 1

    Jean lui disait
« rabbi, nous avons vu quelqu'un
    qui exorcise les démons en ton nom
et nous l'empêchions
    parce qu'il ne nous suivait pas »
    mais Jésus a dit
« ne l'empêchez pas !
car il n'y a personne
    qui fera un miracle en mon nom
    et pourra aussitôt dire du mal de moi
ainsi qui n'est pas contre nous
    est pour nous »

(Marc 9, 38-40)

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