Antoine (Montpellier) (avatar)

Antoine (Montpellier)

Abonné·e de Mediapart

1034 Billets

1 Éditions

Billet de blog 1 février 2023

Antoine (Montpellier) (avatar)

Antoine (Montpellier)

Abonné·e de Mediapart

Ukraine. Comprendre l'actuelle offensive russe...

L'actuel énorme investissement militaire russe dans une dérisoire guerre de grignotage n'obéit qu'à un but limité : la récupération d'un maximum des territoires annexés qu'à l'exception de la Crimée, la Russie ne contrôle que partiellement. Reste que le coût humain de ce grignotage, visant à donner aux Russes le change des défaites passées, est terrifiant.

Antoine (Montpellier) (avatar)

Antoine (Montpellier)

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un débat intéressant apparaît dans les réseaux sociaux sur la situation du moment dans la guerre terriblement terroriste que la Russie inflige à l'Ukraine. Intéressant, ce débat l'est parce qu'il est mené parfois, en tout cas dans cette vidéo https://www.tf1info.fr/replay-lci/video-24h-pujadas-du-lundi-30-janvier-2023-2246635.html (à partir de 25:32), entre personnes qualifiées, connaisseuses de l'Ukraine et de la Russie ainsi que, pour certaines d'entre elles, parce qu'elles nous donnent des éléments de géostratégie militaire et politique dont nous ne saurions nous passer même, pour ce qui est mon cas, quand l'on ne partage pas ce que l'on pourrait qualifier comme étant leur atlantisme. Seuls les doctrinaires et autres sectaires autodénominés de gauche s'affranchissent des réalités et particulièrement des spécificités proprement militaires d'une guerre et de l'incidence qu'elles ont sur l'élaboration d'un positionnement internationaliste de non-alignement campiste, qu'il soit pro-russe ou pro-occidental. Et cela sans distinguer, au cas par cas, lequel des protagonistes des camps en question, porte la responsabilité de l'acte de guerre : à lire certain.e.s à propos de la guerre en Ukraine on en vient à se demander si, pendant la Seconde Guerre mondiale, iels auraient hésité (ou pire ?) à la faire porter aux nazis. Ou, dans l'Espagne de la Guerre civile, à Franco !

Dans ce qui transparaît de ce débat, on peut dégager, et c'est fondamental, ce qui permet de cerner le sens de la poussée actuelle de l'armée russe (variante de mercenaires comprise) : Poutine, en tant que chef de guerre, reste sur son repli tactique consécutif de son échec à occuper toute l'Ukraine. Ce serait une erreur de penser qu'il aurait réussi à dépasser ce syndrome d'échec qui, lui, reste stratégique :  il ne faut bien évidemment pas se laisser leurrer par ce qui, étant une réelle avancée militaire russe sur le front de l'est, ne saurait en aucune façon menacer l'Ukraine d'être envahie. Cela se confirme par les faibles gains territoriaux réellement obtenus au prix d'incroyables pertes en vies humaines dont seul un Etat totalitaire, comme est l'Etat russe, peut accepter le luxe (!) de le faire payer à sa population dont le droit à la vie lui est radicalement indifférent.

En fait cet énorme investissement militaire dans ce qui est une guerre de grignotage, laquelle, pour dérisoire qu'elle soit, est humainement désastreuse, y compris par les pertes énormes qu'elle inflige à l'armée ukrainienne, n'obéit qu'à un but : essayer de récupérer le maximum des territoires annexés mais que, à l'exception de la Crimée, la Russie ne contrôle que partiellement. Lequel but se dédouble en but dans le but qui est de parvenir à faire sauver la face au dictateur prétentieux revenu piteusement de sa volonté de conquérir le territoire entier de l'Ukraine qu'il considérait, dans sa mégalomanie loufoque, comme partie prenante, sur le plan historique (ahistorique plutôt) comme sur le plan existentiel, de la mère patrie, entendez la Russie ! Sauver la face du chef totalitaire, consisterait ainsi à lui permettre de pérorer à tout vent sur la ...victoire que serait d'avoir réussi à intégrer le sous-ensemble, à défaut de l'ensemble visé initialement, que serait la partie russe de l'Ukraine. Et cela en confondant, dans sa pratique habituelle des discours biaisés de propagande, russe et russophone ! Victoire donc à usage avant tout vis-à-vis d'une société russe qu'il écrase idéologiquement mais dont il sait que, pour la maintenir sous sa coupe dictatoriale et éviter la moindre fissure, provoquée par l'aveu d'un échec militaire, dans son hégémonie néofasciste, il doit lui donner du grain à moudre : à cette fin, il lui faut absolument l'intoxiquer et "passiviser" plus qu'elle n'est en lui faisant valoir et accepter qu'aucune perte de vies, y compris à l'échelle de masse qui caractérise cette guerre impérialiste, n'est de trop pour un objectif aussi noble que celui d'avoir affranchi des frères de la coupe des vilains "ukronazis" ! Moyen, par là, de réactiver, dans l'oubli du misérable pacte de Staline avec les nazis et de la conquête impérialiste de la Pologne qui s'ensuivit, main dans la main avec ceux-ci, le rapport mental mystifié du Russe moyen à la "Grande Guerre Patriotique" de la Seconde Guerre mondiale.

Cette politique militaire russe actuellement en cours en Ukraine pose, au demeurant, d'indéniables problèmes à celle-ci car elle l'oblige à assumer une quadrature du cercle que le poutino-soviétisme stalinien assume, lui, sans état d'âme, qui est d'envoyer à l'abattoir des milliers de combattant.e.s pour sauver des gains territoriaux, en soi, à relativement faible valeur militaire (quoique à forts coûts pour les populations civiles concernées) mais pesant sur la pleine préparation de l'offensive stratégique ukrainienne en préparation qui, avec l'objectif de récupérer l'ensemble des territoires annexés, implique d'économiser et de former un maximum de forces ! De ce point de vue-là, et cela est bien exposé dans ce débat, il faut prendre la mesure de l'incroyable retard pris par les Etats occidentaux à fournir en chars lourds, sans parler du refus maintenu, au moins pour ce qui est des Etats-Unis, de fournir à cette heure les avions nécessaires à cette offensive d'envergure : il faut ainsi savoir que ces atermoiements (euphémisme) occidentaux auront été un facteur essentiel ayant permis à l'armée russe de se réorganiser pour mener à bien ce violent grignotage territorial dont il est question. Et n'oublions pas, au demeurant, que lesdits chars lourds, dont les relais de la propagande russe martèlent que leur fourniture est, contre l'évidence de ces atermoiements et autres refus opposés à armer en temps voulu et à hauteur des besoins urgents l'armée ukrainienne, une horrible escalade irresponsable de la part de "l'Occident" préludant à la troisième guerre mondiale, ne seront opérationnels que dans plusieurs mois. Ce qui pourrait donner l'opportunité au seul responsable des horreurs et des hypothétiques risques d'embrasement international de cette guerre locale, à savoir Poutine, de continuer et d'aggraver les terribles souffrances des Ukrainien.ne.s et le massacre de masse des combattants russes. Toutes choses dont sont misérablement comptables les poutiniens occidentaux d'intention délibérée ou de fait, version pseudo-pacifistes ou pseudo-internationalistes (se "contrefoutant" du peuple ukrainien), pour leur travail de sape contre la légitimité de la résistance ukrainienne à battre l'impérialisme totalitaire russe dans les délais les plus brefs et d'une façon radicale et ainsi à ouvrir, en l'état du somnambulisme hyperboliquement et inhumainement belliciste du régime russe, la seule voie, humaine et politique, viable, tout aussi paradoxalement que l'on voudra mais la confrontation à la réalité tragique se nourrit des paradoxes que celle-ci suscite, vers une paix durable.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.