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Billet de blog 26 septembre 2025

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Messie ? mais non ?

On joue à cache-cache ! à mots plus ou moins couverts, du moins pour nous, les "chrétiens", qui ne connaissons plus le contexte duquel nous sommes issus...

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De nouveau cette même question que nous avions hier,  au sujet de Jésus : qui est-il, que disent les foules à son sujet ? et de nouveau exactement les mêmes réponses : soit Jean le Baptiste, soit Élie, soit à défaut un quelconque parmi les prophètes du passé. Au risque de me répéter, ce qu'il faut bien comprendre au sujet de ces réponses, c'est qu'elles ne sont que des variations sur un même thème ; en fait, elles signifient toutes que Jésus soit "le" messie. En effet, l'origine de l'espérance en cette figure qui devrait résoudre tous les problèmes, la solution finale en somme (malgré les résonances tragiques de cette formule), vient d'une prophétie faite par YHWH à Moïse et transmise par ce dernier, à savoir que, un jour, YHWH donc susciterait au sein d'Israël un prophète aussi grand que lui, Moïse.

En faisant alors référence à l'un ou l'autre des plus grands prophètes qui se soient levés en Israël depuis Moïse, il ne s'agit pas de croyance en la réincarnation (quoique pour Élie ce serait presque le cas, puisque ce dernier n'est pas mort mais est monté tout vivant au ciel...), mais plus simplement de dire que le messie, et donc Jésus puisque c'est de lui qu'on parle, manifesterait un esprit semblable à celui de l'un de ces prophètes. Il est remarquable à ce sujet que Jean le Baptiste soit mentionné en premier, ceci étant dû au fait qu'il vient juste de décéder et que son souvenir est encore très vivace dans les esprits. Vient ensuite Élie, qui est effectivement considéré par la plupart comme le plus grand prophète après Moïse, et enfin un quelconque parmi tous les prophètes du passé ferme simplement le ban en ne se prononçant pas sur lequel, mais il est donc parfaitement clair, sans aucune ambiguïté, que toutes ces réponses signifient que Jésus est considéré comme le messie...

Quand, donc, Pierre affirme que Jésus est "le messie de Dieu", finalement il ne fait que dire exactement la même chose que les foules, c'est juste qu'il ne cherche pas à se prononcer sur quel mode Jésus l'est, dans quel esprit il l'est, ce fameux messie : il n'y a là vraiment absolument rien d'exceptionnel ni même d'original ! et il n'y a que Matthieu à prétendre que Jésus ait félicité Pierre pour cette "audace", allant jusqu'à dire que ce serait là le fruit d'une grâce spéciale que lui aurait fait le Père... Vraiment, quelle originalité que de dire ce que tout le monde dit ! Par contre, ce qui est commun à Marc et Luc, c'est que Jésus les engueule, et dans les trois synoptiques il leur interdit de dire qu'il serait le messie.

Il est bien sûr possible de discuter ensuite sur cette interdiction. Ce qui est certain, c'est qu'elle est liée à cette annonce qui vient tout de suite comme justification de cette consigne, que messie ou pas messie, en tout cas cela va très mal se finir pour lui, ce qui en aucun cas ne peut coïncider avec cette idée du messie : s'il est vrai que très souvent les prophètes qui se sont levés en Israël ont été rejetés, y compris jusqu'à la mise à mort, par ceux-là mêmes auxquels ils avaient été envoyés, avant de finir par être réhabilités, un tel scénario n'était pas envisageable, et je crois bien toujours pas envisageable du point de vue du judaïsme, pour ce qui concerne ce tout dernier des prophètes que doit être le messie.

En sorte qu'on peut comprendre l'interdiction de la part de Jésus de dire qu'il serait le messie des deux manières, mais qui reviennent au même : non, il n'est pas le messie, puisqu'il va être mis à mort ; ou oui, il est le messie, mais pas comme Israël se le représente. Et nous en sommes toujours là deux mille ans plus tard. Mais du point de vue des "chrétiens" (et rappelons-nous que ce mot signifie très précisément "ceux pour lesquels Jésus est le messie", puisque "christ" est le même mot en grec que "messie" en hébreu), est-il bien juste de s'annexer ainsi, en quelque sorte, ce qui reste la foi des Juifs ? n'est-ce pas d'une certaine façon considérer que leur espérance à eux est vaine et sans objet, au lieu que de reconnaître plus simplement que le "christianisme" est une déviation du judaïsme, pas plus illégitime que ce dernier, mais sans apposer pour autant à ce même dernier l'étiquette de "voie sans issue" ?

Illustration 1

et il est arrivé
quand il était à prier seul
    que ses disciples venaient à lui
    et il les a interrogés en disant
« qui disent-elles que je suis ? les foules »
    et eux répondirent en disant
« Jean le baptiseur
et d'autres Élie
et d'autres qu'un des anciens prophètes s'est relevé »
    alors il leur a dit
« mais vous ? qui dites-vous que je suis ? »
    alors Pierre a répondu en disant
« le messié de Dieu ! »
    mais il les a engueulés
et leur a ordonné de ne dire cela à personne
    en affirmant
« le fils de l'homme va beaucoup souffrir
et être rejeté
    par les anciens et les grands prêtres et les scribes
et être tué
et être réveillé le troisième jour »

(Luc 9, 18-22)

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