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Billet de blog 30 juillet 2025

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Un trésor ! une perle !

La perspective d'une fin du monde et des temps, si elle pouvait se comprendre encore jusque vers le début du vingtième siècle, n'est désormais plus du tout crédible, à part pour des évangéliques délirant sur le rétablissement de la souveraineté d'Israël...

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Changement de ton chez Matthieu, après les perspectives eschatologiques binaires, il revient au présent. La parabole de l'ivraie voulait répondre à des questions existentielles, toujours d'actualité : pourquoi y a-t-il du mal dans le monde, et particulièrement pourquoi Dieu permet-il que certains se comportent mal. Il faut se rappeler que ces tout premiers chrétiens auxquels étaient destinés les évangiles croyaient à un retour très proche de Jésus ; la parabole leur demandait alors de seulement savoir patienter, supporter ces exactions, juste pour ce très peu de temps qui les séparait de ce retour, et à ce moment-là il y aurait reddition des comptes, séparation entre les élus et les damnés, entre le bon grain et l'ivraie.

Il y a donc dans les évangiles des matériaux de ce genre, qui parlent d'un royaume qui doit s'instaurer un jour pour tout le monde, collectivement, après un passage par un jugement dernier. Et puis il y a aussi des matériaux comme celui d'aujourd'hui, qui parlent d'un royaume accessible individuellement et donc à n'importe quel moment ; plus question ici d'avoir à attendre une fin du monde et des temps, cela peut se produire immédiatement. Pour certains cela peut même arriver sans qu'ils l'aient le moins du monde cherché, tel celui qui tombe sur ce trésor caché depuis longtemps et oublié par la suite. Pour d'autres, c'est quand même suite à une recherche, c'était ce qui les motivait dans leur vie, tel celui qui fait commerce de perles et en découvre une exceptionnelle.

Mais pour l'un comme pour l'autre, même le second, la découverte ressemble à un cadeau ; même pour le négociant en perles précieuses, l'émerveillement dépasse ce qu'il espérait jamais trouver, ce qui justifie que tous les deux vendent alors tous leurs biens : c'est toute leur vie jusque là qui est désormais reléguée aux oubliettes, comme si elle n'avait jamais existé, ou alors, plus exactement, comme si elle n'avait existé que pour permettre d'accéder à cette autre vie, comme si celle-ci n'avait jamais eu d'autre sens que celle-là, qui dépasse tellement tout ce qu'ils auraient pu imaginer...

Comment alors concilier ces deux types de perspectives : le royaume individuel ici et maintenant, et le royaume collectif de la fin des temps ? mais sont-elles seulement conciliables ? Comme vu hier, cette perspective de fin du monde et des temps, si elle pouvait se comprendre à l'époque de Jésus et même encore jusque vers le début du vingtième siècle, n'est désormais plus du tout crédible ; notre univers, notre système solaire, notre planète même sont encore là pour bien plus de temps que toute l'histoire passée de l'aventure humaine et même plus longtemps que l'histoire de l'aventure de la vie sur terre ; quant à croire à un retour de Jésus après plus de deux mille ans : pourquoi cela se produirait-il maintenant, qu'est-ce qui pourrait le justifier, plus que n'importe quand auparavant ou n'importe quand ultérieurement ? à part les évangéliques qui délirent que cela tiendrait au rétablissement de la souveraineté d'Israël sur toute "sa" terre...?

Soyons sérieux ! il n'y aura pas de retour de Jésus, il n'y aura pas de fin du monde et des temps ; le royaume ou règne de Dieu, on y accède individuellement, et c'est ce que Luc comme Jean ont appelé la venue de l'Esprit, mais : d'une part, s'il y a bien un avant et un après de cette expérience, si on peut dire qu'on a reçu l'Esprit ou qu'on est entré dans le royaume, cela ne signifie pas qu'on est au bout du chemin mais plutôt que c'en est le commencement... et d'autre part, d'y être entré étant cependant effectivement un événement tellement extraordinaire et essentiel, on ne peut alors qu'avoir envie que tout le monde puisse y accéder, ce en quoi cet événement individuel implique aussi une dimension collective, mais restant entendu que personne ne peut en faire l'expérience à la place des autres. On peut seulement accompagner vers cette expérience de la métanoïa, comme l'appelaient encore les premiers chrétiens qui la firent (ou de la seconde naissance dans de nombreuses autres traditions) ; accompagner, appeler éventuellement, encourager, mais le reste est entre Dieu et chacune et chacun.

Illustration 1

    le royaume des cieux est semblable à

dans le champ un trésor avait été caché
    qu'un homme a trouvé
    et il l'a caché
et dans sa joie il va et vend tout ce qu'il a
et il achète ce champ-là

    le royaume des cieux est encore semblable à

un marchand cherchait de belles perles
    et il a trouvé une perle de grande valeur
et il s'en est allé et a vendu tout ce qu'il avait
et il l'a achetée

(Matthieu 13, 44-46)

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