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Billet de blog 23 mai 2025

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Le serviteur ne connaît pas...

...mais je vous ai dits des amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père je vous l'ai fait connaître ; n'est-ce pas vous qui m'avez choisi et non moi qui vous ai choisis ? et je vous ai établis afin que vous alliez et portiez du fruit vous, et que votre fruit demeure

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

S'aimer les uns les autres comme lui l'a fait : en leur consacrant sa vie, en la donnant pour eux, en se sacrifiant ; il ne s'agit pas nécessairement d'aller jusqu'au martyr ! Mais cela suppose quand même d'avoir suffisamment de détachement par rapport à soi-même pour comprendre que notre moi, notre personne, n'est pas ce qui importe le plus en nous, et d'ailleurs, que cela n'existe même pas en soi, par soi-même, que cela ne vient pas de moi mais m'a en premier été donné. En fait, si on parle ici de donner sa "vie", le mot grec est cependant "psyche", ce n'est donc pas seulement de son corps mais aussi de son âme, son psychisme, de tout son être, qu'il est question.

Faire cela n'est alors possible que si on sait, si on connaît, d'expérience et non pas seulement de croyance, que ce corps et cette âme, notre personne, n'est pas le tout de ce que nous sommes ; si on sait, si on connaît, d'expérience, cet autre qui nous habite, cet autre qui est notre être véritable, Dieu, que Jésus appelait le Père, son Père, notre Père. À partir de là, oui, on devient capable, si cela peut servir à quelque chose, de sacrifier ce qu'on doit bien qualifier de notre être second, notre personnalité. Si cela peut servir, comme Jésus l'a fait, donnant ainsi le témoignage implicite, comme en sous-entendu, de la présence de cet autre en lui.

Il l'avait déjà révélé au cours de sa vie, laissant transparaître cette présence, comme par transparence : qui le voyait voyait le Père, ce qu'il disait c'était ce que le Père voulait dire, ce qu'il faisait c'était ce que le Père voulait faire, mais eux étaient tellement loin de tout cela (et, à leur place, nous aurions été comme eux, il ne faut pas se raconter d'histoires), qu'après le leur avoir dit et redit, et ici encore, il fallait qu'il leur en donne le témoignage final, la clé qui scellait ses paroles, qui leur permettrait, peut-être, de les pénétrer enfin, de les comprendre, la preuve dans les faits : oui, il pouvait littéralement donner sa vie pour eux.

C'est pour cela que dans cet évangile de Jean, il n'y a pas à proprement parler de Passion, on ne nous montre pas un Jésus souffrant, ou si peu, à peine une allusion. Bien sûr, on n'imagine pas que cela ait été une partie de plaisir, mais ce n'est pas cela qui intéresse l'auteur, ce n'est pas un supposé rachat au prix de souffrances au-delà de toute imagination possible, c'est simplement ce témoignage de sa certitude, de son savoir, de sa connaissance, que ce qui meurt de nous, quand nous mourons, est parfaitement secondaire ; non sans intérêt ni utilité, mais second ; ce qui importe, c'est l'esprit, qui n'est pas la même chose que la pensée, le mental, les sentiments ; l'esprit qui n'est pas le psychisme, et non plus le corps évidemment...

Illustration 1

tel est mon commandement
    que vous vous aimiez les uns les autres
    comme je vous ai aimés
personne n'a de plus grand amour que celui-ci
    de consacrer sa vie à ses amis
vous êtes mes amis
    si vous faites ce que moi je vous commande
    
je ne vous appelle plus des serviteurs
    parce que le serviteur ne connaît pas
    ce que fait son seigneur
mais je vous ai dits des amis
    parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père
    je vous l'ai fait connaître
n'est-ce pas vous qui m'avez choisi
    et non moi qui vous ai choisis ?
et je vous ai établis
    afin que vous alliez et portiez du fruit vous
    et que votre fruit demeure
aussi quoi que vous demandiez au Père en mon nom
    il vous le donnera

tout ce que je vous commande
    c'est que vous vous aimiez les uns les autres

(Jean 15, 12-17)

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