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Billet de blog 1 août 2024

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Guerre et paix en Ukraine : esquisse d'état des lieux

Il n’est pas contestable factuellement que les Russes prennent des villages mais dire cela et le répéter en boucle, sans contre-feu explicatif, finit par créer du confusionnisme quant à la signification militaire, et donc politique, desdites avancées;

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État des lieux de la guerre d’Ukraine

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Ce que nous confirme la bataille
de Niu-York [1]. Ce que nous dit la bataille de la paix de Zelensky.

En un mois 32 kilomètres carrés de gain territorial russe


Pour comprendre ce qui se passe dans la partie la plus tendue du front qui se trouve dans la région de Donetsk (Donbass), je vous renvoie à cette vidéo des Rapports de l’Ukraine [2] : elle permet de mettre de la perspective analytique que les médias, même les mieux intentionnés envers la résistance ukrainienne, délaissent en ressassant la ritournelle des « Russes qui ont opéré une nouvelle avancée en prenant tel ou tel village ». Est exposé dans cette vidéo le jeu combiné d’avancées russes, souvent repoussées, et de reculs ukrainiens, parfois de contre-attaques, qui témoignent en réalité, si l’on élargit la focale, d’une totalement dérisoire, certes cruelle, modification de la ligne de front.

Il n’est en effet évidemment pas contestable factuellement que les Russes prennent des villages qu’ils ont au demeurant soigneusement dévastés à coups de bombes planantes envoyées depuis les zones où leurs lanceurs sont hors de portée des Ukrainiens.

Mais dire cela et le répéter en boucle, sans contre-feu explicatif, finit par créer du confusionnisme quant à la signification militaire desdites avancées ; signification d’un point de vue tactique et stratégique intégrant le rythme d’avancée des Russes/reculs des Ukrainiens, les surfaces mais aussi les pertes induites pour ce faire, en militaires comme en matériels des deux côtés.

Illustration 1

Malgré des incertitudes évaluatives, il existe pourtant, par recoupements de données indépendantes des deux parties, des moyens d’approcher la vérité des choses. On sait ainsi que, loin des fanfaronnades auxquelles nous habituent les Russes depuis le début de cette guerre, ils n’ont conquis que 32 km2 du territoire ukrainien sur le seul mois de juin (Le Monde dans le graphique évoqué ci-dessous parle d’une « quarantaine de km2 »). Autant dire rien, même si évidemment ce n’est pas rien du point de vue des morts au combat, tant Russes qu’Ukrainiens, comme des civils ukrainiens pris délibérément pour cibles par les criminels de guerre russes.

« Rien », c’est ce que montre le trop peu consulté graphique réactualisé du Monde sur la répartition en pourcentages de l’occupation du territoire ukrainien par les Russes. Ce graphique met les points sur les i depuis le début de l’agression russe :

Le 30 juin 2024, au 857e jour de l’« opération spéciale » russe, la situation sur le terrain pour les deux belligérants est à peu près la même que celle de novembre 2022, après la contre-offensive surprise de Kiev, qui avait libéré une douzaine de milliers de kilomètres carrés. Depuis, la Russie a grignoté la ligne de front essentiellement dans l’Est du pays, et au nord de la ville de Kharkiv depuis le mois de mai [3].

Observons comment le graphique permet de visualiser, à ce jour, cette stagnation du front depuis effectivement… novembre 2022 !

Quant aux pertes humaines, elles s’établiraient, pour les Russes, selon la source occidentale la plus rigoureuse, les services de renseignement du ministère de la défense britannique, à un total de 70 000 morts ou blessés sur mai et juin [4].

Nous avons donc toujours, et de manière accentuée, le même déséquilibre entre des pertes humaines russes maximisées et des avancées opérationnelles stériles, déséquilibre dont on pourrait dégager l’ordre de grandeur !

Mais tout ceci signifie aussi que, si les Russes paient extraordinairement cher une inefficacité militaire avérée, les Ukrainiens paient également un prix humain élevé – non chiffré à ce jour sur mai-juin mais, selon les sources fiables, sans commune mesure avec celui des Russes, ce qui ne console évidemment pas – pour leur capacité à contenir kilométriquement et en destructions des moyens humains et matériels des agresseurs sur le front. Et cela en complément des succès obtenus en mer Noire mais aussi sur le sol russe contre des cibles logistiques majeures.

Le fait est que, tant par une insuffisance de troupes que la conscription en cours travaille, non sans difficultés, à résoudre, que par des moyens en armements, augmentés significativement par les dernières livraisons alliées mais en dessous encore des besoins pour dénouer en leur faveur le rapport de forces, sans parler des erreurs du commandement comme celle qu’évoque la vidéo déjà évoquée (une rotation ratée de brigades ouvrant une brèche aux Russes), les Ukrainiens sont, à quelques exceptions près (Kharkiv), contraints de maintenir la tactique défensive adoptée depuis des mois.

L’arrivée, enfin en cours, des F16, devenus depuis des mois l’arlésienne de l’approvisionnement militaire par les alliés de l’Ukraine, sans être ce qui changera totalement la configuration de l’affrontement (le « game changer » comme disent les Anglo-Saxons), pourrait soulager la pression imposée par la Russie sur le front comme sur les arrières civils. Leur capacité, d’une part, à sécuriser l’espace aérien civil ukrainien en neutralisant les avions lanceurs de missiles et de terrifiantes bombes planantes ou thermobariques opérant jusqu’ici sans risques et, d’autre part, à peser sur les lignes ennemies du front, ou même sur le sol russe, près de la frontière, d’où partent les actions militaires (Belgorod entre autres), explique la fébrilité, voire la nervosité, du pouvoir russe à l’annonce de l’arrivée de ces avions de combat.

Illustration 2

Si l’on veut finir de déjouer l’impressionnisme confusionniste auquel l’on cède trop souvent en Occident, médiatiquement et politiquement parlant, ces approches des problématiques militaires ne sauraient être dissociées du maintien de la solidarité internationaliste, sans faille, avec la résistance ukrainienne, la gauche et les syndicats, ainsi que les associations qui y sont engagées : et cela dans la compréhension que rien, tant pour le peuple ukrainien que, au demeurant, pour le peuple russe, ne participera des possibles de l’émancipation, sans la construction d’une paix par la victoire militaire et donc politique des Ukrainiens. C’est-à-dire la libération des territoires occupés du joug totalitaire qu’y impose le néofascisme russe : penser un seul instant que, comme on peut le lire parfois à gauche [5], la paix pourrait advenir en abandonnant les populations de ces territoires aux assassins du Kremlin, relève d’un reniement du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de la sinistre acceptation de la géopolitique des terroristes d’État s’arrogeant le droit, par la guerre, de changer les frontières à leur convenance !

Soutenir une telle paix est suicidaire pour les gauches : 1) de par leur transformation que cela induirait en soutien in-équivoque, souvent hypocrite tellement il est difficile à assumer ouvertement, des agresseurs d’État, dictatoriaux ou fascistes ; et 2) de par l’assomption irresponsable du risque, qui a conduit à une apocalyptique séquence au 20e siècle, une paix acceptée dans ces conditions d’un irénisme béat prépare l’avènement de nouvelles guerres, si ce n’est d’une nouvelle apocalypse… qu’on prétend, nous dit-on, vouloir éviter !

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La paix, fort enjeu de conviction entre Zelensky et son peuple

Adopter une position de solidarité internationaliste digne de ce nom envers les Ukrainiens en dénonçant des appels à la paix contradictoires avec les positions ukrainiennes favorables, elles, à la poursuite de la lutte de libération des territoires occupés est une chose. Une autre est que l’internationalisme que nous défendons envisage et accepte que les Ukrainiens décident, à un moment donné, d’entamer des négociations de paix, y compris, sans préalables.

Préalables qui, jusqu’à nouvel ordre, restent précisément la récupération de ces territoires perdus permettant la libération des populations de la férule néofasciste de l’occupant.

Or Zelensky a pris l’initiative depuis des mois, concrétisée en juin, d’un sommet pour la paix excluant la Russie, la Chine s’étant défaussée, qui a débouché sur un plan comme base de négociation. Ces jours-ci il a appelé à une nouvelle réunion internationale à laquelle, sans préalable, la Russie est, cette fois, invitée à participer. À ce jour cette démarche reste floue et la Russie a, au demeurant, décliné l’offre. D’où les spéculations qui vont bon train dans les médias et diplomatiquement sur la signification de ce qui s’apparenterait à un retournement de Zelensky [6] : d’aucuns estiment qu’il se devrait aux difficultés rencontrées par son armée sur le front.

Nous avons vu dans la première partie ce qu’il en est de cette vision du terrain militaire. Répétons-le, les difficultés sont réelles, entre autres par le double handicap du manque de soldats à déployer sur un front de quelque 1 000 kilomètres de long et de l’insuffisance des fournitures en armement, malgré les approvisionnements en cours, pour faire autre chose que tenir et résister à l’attrition qui est, en lien avec le premier handicap ukrainien mentionné, le seul atout réel, par défaut, de l’armée russe.

La menace trumpiste


L’inconnue reste la question de la capacité ukrainienne à reprendre l’initiative et à se doter des moyens pour opérer les contre-attaques qui ouvriraient sur l’offensive générale permettant d’atteindre l’objectif stratégique, la récupération des territoires occupés. Or tous les spécialistes s’accordent à reconnaître que, si cette offensive doit avoir lieu, ce ne sera pas avant courant 2025 [7].

Nous touchons là probablement à l’explication la plus crédible de la démarche de paix d’un Zelensky conscient de ce qui manque pour enclencher l’étape décisive permettant de dépasser l’actuelle tactique défensive (l’arrivée des F16, comme dit plus haut, étant appelée à donner des indications décisives sur les possibles… et les « impossibles » des choix militaires envisageables !). C’est, aujourd’hui, en premier lieu, dans l’ordre du géopolitique, plus que directement dans celui du militaire mais le conditionnant très fortement, que ces dernières semaines les choses se sont accélérées du côté de la campagne électorale américaine, surtout ces derniers jours, avec l’attentat contre Donald Trump. Dans le contexte des « gaffes » en série d’un Biden en sous-régime politique et « cognitif », il propulse celui-ci plus gagnant que jamais à la présidentielle de novembre. Ce qui, quand on connaît son poutinisme virulent et, encore plus virulent, celui de son récemment désigné candidat à la vice-présidence, présage d’une double menace pour l’Ukraine : 1) un nouvel assèchement longue durée des fournitures d’armes, que la seule UE, ayant échappé électoralement à la mainmise extrême droitière, largement pro-Poutine, sur elle, ne saurait compenser ; et 2) l’imposition américaine à l’Ukraine d’un cessez-le-feu avec, en filigrane, une paix accordant à Poutine ce qu’il vise, l’annexion définitive des territoires occupés, Crimée comprise. Avec, en prime, le temps nécessaire à la reconstitution de ses forces et moyens militaires sérieusement mis à mal par la résistance ukrainienne, prélude annoncé à d’inévitables nouvelles aventures guerrières de sa part.

L’attrait de la paix sans en mesurer le prix politique à payer


Voilà ce qui, à mes yeux, explique que Zelenski presse le pas pour… Pour quoi en fait ? Renoncer à reprendre les parties occupées de son territoire ?


Difficile à faire admettre à sa population quoi que l’on entende dire d’elle, voir ci-après. Faire la démonstration que la Russie n’a aucune volonté de paix autre que celle qui consacrerait son appropriation des territoires de l’Est et du Sud ukrainien ? Peu crédible tellement c’est l’évidence… À ceci près, qui tient à ce que j’ai mentionné plus haut sur la guerre d’usure qui ne concerne pas seulement les militaires ukrainiens épuisés par les conditions difficiles de leur résistance sur le front, mais aussi une population civile régulièrement attaquée par les bombardements russes et ayant de plus en plus de mal à supporter le manque de perspectives de pouvoir faire reculer l’envahisseur. Prix, d’une part, d’une carence trop sous-estimée (le cours néolibéral du régime) à se gagner une pleine légitimité populaire politique et sociale, pourtant incontournable pour mener, avec détermination et une volonté de vaincre, une lutte de libération nationale, et prix, d’autre part, de la logique défensive ukrainienne. Laquelle est militairement efficiente pour contenir et affaiblir les Russes mais a, je l’ai dit, un grand coût humain, militaire mais aussi civil, amenant à faire douter, par ondes de choc successives, les familles de soldats et au-delà, dans la société tout entière, que les choses doivent continuer en l’état désespérant encore longtemps   2025, dans ce contexte psychologique, social et politique, c’est loin, très loin, trop loin.

Tout ceci pour dire qu’il est plausible que Zelensky, par cette démarche surprenante de paix invitant la Russie, s’adresse en premier lieu à sa population afin de la confronter – terme à prendre dans sa rude connotation militaire – à la réalité que serait un cessez-le-feu, voire une paix, tentant un nombre croissant d’Ukrainien·nes, et à laquelle le trumpisme américain au pouvoir obligerait aux conditions posées par le totalitaire russe, en actant donc une perte immédiate et difficilement réversible des territoires annexés par les Russes ; afin de la confronter aussi, et cela a à voir avec ce qui précède, à son implication proprement militaire devenue insuffisante pour assurer la défense du pays à la hauteur des besoins et pour soulager la pression pesant sur les militaires de la ligne de front exténués par le manque de relèves et de rotations.

Le pari de Zelensky


Zelensky voit probablement prospérer la contradiction dans laquelle une large partie de l’opinion ukrainienne est tentée de s’enferrer. Un récent sondage donne une idée de cette contradiction en établissant que 44 % des Ukrainien·nes sont favorables à des négociations avec Moscou, ce que refusent seulement 35% d’entre elleux (21% sont indécis·es). En revanche iels sont 84% à refuser toute cession de territoires aux Russes et 51% à souhaiter que l’Ukraine retrouve ses frontières de 1991. En revanche 46%, contre 22%, n’estiment pas honteux le refus du service militaire, 25% étant sans opinion [8] ! C’est cette quadrature du cercle, qui se dessine, d’une paix à négocier, plébiscitée par un grand nombre d’Ukrainiennes à la condition, pour tout dire assez extravagante en l’état de la guerre, de retrouver les frontières de 1991 et, cela, sans donner de réponses aux énormes manques de militaires en mesure d’imposer ces conditions, que, selon moi, Zelensky cherche, avant tout, peut-être entre autres choses, à lever par son affichage d’une volonté de négocier la paix avec la Russie : façon provocante, en forme de mise au pied du mur de la cohérence, de demander à son peuple de lui donner le mandat pour aller dans quel sens et jusqu’où dans ces négociations. Il y a là quelque chose d’un pari confiant sur ce qui, dans le sondage, montre la persistance d’un refus viscéral, mais aussi paradoxalement à forte charge politique, de passer sous la domination terroriste du dictateur russe ou de lui abandonner la moindre part de la terre nationale et de la population. Par où pourrait se réactiver le processus initial d’engagement populaire au risque assumé, au vu de l’enjeu vital de cette guerre, d’y laisser la vie.

Tout ceci laisse entière l’autre grande question à résoudre que serait la réponse populaire ukrainienne aux conséquences néfastes, donnant gain de cause à l’annexionnisme de Poutine, d’une victoire de Trump. Avec ce que cela appellerait comme reconfiguration d’une lutte de libération nationale plongée dans des conditions militaires et politiques très défavorables comme, par le passé, l’ont connue bien des peuples confrontés à l’alternative qui leur a été par là imposée de poursuivre, coûte que coûte, la lutte ou de se soumettre [9].

Illustration 3

L’enjeu démocratique et internationaliste de la guerre


Quoi que l’on pense donc de Zelensky, de son néolibéralisme qui, par ses mesures antisociales [10] en pleine guerre, est un véritable cheval de Troie affaiblissant la résilience civile et, de fait, fragilisant les capacités militaires de la résistance à la Russie, on se doit de reconnaître ceci : en prenant le risque d’être accusé de revirement par la présentation d’une invitation à la Russie de négocier, on peut émettre l’hypothèse qu’il prend la mesure, sans pour autant en comprendre, ou vouloir comprendre, les ressorts internes affectés par ses choix sociopolitiques, de ce que cette guerre ne saurait être gagnée sans que sa population en ait, en récupère, la pleine volonté !

Comparés à la façon dont procède le régime poutinien, nous avons là ce que, dans la gauche internationale, on néglige parfois de façon aberrante, à savoir la différence radicale entre, d’une part, une démocratie tendanciellement résiliente, malgré la guerre mais aussi ses dérives antisociales et politiques, dans laquelle, et – soulignons-le au risque de la répétition – malgré la guerre, la gauche et les syndicats, engagés contre l’agresseur russe, ont conservé leur autonomie de lutteurs antilibéraux, et, d’autre part, un régime néofasciste qui, après avoir exproprié politiquement son peuple, réprimé sauvagement toute opposition, détruit toute organisation partidaire, syndicale ou associative et toute presse indépendantes, s’attaque, en ouverte logique impérialiste, à un État souverain pour l’annexer et défier ainsi, avec l’appui de la Chine et autres États totalitaires, l’idée même de démocratie, de droit des peuples à s’autodéterminer nationalement et socialement. Le tout en permettant, par effet repoussoir, aux États impérialistes démocratiques, de s’octroyer à peu de frais le label de vrais défenseurs des libertés. Et en favorisant enfin la dégénérescence, contre laquelle nous sommes nombreux·euses à lutter par notre soutien au peuple ukrainien, de l’idée même, fondamentale pour relancer des gauches bien à la peine, d’internationalisme.

[1] Commune urbaine de l’oblast de Donetsk à une quarantaine de km au nord-nord-est de la ville de Donetsk.


[2] www.youtube.com/watch?v=eevLYBGnZz4&t=25s


[3] www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/06/03/guerre-en-ukraine-sur-un-front-quasi-fige-l-initiative-est-desormais-du-cote-russe_6156776_4355771.html


[4] Voir la note du 12 juillet du Monde,
www.lemonde.fr/international/live/2024/07/13/en-direct-guerre-en-ukraine-la-russie-revendique-la-prise-du-village-d-ourojaine-qui-avait-ete-reconquis-par-kiev-en-aout-2023_6247419_3210.html


[5] Par exemple dans ces lignes d’un membre du MRAP, sur une liste d diffusion sur internet, qui se définit partisan d’« une solidarité politique avec les Ukrainiens subissant l’invasion de Poutine mais certainement pas une solidarité militaire ». Partisan aussi « d’engager des pourparlers de paix entre Ukraine et Russie pour arrêter la guerre, quitte […] à entériner de nouvelles frontières. » Merci la solidarité politique…


[6] « Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a signé mardi [4 octobre 2022] un décret formalisant l’impossibilité de négocier avec Vladimir Poutine »,
www.reuters.com/article/idUSKBN2QZ0ZC/


[7] 2025 pourrait bien être une date butoir pour la Russie aussi. Le journaliste David Axe, dans un article récemment publié par Forbes, estime que « l’heure tourne pour le Kremlin et Vladimir Poutine. Qui ne disposeraient pas de deux ou trois ans – ou plus – pour faire de leur « opération spéciale » une victoire claire, nette, et complète, mais de douze mois. » Malgré sa pleine mobilisation, « la Russie utilise des ressources qu’elle ne peut remplacer », écrit David Axe. Depuis le début de l’année, a-t-il été calculé et rapporté par Le Point, « Moscou a perdu en moyenne autour de 1 000 hommes par jour, morts ou mis hors de combat. La Russie a beau vider ses prisons et faire venir de jeunes hommes de tous horizons – voire de l’étranger – grâce à de confortables primes, le coût humain est indicible, l’impact économique réel, et elle ne pourra le faire indéfiniment. Selon une étude du ministère estonien de la défense, déjà rapportée par Forbes, il a été calculé que tuer ou mettre hors d’état de nuire 100 000 soldats russes dans le courant de l’année pourrait faire dérailler les plans militaires du Kremlin à moyen et long terme – sans compter la saignée terrible que de telles pertes provoquent dans son économie. Même chose pour les blindés : si la production russe s’accélère, elle n’en sort que 500 ou 600 par an, au mieux, de ses lignes de production. Extraire un vieil engin de stocks souvent négligés et le remettre en état peut prendre du temps, presque autant que la fabrication d’un véhicule neuf. Et s’ils sont colossaux, ces stocks ne sont pas infinis. Alors que la Russie perd 1 000 chars de combat et 2 000 blindés par an depuis le début de la guerre, un rythme qui pourrait s’accélérer si l’Ukraine reçoit les munitions dont elle a besoin [cet article a été publié le 16 avril dernier avant que les Américains ne décident de reprendre leur livraisons d’armes à l’Ukraine], David Axe cite une étude qui calcule que la Russie pourrait ne plus avoir grand chose à sortir de la naphtaline courant 2025 »
(www.geo.fr/geopolitique/ukraine-russie-ne-dispose-peut-etre-plus-que-un-an-soldats-blindes-pour-gagner-guerre-stocks-sovietiques-mobilisation-aide-americaine-johnson-219790)


[8] 77% sont opposé·es à la levée des sanctions occidentales contre la Russie. 58% contre 22% refusent que l’Ukraine acquière le statut d’État neutre et dénucléarisé comme le voudrait la Russie. Sondage réalisé entre les 20 et 28 juin
(www.dw.com/es/los-ucranianos-est%C3%A1n-dispuestos-a-negociaciones-de-paz-con-rusia/a-69693236)


[9] Vidéo entrevue de l’analyste Michel Goya qui, comme souvent, est éclairante sur la situation de la guerre en Ukraine et ses perspectives tant militaires que géopolitiques. Je partage beaucoup de ce qu’il dit :
www.youtube.com/watch?v=iKk5txPJz14


[10] Communiqué de la Fédération des syndicats d’Ukraine (FPU, 8 juillet 2024) : « Le gouvernement [ukrainien] propose d’imposer un moratoire sur l’augmentation des normes et garanties sociales de base de l’État pour les trois prochaines années. La FPU s’y oppose. Le moratoire sur l’augmentation des normes et garanties sociales de base pour les trois prochaines années est mentionné dans la déclaration budgétaire pour 2025-2027 adoptée par le gouvernement […]. Le gel affectera le salaire minimum, la pension minimum, les prestations sociales et d’autres garan-ties sociales […]. Cela signifie que les conditions sont créées pour l’inflation, qui est actuellement alimentée par la hausse des prix et des tarifs de l’électricité, des services publics et des biens essentiels. Cela signifie un appauvrissement massif des travailleurs et des retraités, ainsi que d’autres groupes socialement vulnérables », a déclaré Hryhoriy Osovyi, le président de la FPU. Selon lui, la décision de « geler » les normes sociales a suscité l’indignation des syndicats. Par conséquent, la Fédération des syndicats d’Ukraine, qui représente et protège les droits et les intérêts des travailleurs et des vétérans du travail, a répondu à ce défi en exigeant que le parlement ukrainien renvoie une telle déclaration antisociale au gouvernement et garantisse la protection des citoyens ukrainiens, comme l’exigent la Constitution et les lois de l’Ukraine.
(Source : Comité français du réseau européen de solidarité avec l’Ukraine.)

Antoine Rabadan


Antoine Rabadan est membre du comité français du RESU à Montpellier.


Publié dans Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 32)

État des lieux de la guerre d’Ukraine (Entre les lignes entre les mots)


https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/07/29/ne-flanchons-pas/


https://www.syllepse.net/syllepse_images/soutien-a—lukraine-re–sistante-32_compressed.pdf

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