Samedi 15 mars, la journée internationale de francophonie est célébrée à Tallinn par diverses manifestations. Malgré les efforts des ambassades, l’initiative ne semble pas susciter un enthousiasme débordant. Les médias estoniens, d’habitude si prompts à rendre compte en détail de la moindre exposition canine, ne consacrent pas une phrase à l’événement.
La projection gratuite du dessin animé de Serge Elissalde, U, dans la belle salle du cinéma Sõprus (« L’amitié »), ne fait pas vraiment salle comble. Elle n’offre pas non plus une occasion idéale d’entendre du français : la traduction estonienne est lue en direct par une comédienne locale qui incarne tous les personnages. On n’entend plus les dialogues originaux, et quand on écoute la traduction il est difficile de comprendre quel personnage parle. Heureusement, les sous-titres anglais permettent de s’y retrouver. Vive la francophonie !
Un peu plus tard, dans la grande salle de la bibliothèque nationale, la partie officielle de la fête se déroule assez mollement. Les discours se succèdent, qui ressemblent à tous les discours. Un concours de mise en scène théâtrale lancé auprès des lycéens n’a suscité que deux candidatures. Les ambassadeurs de France, de Belgique et du Canada remettent les prix du concours d’orthographe qui a eu lieu le matin (une soixantaine de candidats), mais la plupart des lauréats sont absents. Le vainqueur du concours de nouvelles, lui, est bien venu toucher son prix : un séjour d’une semaine à La Rochelle. Des lycéens poussent la chansonnette, une danseuse de hip-hop se livre à quelques déhanchements. Les fêtes scolaires peuvent être chaleureuses et sympathiques. Mais ici la mayonnaise ne prend pas. Les discours officiels ont-ils plombé l’ambiance? Le public est-il trop clairsemé? Les numéros ont-ils été préparés par obligation plus que par plaisir? Impossible de savoir avec certitude. On note que le « lycée français » de Tallinn (la principale école de la ville où l’on enseigne notre langue) n’a envoyé sur scène aucun de ses élèves. Le spectacle, promptement expédié, se termine avec une demi-heure d’avance.
La journée de la francophonie se conclut par un cocktail (sic!), qui attire déjà nettement plus de monde. Le gratin francophone local s’y mêle aux lycéens. On y vient depuis Tartu, Paldiski, voire Moscou (!), pour y voir en une seule fois tous les gens qu’on n’a pas l’occasion de croiser au quotidien. Là, un verre de vin rouge à la main, en dégustant un délicieux strudel au fromage blanc 100 % estonien, on pourrait presque croire à la francophonie, à la volonté sincère de notre beau pays de promouvoir sa langue et sa culture à l’étranger. Et on oublierait presque que les crédits affectés à cet usage en Estonie ne cessent de diminuer depuis des années et ont connu en 2008 une baisse particulièrement dramatique.