N'est-ce pas évident qu'il ne suffit pas de regarder un tuto sur internet pour savoir faire ceci ou cela ? il nous faudra aussi passer à l'acte... De même, si nous apprenons un métier, il ne suffira pas d'écouter des cours théoriques, encore faudra-t-il les apprendre, les retenir, et surtout les mettre en pratique : pas seulement savoir des choses, mais les connaître concrètement par l'expérience. Eh bien, est-ce surprenant qu'il en aille de même avec l'enseignement de Jésus ? qu'il ne suffise pas d'en avoir tiré une splendide théologie qui nous explique que Dieu est à la fois un et trois et tant d'autres merveilleux principes qui ne nous seraient jamais venus à l'esprit, et de nous pâmer d'extase devant ces "splendeurs de la vérité".
Mais même si nous laissons de côté ces envolées, dont il faut bien dire que pour la plupart d'entre nous nous n'y comprenons pas grand chose, il reste encore l'enseignement lui-même, plus concret : aimer. Quoi de plus beau effectivement si nous nous aimions tous, si nous vivions tous en harmonie, toujours attentifs à ne blesser personne, attentifs aux besoins des uns et des autres, jusqu'à donner notre vie pour eux si nécessaire. Oui, ceci peut-être nous parle-t-il déjà plus facilement, du moins tant que je me représente surtout que ce seront les autres qui auront ces prévenances à mon égard, moi qui serai l'objet de leurs attentions, bref, que je n'aurai rien à faire personnellement, besoin en fait de rien donner, seulement de recevoir.
Voilà donc où nous en sommes après ce long discours de Matthieu, son "sermon sur la montagne", ces trois chapitres de recommandations, qui ne nous surprennent peut-être plus trop après deux millénaires de christianisme (toujours pour ce qui est de la théorie...), mais qui ont certainement semblé terriblement exigeantes pour ceux qui les ont entendues, tout comme elles le sont encore aujourd'hui pour nous : interdiction du divorce, amour des ennemis, y réfléchir à trois fois avant d'affirmer quoi que ce soit... Non, comme l'ont dit les disciples pour le divorce, mieux vaut alors ne pas se marier du tout, ne pas s'engager dans la vie, et de même pour le reste, finalement évitons toute relation sociale, comme ça au moins nous ne serons tenus à rien.
On notera que c'est précisément ce vers quoi s'oriente notre société, nous devenons de plus en plus anonymes les uns aux autres, nos relations deviennent de plus en plus virtuelles, nous sommes des numéros, à peine encore des individus, déjà presque plus des personnes. C'est que ce n'est pas si facile de se donner, en vrai, pour d'autres êtres de chair et de sang, avec leurs faiblesses et même leurs défauts. Comment ! pourquoi irais-je faire des efforts pour des gens qui, visiblement, ne m'arrivent pas à la cheville, ne savent même pas pourquoi ils sont là sur terre, n'ont des centres d'intérêt que triviaux, de buts que terre à terre, qui ne pissent pas plus haut que le bout de leur nez et encore.
Oui, pauvre humanité si on la regarde sous cet aspect. Et puis à côté de ceux-là, de ceux qui s'enferment dans leur tour d'ivoire, en voici d'autres qui, eux, accomplissent monts et merveilles, qui prophétisent, qui guérissent, qui font des miracles ; suivez-nous, disent-ils, avec nous vous verrez ce que vous verrez, et de promettre des lendemains qui chantent grâce à la fée électrique et tous les progrès de notre science, il n'y aura plus de pleurs, nous deviendrons immortels, la semaine des quatre jeudis pour tous, la civilisation des loisirs, le paradis sur terre. Hum ! on dirait bien pourtant que finalement il ne serait réservé qu'à un tout petit petit petit nombre, cet avenir radieux, et encore.
Pourquoi ? comment cela se fait-il ? c'est quoi le problème avec ce concept du progrès ? y aurait-il un tout petit quelque chose qu'on aurait oublié au passage ?

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« ce n'est pas quiconque me dit "seigneur ! seigneur !"
qui entrera dans le royaume des cieux
mais qui fait la volonté de mon père dans les cieux
beaucoup me diront en ce jour-là
"seigneur ! seigneur ! n'avons-nous pas
prophétisé en ton nom ?
et expulsé des démons en ton nom ?
et fait de nombreux miracles en ton nom ?"
et alors je leur déclarerai
"jamais je ne vous ai connus
éloignez-vous de moi vous qui faites le mal !"
quiconque donc entend ces paroles miennes
et les fait
ressemblera à un homme sage
qui a bâti sa maison sur le rocher
et la pluie est tombée
et les torrents ont dévalé
et les vents ont soufflé et se sont rués sur cette maison
mais elle n'est pas tombée
parce qu'elle avait été fondée sur le rocher
et quiconque entend ces paroles miennes
et ne les fait pas
ressemblera à un homme imbécile
qui a bâti sa maison sur le sable
et la pluie est tombée
et les torrents ont dévalé
et les vents ont soufflé et se sont heurtés à cette maison
et elle est tombée
et grande fut sa chute »
et il arriva quand Jésus eut achevé ces paroles
que les foules étaient frappées par son enseignement
car il les enseignait comme ayant autorité
et non comme leurs scribes
(Matthieu 7, 21-29)