La CUP s’élève contre les « manœuvres partisanes » de JuntsxCat et d’ERC (El Nacional, 31 01 2018)
Photo : Hier, après que le président du Parlament eut décidé d'ajourner la séance d'investiture du President de la Généralité, les quatre député-es de la CUP ont occupé leur siège dans un parlement déserté de ses autres député-es.
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La CUP en a plus qu’assez des « manœuvres partisanes ». L’ajournement de la séance plénière annoncé ce mardi par Torrent [le président du Parlament, membre d’ERC], qui a fait apparaître les divergences entre JuntsxCat (1) et ERC a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase – comme le signalait la députée María Sirvent (en catalan) - et a indigné les « cupaires », qui se refusent à continuer les négociations si ce qu’ils considèrent des tactiques partisanes ne sont pas mises au rencart et si n’est pas donnée une date pour l’investiture.
Selon des sources de la CUP, les négociations sont, à l’heure qu’il est, effectivement, interrompues. « On en est au même point qu’hier » assure-t-on du côté de ce parti. Les élus de l’organisation n’apprécient pas la décision prise « unilatéralement » par Torrent de suspendre la tenue de la séance plénière ni les tensions plus qu’évidentes qui se sont fait jour entre partis indépendantistes et qu’ils voient comme des jeux tactiques politiciens.
La CUP dénonce que très rares soient les occasions où les deux grands partis indépendantistes dialoguent, raison pour laquelle les anticapitalistes posent comme condition pour continuer à négocier que se tienne une réunion à trois (JuntsxCat, ERC et eux-mêmes) et ils demandent à Torrent qu’il donne une nouvelle date pour la tenue de la plénière.
Les républicains [ERC] estiment, quant à eux, qu’ils devraient avoir une dizaine de jours devant eux pour reprendre la procédure d’investiture, dans l’attente d’une décision du Tribunal Constitutionnel sur le recours présenté par le Gouvernement espagnol [pour que soit invalidée l’investiture annoncée de Carles Puigdemont]. Une option qui n’a pas l’aval de la CUP ni de JuntsxCat qui estime qu’aujourd’hui les conditions sont réunies pour que Puigdemont soit investi.
Le parti anticapitaliste exige aussi qu’il y ait plus de transparence dans les négociations et que soient faites des propositions « d’actions politiques concrètes répondant à la volonté populaire », c’est-à-dire, permettant que « la république devienne une réalité », chose, assure-t-il, qui n’est possible que par la « désobéissance ».
L’ultimatum de la CUP
« Ce qui s’est passé hier a été un foutage de gueule. C’est la troisième fois. Et ce sera la dernière ». C’est avec ce ton cassant que s’est exprimé le député Carles Riera lors d’un débat sur Catalunya Radio (en catalan), où il échangeait avec des députés de JuntsxCat et de l’ERC.
Riera a ainsi rappelé les précédents de la suspension [de la décision de proclamer l’indépendance après le référendum du 1er octobre], de la suspension de la déclaration d’indépendance le 10 octobre et du recul du Govern le 27 octobre, après avoir fait la nouvelle déclaration. C’est pour ces raisons qu’il a annoncé en guise d’ultimatum qu’ils ne laisseront pas que cela se reproduise.
Le pari des « cupaires » est qu’il faut abandonner les choix pragmatiques qui, selon eux, ne mènent nulle part et qu’il faut désobéir, car ils pensent que jamais le Tribunal Constitutionnel ne permettra l’investiture de Puigdemont.
La stratégie des trois partis paraît donc, à l’heure qu’il est, très éloignée les unes des autres même si elles présentent deux points communs, tout au moins en l’état : l’investiture de la tête de liste de JuntsxCat et la nécessité d’éviter de nouvelles élections pour ne pas prolonger l’application du 155.
La CUP se refuse à discuter de la possibilité que soit désigné un autre candidat à l’investiture et réaffirme qu’elle ne soutiendra qu’une investiture de Puigdemont pour autant qu’elle permette que la république devienne réalité.
Sur ce qui fait la une des médias aujourd’hui, à savoir les messages échangés [par téléphones portables] entre Puigdemont et le « conseller » [ministre catalan, en l'occurrence, destitué comme les autres ministres] Toni Comín (2), la CUP a choisi de ne pas s’exprimer.
(1) JuntsxCat est le sigle regroupant les proches de Carles Puigdemont sous lequel ils/elles ont concouru aux élections du 21 décembre dernier. Le PDeCat, le parti de Puigdemont qui est issu de l’ex CiU, a ainsi été marginalisé dans la conduite de cette campagne électorale.
(2) Interceptés illégalement par une chaîne télé et diffusés largement, ils font entendre un Puigdemont démoralisé par le report de son investiture, estimant qu’il a été "lâché par les siens" et que « tout était foutu ». Puigdemont a réagi à cette opération politico-médiatique en réaffirmant son choix de continuer à se battre.
Texte original en espagnol La CUP se planta ante los "partidismos" de JuntsxCat y ERC (El Nacional)
Traduction Antoine Rabadan.