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Billet de blog 5 mars 2019

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L'Etat espagnol instruit, de lui-même, son procès en illégitimité!

Symptomatique que c'est l'Etat espagnol qui chancèle sur ses bases, les syndicats de policiers et les associations de Gardes Civils ne se cachent pas pour dire qu'ils sont littéralement lâchés par les commanditaires politiques de leurs interventions le jour du référendum catalan.

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Les jours passent, l'effondrement éthique et politique du régime se poursuit.

Les responsables gouvernementaux de la répression policière lors du référendum ont fait l'incroyable démonstration qu'ils n'ont pas le courage politique d'assumer leur rôle (sans parler des mensonges qu'ils profèrent sous serment comme l'a dévoilé, chez Mariano Rajoy, le témoignage du président du gouvernement basque à propos de ses efforts de médiation dans le conflit en Catalogne). Voilà qui en dit long sur le pourrissement de la tête d'un Etat qui n'a plus le ressort pour promouvoir sa légitimité : le bel hidalgo autoproclamé ne parvient plus à donner le change sur sa misérable face sombre. Le régime n'a plus le personnel politique à la hauteur pour se défendre en occultant l'imposture, celle d'être une démocratie exemplaire, qui le sous-tend. Voilà aussi qui ajoute à la déception, c'est peu dire, et même à la colère, des espagnolistes : symptomatique que c'est l'Etat espagnol qui chancèle sur ses bases, les syndicats de policiers et les associations de Gardes Civils ne se cachent pas pour dire qu'ils sont littéralement lâchés par les commanditaires politiques de leurs interventions le jour du référendum catalan (https://www.elperiodico.com/…/policia-nacional-guardia-civi…). Réjouissant certes pour la démocratie que très clairement les accusé-es, leurs avocats et leurs témoins incarnent toujours plus et mieux.

Mais, comme le montre le compte rendu ci-dessous de la séance, jeudi dernier, des plus significatives de la couardise desdits responsables gouvernementaux, celle, en particulier, de l'ex ministre de l'intérieur Juan Ignacio Zoido, c'est le président du tribunal en personne qui désormais monte au créneau pour colmater les brèches béantes que les défenses des accusé-es et certains témoignages ouvrent dans l'accusation. Il se révèle ainsi, enfin, contrairement à l'image de "gentil juge" qu'il avait voulu donner dans la première partie du procès, que la Justice espagnole est le pilier, le dernier pilier solide qui, face à la lamentable "démission" de ses politiciens, doit s'assumer ouvertement rouage politique de l'Etat espagnol. Foin de la séparation des pouvoirs, c'était déjà une évidence (voir l'instruction à charge menée par l'autre "grande" figure de la justice politique espagnole, le juge Llarena), mais cela se donne à voir désormais comme la vérité du régime. C'est en effet celui-ci (le Roi n'a pas hésité à interférer avec le déroulement du procès en prétendant faire la leçon sur Etat de droit et démocratie) qui fait l'accusation, ordonne les procédures pénales et sanctionnera les accusé-es et ce qu'ils représentent, la démocratie et la République ! Les observateurs et correspondants de la presse internationale apprécieront à leur juste valeur les preuves qui s'exposent sans fard de l'anomalie démocratique espagnole : les condamnations tomberont mais ce qui devrait résulter de ce procès (c'est en tout cas en bonne voie), c'est une défaite politique majeure de l'Etat espagnol. La défaite aussi de ce que son présent doit à son passé, celui d'une Transition dont on vérifie aujourd'hui comment elle solde magistralement sa dette, mystifiée pendant plus de quarante ans en "modèle de démocratie", avec la dictature qui l'a mise sur orbite.

Compte rendu de la séance du procès jeudi dernier

Le jour où Zoido devait venir déclarer est enfin arrivé, une sorte de « mise en bouche » de ce qui pourrait se passer la semaine prochaine. L'ancien ministre de l'Intérieur s'est tiré une énorme épine du pied, celle de sa responsabilité dans la vraie violence du 1-O, la violence de la police. Il a déclaré, sous serment, qu'il ignorait, et le dispositif préparé pour permettre à la Guardia civil et à la police espagnole d'intervenir le jour du référendum, et les critères de leur action, et pourquoi ils étaient allés justement dans les bureaux de vote où devaient voter Puigdemont, Junqueras, Forcadell et les autres responsables. Rajoy et Sáenz de Santamaría avaient eu aussi, sous serment, déclaré tout ignorer du dispositif, leur seul interlocuteur étant Zoido. Et voilà que celui-ci affirme la même chose, qu'il n'en portait pas la responsabilité, que c'était l'affaire de Diego Pérez de los Cobos, qui déclarera mardi prochain probablement. Cliquer ici

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