chapitre VIII
2001
Les États-Unis de Georges Bush Jr,
c'est Magritte à Bagdad en 2003 affirmant :
“Ceci n'est pas une guerre“ .
Aujourd'hui la guerre, Catherine Hass, 2019

Agrandissement : Illustration 1

La crise financière asiatique de 1998 qui frappe l’économie des pays d’Asie du sud-est et dans une moindre mesure les pays émergents (Russie, Argentine et Brésil) ne touche que légèrement les pays occidentaux. Depuis la disparition de l’Irak sur le marché du pétrole pour cause d’embargo, l’Arabie Saoudite et le Venezuela se livrent une guerre des parts de marché qui aboutie logiquement à une baisse des prix. Les USA connaissent une période de forte croissance (parfois jusqu'à 5%) telle qu’elles n’en avaient pas vécues depuis les années soixante. Et le baril de brut à 12 $, n’y est pas pour rien.
Mais à la fin des années 1990, les grandes firmes pétrolières prennent aussi conscience que l’ère du pétrole conventionnel bon marché (à faible coût d’extraction) est bientôt révolue. Le cours du pétrole très bas, empêche tout investissement et surtout la recherche de nouveaux gisements. Alors à défaut d’investir elles vont procéder à des actions financières en fusionnant ou en rachetant leurs concurrents. Exxon rachète Mobil pour 82 milliards de dollars. BP et Amoco fusionnent pour former la troisième compagnie mondiale pesant 110 milliards de dollars. Et Total rachète Elf suite au « plus gros scandale politico-financier et de détournements de fonds dans une démocratie occidentale depuis la fin de la seconde guerre mondiale »1. Dans le Golfe du Mexique et en mer du Nord il faut forer toujours plus profond ce qu’un baril à 12 dollars ne permet pas. On s’intéresse aux sables bitumineux du Canada, mais leur coût d’extraction est encore trop élevé. La production des USA décroit. En 1993 quand Bush quitte la Maison-Blanche les USA importent pour la première fois plus de pétrole qu’ils n’en produisent. En 1998, 60% de leur consommation arrive de l'extérieur de leurs frontières. Leur dépendance vis-à-vis du pétrole étranger ira en s’accentuant jusqu’en 2007 et le début de la révolution des huiles et gaz de schistes. Il leur faudra attendre 2018 pour que la tendance s'inverse et que les exportations reprennent le dessus.
L’Arabie Saoudite, le financement du terrorisme et le déclin pétrolier
Un article2 paru un mois après les attentats du Wolrd Trade Center révèle que la CIA maintenait depuis des années une surveillance sur la famille royale saoudienne. Les américains étaient donc au courant depuis 1996 que la corruption de la famille royale servait à soutenir des groupes extrémistes en Afghanistan, au Liban, au Yémen et en Asie Centrale et donc potentiellement Ben Laden dont la famille était proche du pouvoir. Dans les conversations interceptées par la NSA, les membres de la proches du clan Saoud parlent ouvertement des façons d’escroquer l’État et du « pourcentage acceptable » de leurs commissions. Les revenus pétroliers de l’Arabie Saoudite servent à financer l'expansionnisme wahhabites dans le monde mais aussi le terrorisme, et George Bush, qui a d’ailleurs des liens avec la famille Saoud, allait après le 11 septembre s’évertuer à masquer ce lien.
Si politiquement le pays paraît instable, il met aussi à l'épreuve la dépendance énergétique des américains. Le fait que les ressources saoudiennes de brut soient continuellement surévaluées est connu. Les chiffres avancés depuis des années par les compagnies pétrolières sont faux. Les majors accroissent leur poids et leur influence financière rassurant ainsi les marchés financiers. De 1982 à 1991, les réserves totales des pays de l’OPEP ont connu une croissance de 65% sur papier, sans qu’aucune découverte importante ne justifie cette hausse. C’est ce qu’essaie de démontrer l’Association for the study of peak oil and gas affirmant que ces ressources sont constamment surévaluées pour des raisons boursières et politiques3. La moitié de la valorisation boursières des entreprises pétrolières dépend de leurs réserves. Officiellement Shell dispose de 11 ans de ressources, BP de 13 ans ce qui signifie qu'avant même d'être sorti de terre ce pétrole est transformé en actif financier.
Sécuriser l’approvisionnement énergétique
En avril 1998 le département américain de l’énergie publie une feuille de route4 sur la stratégie énergétique nationale. On peut y lire que les nations importatrices, au premier rang desquelles la Etats-Unis, « sont vulnérables », et que cette dépendance vis-à-vis du Moyen-Orient, où se trouve les deux tiers des ressources, « est excessive ». S’il faut diversifier les sources d’approvisionnement, il est aussi possible de minimiser le risque sur le gisements du Golfe Persique, en « coordonnant les politiques avec les alliés » ou en « améliorant la réserve stratégique de pétrole du pays ».
A l’automne 1999, le PD-G d’Haliburton, Dick Chesney fait une intervention remarqué à l’Institut londonien du pétrole. Il rappelle que le fait d’ “ extraire du pétrole est une activité caractérisée par l’auto-épuisement“. Chaque année l’industrie pétrolière doit trouver des ressources équivalents à ce qu’elle a extrait l’année précédente ne serait-ce que pour maintenir sa production stable. Sauf que la demande croît. Pour maintenir la production stable ou pour répondre à de nouvelles demandes il faut trouver de nouveaux gisements. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La demande en pétrole croît de 2% par an, le déclin des ressources est de 3%5. Il faut donc de toute urgence trouver de nouveaux gisements. Sauf que 90% des gisements sont exploités par des gouvernements ou des compagnies nationales. « les compagnies occidentales n’ont plus le pouvoir des cartels d’antan. Parmi les vingt plus grosses sociétés pétrolières du monde, quinze sont désormais des entreprises publiques qui contrôlent 80% des réserves mondiales et de gaz »6 . La conclusion de l’intervention de Chesney est importante : le Moyen-Orient détient les deux tiers des ressources mondiales et possède le coût d’exploitation le plus bas du monde. On comprend donc en filigrane qu’il s’agit pour les américains de remettre la main sur des gisements au Moyen-Orient.
Une force montante : les néoconservateurs
Parallèlement à ce constat énergétique, une force politique qualifiée de néoconservatrices est train de monter. En 1997 est fondé le Think Tank néoconservateur Project for the new american century (PNAC). On retrouve en son sein, les néoconservateurs aussi qualifiés de “faucons“ présents dans la politique américaine depuis les années 1970. En retrait des affaires sous la présidence démocrate de Clinton, ils allaient revenir aux affaires en 2000 avec l’élection de Bush Jr. Parmi eux Dick Chesney. En janvier 1998 dans une lettre ouverte à Clinton ils appellent à en finir avec Saddam Hussein suite au refus du dictateur irakien d’accueillir les inspecteurs de l’UNSCOM sur plusieurs sites sensibles et face aux menaces que ce dernier fait peser avec ses armes de destructions massives. Durant l’année 1998 Saddam va alors jouer au chat et à la souris, interdisant aux inspecteurs de faire leur travail, puis les autorisant de nouveau face aux menaces américaines. Mais le 15 décembre, devant un énième refus du Raïs, Richard Butler le chef de l’UNSCOM remet un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU sur une crise survenue en novembre. On peut y lire que l'Irak n'a pas fourni la « coopération promise » aux inspecteurs. Les américains considérants la crise comme grave s'autorisent à frapper sans autorisation des Nations-Unies. Deux jours plus tard débute l'opération Desert Fox qui durera quatre nuits. Le secrétaire général de l'ONU n'a pas été prévenu. La France, la Russie et le monde arabo-musulman déplorent le recours à la force. Bagdad interdira désormais la visite des inspecteurs de l'UNSCOM et établira comme préalable à toute négociation la levée de l'embargo.
C’est donc dans ce contexte, que le Think Tank PNAC fait pression sur Clinton pour en finir avec Saddam Hussein. Parmi les signataires on retrouve trois personnes qui accéderont aux plus hautes fonctions de l’état en 2001 avec l’élection de Bush : Chesney, Rumsfeld, Daniel Pearle et Paul Wolfowitz.
Revenons brièvement sur leur carrière. Chesney commence dans la politique comme chef de cabinet de Ford en 1974. Il devient ensuite ministre de la défense de Bush père entre 1989 et 1993. Il sera au cœur de la première guerre du Golfe. Après l'élection de Clinton il passe dans le privée et devient président de la firme pétrolière Halliburton. Entre septembre 1998 et décembre 1999, via des filiales il demande au comité des sanctions de l’ONU le droit de vendre à Bagdad pour 23,8 millions de dollars. Il est pourtant un partisan acharné de la guerre contre l’Irak lui qui en 1996 protestait contre les sanctions envers le régime de Saddam “Le problème c’est que le Bon Dieu n’a pas toujours jugé souhaitable de placer les ressources de gaz et de pétrole dans des pays à régime démocratique7“. Il sera le vice-président de Bush.
Rumsfeld ensuite, secrétaire de la défense sous Carter il “a toujours su savamment organiser ses allers et retours entre les fonctions officielles et ses lucratives affaires privées qui lui ont permis d’amasser une belle fortune“8. En 1983, alors PDG d’un laboratoire pharmaceutique et phytosanitaire, qui sera racheté plus tard par Monsanto, il est envoyé par Reagan à Bagdad en pleine guerre contre l’Iran, pour serrer la main à Saddam Hussein et lui vendre un pipeline. Il sera secrétaire de la défense sous Bush Jr. Et enfin Paul Wolfwitz président de la banque mondiale de 2005 à 2007. Consultant pour des firmes de l’armement il sera secrétaire adjoint à la défense de Bush. Pour la presse, il ne mérite par le titre de “faucon“ mais de “velociraptor“. Le 13 septembre 2001, alors que les ruines du Wolrd Trade Center étaient encore fumantes il désigne comme responsable Saddam Hussein en affirmant qu’il faut « en finir avec les états qui parrainent le terrorisme ». La doctrine Wolfowitz, théorisé en 1992 et rendue publique par le New York Times, reprend celle de Carter et Kissinger : bloqué tout pouvoir qui pourrait remettre en question l’hégémonie des USA (Russie), priorité à des opérations militaires préventives au détriment de la diplomatie, unilatéralisme et leadership américain au détriment des coalitions et des instances internationales. On retrouvera beaucoup d'aspect de cette théorie dix ans plus tard dans la doctrine de Bush et sa guerre contre le terrorisme.
Pour l’heure, les néoconservateurs « passeront la présidence Clinton dans les Think Tank à concocter des papiers sur la dangerosité de l'Irak »9 . On retrouve aussi dans le PNAC, Francis Fukuyama théoricien conservateur de La fin de l’histoire.
Dans L'Amérique Messianique les auteurs expliquent les grandes lignes de la théorie néocons. Ils pensent que les USA, avec la chute de l’URSS ont manqué la possibilité d’imposer un véritable pouvoir hégémonique sur le monde. En 2000, pendant la campagne présidentielle les deux fondateurs du PNAC sortent un livre10 dans lequel on peut lire « ce sont les victoires des USA dans la guerre froide puis surtout dans la guerre du Golfe qui sont à l’origine de la situation politique actuelle au Moyen-Orient. Il est désormais possible d’envisager un Moyen-Orient avec une Syrie affaiblie11 se détournant de l’Iran pour parvenir à un accord stabilisant l’ensemble de la frontière nord d’Israël ; avec un régime de Saddam Hussein qui a été remplacé et où la principale force stratégique de la région est une alliance turco-israélienne12. Mais un tel résultat ne sera pas possible tant qu’il ne sera pas l’objet d’un effort américain déterminé ». Les auteurs poursuivent en affirmant que « le remplacement du régime en place » en Irak est une priorité. « L’effort en vaut évidemment la peine. Un Irak de plus en plus puissant sous Saddam constitue un danger pour tous les intérêts américains [...] un Saddam réhabilité serait un éloquent témoignage de notre incapacité à poursuivre une politique efficace ».
En 1998, Bill Clinton signe l'Iraq Liberation Act qui fait du changement de régime uns des objectifs officiels de la politique américaine. Le Congrès dégage quelques millions de dollars à destination des opposants et notamment du mouvement d'Ahmed Chalabi, professeur de mathématique au MIT et opposant irakien sponsorisé par les américains, qui deviendra après 2003 ministre du pétrole. En 2000 lors de la campagne présidentielle, Al Gore opposant démocrate à Bush, réitéra cet engagement à changer le régime.
Ceux qui prônent la guerre contre l’Irak étaient en âge de combattre au Viêt-Nam, mais y ont tous réchappés. Dick Chesney, vice-président de Bush qui affirmait qu’il avait dans les années 1960 « d’autres priorités que le service militaire13» et dont le premier enfant naquit 9 mois et 2 jours après l’annonce gouvernementale est un des plus va-t-en-guerre de la bande des neocons. Bush Jr est considéré par l’ensemble de la classe politique comme « un planqué, j’m’enfoutiste et fils à papa. Aux USA, on les désigne comme des ‘chickenhawks’ : faucons mais poule mouillé. ». Celui qui allait mentir sur les armes de destructions massives au conseil de sécurité de l’ONU, Colin Powell, rare personnalité noire de l’équipe, écrivait en 1995 dans son autobiographie14 « je ne pardonnerai jamais à l une classe dirigeante qui disait : ces hommes sont jeunes – plus pauvres, moins éduqués, moins privilégiés – sont consommables (...) je suis en colère d’avoir vu tant de fils de puissants et des biens placés magouiller pour se trouver des planques (...) parmi les nombreuses tragédies du Viêt-Nam, cette obscène discrimination de classe m’a blessé ».
Lorsque Bush Jr accède à la Maison-Blanche en Novembre 2000, il place tous ces néoconservateurs qui prônent la guerre contre Saddam à des postes clefs. Mais Bush n'est pas néoconservateur, il ne s'intéresse pas à la politique étrangère.
Toutes des personnalités ont des liens avec l’industrie pétrolière. Sa nouvelle recrue au conseil de sécurité et à la politique étrangère, Condoleezza Rice, est une ancienne dirigeante du pétrolier Chevron. Un supertanker de 129 000 tonnes enregistré au Bahamas porte même son nom. Le président de la plus grande entreprise de charbon au monde, et grand donateur du Parti Républicain, devient conseiller de la nouvelle administration en matière de politique énergétique. Bush abandonne toutes les tentatives de réglementations de régulation des émissions de CO2 et retire les USA du protocole de Kyoto. L’industrie pétrolière a besoin de nouveaux gisements, la situation se tend avec Saddam Hussein.
Dans un rapport du PNAC rédigé à la fin des années 1990 on trouve, à propos de l’éviction de Saddam Hussein, la phrase suivante « le processus de transformation, même s'il apporte un changement révolutionnaire, sera probablement long en l'absence d'un événement catastrophique et catalyseur - comme un nouveau Pearl Harbor ». Rappelons que Pearl Harbor, est une attaque surprise aérienne qui allait provoquée l’entrée en guerre des USA. Il faut évidemment rappeler le contexte de la fin des années 1990 : Saddam Hussein refuse régulièrement que les inspecteurs des Nations Unies ne fassent leur travaille, ce à quoi les Etats-Unis répondent par des menaces de guerre. Même si des opérations de bombardement comme Desert fox (16 au 19 décembre 1998) sont menés, les néoconservateurs trouvent l’attitude de l’administration Clinton, trop molle. Mais cette phrase prémonitoire (« un nouveaux Pearl Harbor ») et les attentats du 11 septembre allaient ouvrir à la voie à une vision complotiste de l’histoire. Ceux qui allaient remettre en cause « la version officielle des faits » allaient le faire avec les lunettes de la guerre froide, révolue depuis dix ans. Les Etats-Unis auront fait chuter pour des histoires de pétrole un premier ministre démocratiquement élu (Mossadegh en Iran, 1953), financés ceux qui luttaient contre les soviétiques et allaient devenir Al-Qaïda (Afghanistan en 1979) alors pourquoi ne continueraient-ils pas ? Le onze septembre allait devenir une sorte d'attentat à la Piazza Fontana justifiant l'entrée en guerre des américains.
L'idéologie néoconservatrice et la conversion de Bush
- La plupart des néocons connaissent mal les sociétés arabes, et voient la région comme l'Europe de l'Est. Les faucons qui ont acquis leurs lettres de noblesses sous la présidence Reagan en capitalisant intellectuellement les effets de l'effondrement soviétique, transportent ce schéma aujourd'hui à la question islamiste.
Gilles Kepel, interview Le Figaro, 20/08/13
Comme on l'a dit plus haut, Georges Bush Jr ne s'intéresse pas à la politique étrangère. Il est même qualifié par les néocons, d' « ignorant »15 sur ces questions. Bush étant plutôt dans la veine de la droite Républicaine, un isolationnsite. D'ailleurs, lors de la campagne présidentielle de 2000, les néocons lui préfère son adversaire au sein des Républicains, John MacCain. Mais le 11 septembre est une « déflagration ». « Ils [les néocons] vont convertir le président ». Seul leur discours permet d'expliquer l'inexpliquable. « Dans l’establishment stratégique washingtonien classique, personne n'a vraiment pensé à ce danger là [le terrorisme islamiste], à l'exception d'un petit groupe, les néoconservateurs. Il y a plus de dix ans qu'ils le répètent : l'après-guerre froide n'est pas une période d'apaisement stratégique, de nouvelles menaces sont là, concentrés notamment au Porche-Orient et, parmi elles, l'islam radical ».
Revenons maintenant sur l'idéologie des néocons. Ceux-ci sont attachés à l'école des interventionniste. Ils justifient cette capacité des États-Unis à intervenir à l'étranger par le fait qu'il ne s'agit pas d'une puissance impérialiste (au sens où l'Amérique ne possède pas de colonies). Elle ne cherche donc pas « pas à étendre son territoire » mais au contraire, plus noblement à répandre « ses idées ». Deux d'entre eux écrivent que l'Amérique « ne doit pas seulement être le policier ou le shérif du monde, elle doit être son phare et son guide »16.
D'où leur vient cette confiance en l'Amérique et en l'universalité de ses idées ? En fait il s'agit d'un cheminement théorique. Les néocons ne sont, à la base, ni de droite, ni de gauche17. Formés à l'université dans les années 1960, ils se questionnent sur le rejet du relativisme par la gauche durant les années Vietnam. L'idée qu'on puisse douter, de l'idée commune de bien, de vrai ou de démocratie. Le postmodernisme et le principe que « tout se vaudrait » leur est insupportable.
En politique étrangère, ils pourraient se rapprocher des réalistes. Mais ces derniers, au nom de la lutte contre le communisme, furent amenés à soutenir des dictatures. Roosevelt disait du dictateur nicaraguayen Samoza « c'est un salaud, mais c'est nôtre salaud ». Les années Reagan vont changer la donne : l'Europe de l'Est va se fissurer sous l'effet de la liberté politique. Paul Wolfwitz explique « le meilleur antidote au communisme c'est la démocratie ». La révolte des chantiers navals de Gdansk, la création de Solidarnosk, la proclamation de l'État de guerre en Pologne (décembre 1982), la démocratie lutte contre l'URSS. Le 8 juin 1982 à Londres devant la Chambre des Communes Reagan déclare que « la liberté (…) est le droit inaliénable et universel de tous les êtres humains ». Il propose donc de renforcer les structures de la démocratie : presse libre, syndicat, parti politique, présence dans les universités... Cette stratégie va être un succès. A partir de là, les nécons vont soutenir la démocratie18.
En 1975, Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité de Carter, ordonne une série d'actions clandestines en Europe de l'Ouest. Contrairement aux actions militaires, celles de Prague, de Varsovie ou de Moscou consisteront à subventionner l'impression et la distribution de textes de dissidents russes, ou de minorités ethniques. C'est ce que fît Jimmy Carter en plaçant les Droits de l'Homme au centre de sa politique étrangère – par exemple via le boycott des Jeux Olympiques d'été à Moscou. Décrédibiliser internationalement un pays, et le faire critiquer sur le terrain éthique par l'intérieur.
L'autre analyse des néconservateurs c'est celle des « états défaillants ». Le terrorisme trouve sa base et son appui financier dans des nations en décompositions « nés d'une double déstabilisation : l'éclatement des zones sous tutelles dû à la fin de la guerre froide d'une part, les ravages provoqués par la globalisation des échanges économiques d'autre part ».
Après le 11 septembre, le centre de gravité de Bush va se déplacer vers le Pentagone, le fief des néocons. Les thèmes de démocratisation du Moyen-Orient va faire son apparition.
Mais, et c'est là l'erreur fondamentale de leur analyse, l'Europe des années 1980 sur laquelle ils basent leurs analyses n'a rien a voir avec le Moyen-Orient des années 2000. De plus « la fin de la guerre froide s'est déroulée sans drame majeure, par désintégration de l'ennemi. D'où l'impréparation des USA à la violence en Irak ». Il n'en sera pas de même avec la démocratisation à marche forcée de l'Irak.
L’invasion de l’Irak
Il est difficile de trouver la moindre déclaration officielle américaine justifiant la chute de Saddam Hussein en terme de pétrole. Et pourtant il est difficile de considérer que ce facteur, ne rentre pas en compte aussi bien dans la guerre du Golfe de 1991 que dans l’invasion irakienne douze ans plus tard. Nous parlons là du pays possédant les troisièmes réserves du Moyen-Orient. Sans pour autant nier le facteur idéologique – celui des néoconservateurs voulant démocratiser le Moyen-Orient, nous allons essayer de reprendre les éléments pouvant étayer l’explication du facteur pétrole dans l’invasion de l’Irak.
Une option militaire de changement de régime, ce qui fût fait au final, signifiait que les concessions pétrolifères seraient renégociées. Mais ce pétrole appartient à l’Irak, et de fait hormis Halliburton, peu de sociétés américaines allaient en profiter directement. On ne peut donc pas dire que les américains ont envahi l'Irak pour s'accaparer l'or noir irakien comme le faisaient les britanniques au début du XX ème siècle dans la même région.
Après le 11 septembre trois facteurs de préoccupations sont apparus pour les américains. D’abord la stabilité politique de l’Arabie Saoudite. Les attentats venaient de le rappeler, le Royaume est une théocratie où les forces religieuses exercent une emprise croissante sur tous les aspects de la société, et cela grâce au pétrodollars. Il y avait donc la crainte pour les américains « quant à la stabilité (...) et aux possibilités de soulèvement voire de révolution » avec « tous les impacts que l’on imagine sur l’économie mondiale19». La deuxième crainte est celle de la hausse des prix « générant un flux de fond vers des activités qui allaient à l’encontre des intérêts vitaux des américains, notamment la politique terroriste d’Al-Qaïda ». Enfin le troisième facteur est celui de la dépendance à l’OPEP « et du monopole que les principaux pays de cette organisation détiennent sur les plus grandes ressources pétrolières du monde ».
Comment résoudre cette équation à trois facteurs ? En libérant la puissance pétrolière de l’Irak sous embargo, pour « être la nouvelle Arabie Saoudite ». En retrouvant sa production d’avant 1991, en attirant les investissements étrangers, l’Irak pourrait devenir rival de l’Arabie Saoudite comme elle l'était avant 1991. En clair, la domination hégémonique du royaume saoudien sur l’OPEP serait remise en question par la montée en puissance de ce nouvel acteur, historiquement rivale. L’Irak allait être la clef de voûte permettant de dissiper ces différents facteurs d’appréhensions.
Mais il nous semble qu’une autre explication mérite d’être exposé ici, permettant de remplacer l’enjeu irakien dans une dynamique capitaliste plus global. C’est celle développé par le géographe marxiste David Harvey, dans Le nouvel impérialisme20.
Accumulation par dépossession
- « Nous recherchons une paix juste, où la répression, les ressentiments et la pauvreté cède le pas, à l’espoir, la démocratie, au développement des marchés libres et du libre-échange (...) ces derniers ayant démontrés leur capacité à sortir des sociétés entières de la pauvreté »
Georges Bush
Après le premier choc pétrolier de 1973, le capitalisme allait rentrer dans une crise de suraccumulation (1973-1975) qui va l’obliger à se reconfigurer. On qualifie grossièrement cette crise de « stagnation » ou « ralentissement de l’économie », et il s’agit en théorie marxiste de la baisse tendancielle du taux de profit : la concurrence pousse les prix vers le bas et la réduction du taux de profit empêche l’investissement. L’économie stagne et c’est un terrain favorable aux crises.
Ces crises se caractérisent par « une juxtaposition d’excédents de capital et de force de travail ». La sortie de crise passe par le fait de « trouver des moyens permettant d’absorber ces excédents ». Pour Lénine et Rosa Luxembourg, l’impérialisme était le moyen de répondre à ces crises : il s’agissait de moyens « de produire de l’espace » en ce tournant vers un « extérieur » pour le soumettre aux lois du marché, par exemple avec les politiques coloniales.
Après 1973, les Etats-Unis et les organismes économiques mondiaux vont adopter une batterie de mesures visant à libéraliser les États. Au Moyen-Orient, comme nous l’avons montré, tout cela commence dans les années 1980 avec la fin du rêve du nationalisme arabe. Mais c’est surtout après la guerre du Golfe de 1991, que la plupart des pays arabes, alliés des Etats-Unis au sein de la coalition, vont ce soumettre à ces politiques de réajustement structurelle du FMI. Ces mesures vont consister à libérer des actifs de la tutelle nationales (privatisation du marché de l'immobilier, des téléoms, des transports...) générer un cadre favorable à la libéralisation des marchés, réduire la part de l’État dans des pays où le parti unique (nassérisme en Égypte, Ba'ath en Irak et Syrie) régissait toutes les sphères de la société et notamment l'économie.
David Harvey note que « l’impérialisme néolibéral (...) à une tendance à produire de l’insécurité à l’intérieur », c’est ce qu’on a montré dans la partie Après la guerre sur les conséquences de la guerre du Golfe. Les réformes entamées vont générer du chômage, et l’islamisme sera devenue – après l’éradication du rêve panarabe et de la gauche, la seule offre politique de contestation.
Mais à la fin des années 1990 note Harvey, les crises et la contestation de ces politiques se multiplient, « l’impérialisme néolibéral s’affaiblissait de l’intérieur ». Et l’arrivée au pouvoir des néoconservateurs allait changer la donne. Si le libéralisme classique se contente de voir l'économie pas le politique (qu’importe le Chili de Pinochet ou la Chine communiste, l’important et qu’ils coopèrent économiquement) pour les néoconservateurs « l’adhésion à des principes moraux est cruciale». On peut voir cela dans la vision manichéenne de Georges Bush Jr, définissant la guerre contre le terrorisme à une lutte du « bien » contre le « mal », ou déclarant que « l’humanité tient entre ses mains l’opportunité de faire triompher les libertés contre tous ses ennemis ancestraux » et que « les Etats-Unis acceptent de prendre la tête de cette grande mission », comme si les USA n'avaient pas fait le « mal » par le passé au nom de l'économie ou de leurs intérêts.
Cette dimension idéologique se traduit aussi par l’adhésion à des théories comme celle du Choc des civilisations ou de La fin de l’histoire21. L’influence d’Huntington est d'ailleurs très forte et la guerre contre le terrorisme allait donner l’impression d’une croisade chrétienne contre le djihad islamique. Cette rhétorique allait transformer « la thèse peu convaincante du choc des civilisations en une réalité politique ». « L’Irak faisait office de figure centrale, à cause de sa position géopolitique et de son régime dictatoriale que sa richesse pétrolière mettait à l’abri des sanctions financières ; mais aussi parce qu’il brandissait de constituer un mouvement laïc panarabe en mesure de dominer l’ensemble du Moyen-Orient et de prendre l’économie mondiale en otage, grâce à son contrôle des flux pétroliers ». La doctrine Carter visait à garantir la fluidité du pétrole dans le Golfe Persique possiblement par une intervention militaire22. L’administration Clinton avait placer l’Irak sur la liste des états voyous (rogue states) et souhaitait un changement de régime mais elle ne s’en donnait pas les moyens, limitant ses actions aux opérations secrètes (multiples tentatives d’assassinats de Saddam Hussein, opérations éclairs) et aux sanctions économiques (embargo). Pour les néoconservateurs, qui trouvaient Clinton trop réservé, le Pearl Harbour (le 11 septembre) était advenu, mais il fallait maintenant justifier l’invasion. L’impérialisme américain allait donc passer d’un néolibéralisme économique à un néoconservatisme. Il fallait débloquer l'économie par le militaire et au nom de l'éthique.
« Les néconservateurs conçoivent la reconstruction de l’Irak en fonction de ce qui a été fait en Allemagne et au Japon après la seconde guerre mondiale. Dans cette optique, l’Irak serait libéralisée afin de stimuler le développement d’un capitalisme ouvert, ceci dans le but de créer à terme une société consumériste opulente, à l’image de celle de l’Occident, qui soit un modèle pour le reste du Moyen-Orient (...) le pétrole serait mis à contribution pour reconstruire le pays, rembourser la guerre et livrer sur les marchés mondiaux à un prix bas il pourrait stimuler la reprise de l’économie mondiale ». Après l’invasion de l’Irak, le ministre des affaires étrangères britannique a déclaré que son pays ne participerait pas à d’autres opérations militaires contre la Syrie ou l’Iran. Ce qui laisse supposer que ces pays auraient aussi pu être visés. Le projet des néconservateurs se dessine : une Irak occupé, une Arabie Saoudite réformée, et un Iran et une Syrie dominée. Le centre de la production mondiale de pétrole qui alimente l’économie et l’armée, pacifié et dominé. Pacifier le Moyen-Orient c’est disposer d’une position militaire et géostratégique permettant de contrôler militairement, par le pétrole, et économiquement l’ensemble de la planète. Cela pourrait assurer la domination mondiale de l’économie de marché pour un demi-siècle de plus.
Les discussions sur la reconstruction de l'Irak et la fin de Saddam Hussein débutèrent avant même l'invasion, comme si cela était une évidence. L'idée de reconstruire « en fonction de ce qui a été fait en Allemagne » après la guerre nous amène à nous pencher sur la reconstruction de l’Europe après la seconde guerre mondiale. Rappelons que l’afflux massif d’aide pour la reconstruction de l’Europe, le plan Marshall, s’est fait aux conditions des Etats-Unis. L’idée était de reconstruire une Europe capitaliste, pour la soustraire à l’influence de l’URSS. L’histoire officielle présente la construction de l’Union Europe comme l’action déterminée et bienveillante des « pères de l’Europe » (Jean Monnet et Robert Schumann) oubliant par là même le rôle déterminant des Etats-Unis. En 1949, l’américain Paul Hoffmann, administrateur de l’Economic Cooperation Admnistration chargée de la répartition des fonds fournis par le plan Marshall, exige des européens de s’engager au plus vite sur la voie de l’intégration économique par « la formation d’un marché unique dans lequel les restrictions quantitatives aux mouvements des biens, les barrières monétaires aux flux de paiements et, finalement tous les droits de douane devraient être éliminés de manières permanente23 ». Le projet européen d’une Europe pacifique, unie et prospère des Pères de l’Europe n’a réussi « que parce qu’il convergeait avec la stratégie du gouvernement des Etats-Unis visant à poser, en Europe, les premiers jalons de la construction d’un capitalisme global ». L’intervention des américains dans le geste inaugural européen « participe de l’affirmation d’un nouveau type d’Empire. Celui-ci n’a pas besoin de conquêtes territoriales, il n’a pas peur d’aider à l’émergence de rivaux industriels car son objectif est de promouvoir le libre-échange et il sait que cela passe par la construction d’États et de puissances économiques fortes ».
Publié en 2005 Le Nouvel Impérialisme se termine par ces quelques interrogations. « un tel projet peut-il marcher ? (...) cela dépendra en grande partie de l’impact positif ou négatif sur leur réputation de leur action militaire contre l’Irak, qui peut en sortir magnifiée ou ternie. Une occupation longue et chaotique aurait des conséquences sérieuses sur leur capacité de convaincre qu’il s’agissait d’une lutte pour la libération de l’Irak et non pas pour son occupation (...) Quelle sera la réception du projet impérialiste néoconservateur pour le monde arabe et le monde musulman ? (...) l’idée que l’Irak puisse servir de modèle pour détourner le monde islamique de ses propres formes du fondamentalismes et de ses pratiques antidémocratiques repose sur l’hypothèse farfelue – pour ne pas dire absurde – selon laquelle d’une certaine manière l’Irak pouvait être transformée du jour au lendemain en un état prospère, capitaliste et démocratique sous la tutelle des USA ».
« Qui contrôle le Moyen-Orient contrôle le robinet pétrolier global, et qui contrôle le robinet pétrolier global contrôle l’économie » écrit Harvey. Ainsi donc l’invasion de l’Irak n’était pas tant bénéfique pour les majors américaines que pour l’hégémonie d’un système économique. « Si nous occupions l’Irak et y installions un autocrate pro-américain pour gérer la station essence américaine (comme nous l’avons fait dans d’autres états pétroliers arabes) cette guerre livrée en parti pour le pétrole serait immorale (...) il n’y a rien d’illégitime au fait que les USA s’émeuvent du fait qu’un dictateur mégalomane acquiert une influence excessive sur les ressources naturelles qui font tourner la base industrielle du monde » écrit le journaliste Thomas Friedman24. Il s’agit là simplement de « protéger le fonctionnement économique de la planète ».
Rappelons que la mobilité, qu’il s’agisse des capitaux, des marchandises ou des humains, définit depuis Adam Smith, la condition sine qua non de tous les équilibres entre l’offre et la demande. Dans La Richesse des nations (1776) ce dernier écrit qu’il convient d’abolir tout ce qui peut « entraver la libre circulation du travail et des capitaux ». On comprend donc pourquoi le Brexit ou l’élection de Donald Trump ait pu à ce point alarmer les partisans du libre –échange.
« le capital n’est pas une chose, mais un processus qui n’existe que par le mouvement. Quand la circulation s’arrête, la valeur disparaît et tout le système s’effondre. Par exemple à New York, juste après les attentats du 11 septembre 2001, toute activité a cessé. Les aéroports, les routes, les ponts ont été fermés. Au bout de trois jours, tout le monde s’est rendu compte que le capitalisme s’effondrerait si le mouvement ne repartait pas. Le maire de la ville. Rudy Guliani, et le président Bush ont alors exhorté les habitants à sortir leur carte de crédit, à faire du shopping, à retourner à Broadway, à aller au restaurant. Bush est même apparu dans une publicité aérienne pour encourager les américains à prendre l’avion. Le capitalisme n’est rien s’il ne bouge pas 25».
Ce que pointe Harvey c’est qu’il existe différentes sortes d’Empire et donc différentes sortes d’impérialisme. Les vieux Empires coloniaux n’ont rien à voir avec l’Empire Ottoman qui lui même n’a rien à voir avec l’impérialisme néo-libéral des Etats-Unis. Quand John F.Kennedy reçoit le premier président de l’Algérie indépendante Ben Bella en 1962 à Washington, ce n’est pas simplement par sympathie anticolonialiste, c’est aussi parce que le pétrole algérien jusqu’alors sous domination française, vient d’être « libéré » pour l'économie monde.
Entre 1940 et 1967, les compagnies pétrolières américaines allaient passer de 10% à 60% du contrôle des ressources pétrolières au Moyen-Orient. Et cela, au détriment des britanniques passant pour la même période de 72% à 30%. En clair, le vieil Empire sur lequel le soleil ne se couche jamais laissait place aux américains. Mais les nationalisations et la chute du Shah (leur soutien dans la région) allait faire perdre la mainmise des USA au Proche et Moyen-Orient. La Doctrine Carter de 1980 ne dit pas qu’il faut prendre les ressources, mais qu’il ne faut en aucun cas interrompre les flux. Ce pétrole n’appartient pas aux USA, mais la présence militaire américaine visait simplement au bon fonctionnement des routes empruntées par l’or noir. L’époque des stratégies qui était celle de faire chuter des gouvernements ou de prendre le pouvoir via des opérations secrètes de la CIA était révolue. La diplomatie américaine allait désormais s’évertuer à empêcher la naissance d’un pouvoir hégémonique et maintenir la fluidité de la production de pétrole seule garante d'un baril bon marché. Le 11 septembre allait changer la donne. Le néolibéralisme allait se muer en néoconservatisme, et on allait désormais devoir imposer l’économie avec la force.
NOTES
1 Corruption scandal hits senior politicians, The guardian, 11/11/03
2 Seymour M.Hersh, King’s Ransom, The New Yorker, 22/10/01
3 En janvier 2014 Shell a reconnu avoir suréavaluer ses ressources de 20%. En une semaine, l'action avait perdu 10% soit une perte nette de 4 milliards.
4 Comprehensive national strategy energy, National Energy Policy Plan, avril 1998
5 Autre chiffre, depuis 2000 les investissements pétroliers ont crû de 180% pour satisfaire une demande de +14%. C'est-à-dire qu'il faut investir toujours plus pour produire la même chose. Cité par Maxime Combes dans Sortons de l'âge des fossiles.
6 A partir du premier choc pétrolier le contrôle des gisements par des entreprises d’état va passer de 1% en 1970 à 59% en 1980 pendant que celui des multinationale chutait de 85% à 12%. Voir Les fantasmes géopolitiques du pétrole dans les pays en guerre... ou pas, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, revue Hérodote, numéro 155, Avril 2014.
7 Éric Laurent, la face cachée du pétrole, op. cité.
8 Jean Guisnel, Bush contre Saddam, l’Irak les faucons et la guerre, La Découverte, Paris, 2003.
9 Alain Frachon et Daniel Vernet, L'Amérique Messianique, La guerre des néoconservateurs, Le Seuil, 2004
10 Robert Kagan et William Kristol, Present dangers, Crisis and opportunity in america’s foreign and défense Policy, Encounter Books, 2000.
11 A l’époque Bachar al-Assad venait de prendre la succession de son anti-impérialiste et anti-sioniste de père, Hafez, et semblait se montrer libérale.
12 A l’époque, le parti au pouvoir signe un accord de coopération militaire avec Israël. L’AKP n’a pas encore pris le pouvoir, mais déjà la ligne islamo-libéral du futur parti d’Erdogan se dessine. En 2003, le Turquie aida les américains lors de la guerre en Irak en autorisant le survol du pays et le déploiement de soldat.
13 Jean Guisnel, Bush contre Saddam, op. cité.
14 Colin Powell, My american journey, an autobiography, Ballantine Books, 1995.
15L'Amérique Messianique, op. Cité.
16William Kristol et Lawrence Kaplan, Notre route commence à Bagdad, 2003
17D'ailleurs lors des dernières élections, C'est plutôt la démocrate Hillary Clinton dont les idées interventionnistes peuvent être rapprochées de celles des néoconservateurs. À contrario d'un Trump plutôt isolationniste.
18On retrouve d'ailleurs cette idée dans l'anti-impérialisme antisémite d'Alain Soral. L'idée que l’idéologie – par exemple la promotion par Georges Soros et son Open Society des migrations ou des LGBT, serait le cheval de Troie américain, ce qu'il désigne derrière le « mondialisme ».
19 Edward L. Morse Une guerre pour le pétrole ? , Trad Jean-Pierre Bardos, revue Commentaire, numéro 108, hiver 2004.
20 David Harvey, Le « nouvel impérialisme » accumulation par appropriation, revue Actuel Marx, numéro 35, 2004.
21 Francis Fukuyama auteur de La fin de l’histoire faisait parti du think tank PNAC.
22 « une tentative par une force extérieur quelquonque de prendre le contrôle de la région du Golfe Persique sera considéré comme une attaque contre les intérêts vitaux des Etats-Unis d’Amérique, et une telle attaque sera repoussée par tous les moyens nécessaires, notamment militaire » déclarait Carter en janvier 1980.
23 Cité dans Cédric Durand (dir), En finir avec l’Europe, La Fabrique, Paris, 2013.
24 Thomas Friedman, A war for oil ? New York Times, 5/01/03
25 David Harvey, Pour lire le Capital, La ville brûle, Montreuil, 2012.