Il s'agit d'une tribune publiée ce jour sur le site Le Monde. Le passage qui me semble le plus représentatif de ce texte est :
"Qu'on ne s'y trompe pas : même avec des nuances et des trémolos dans la voix, accepter par pragmatisme d'opposer un prolétariat national à un sous-prolétariat immigré, ne plus chercher à dénoncer cette ignominie, est un reniement majeur que les socialistes demandent à leurs électeurs de valider.
Doit-on s'en étonner d'ailleurs, au vu du long travail de décomposition des partis politiques que cette primaire parachève ? Se souvient-on de Lionel Jospin qui, dans les derniers feux de la campagne de 1997, promit de régulariser tous les sans-papiers pour finalement, lui aussi, céder aux composantes autoritaires de sa fragile majorité plurielle ? Ingrate gauche de gouvernement, oublieuse des mouvements de solidarité avec les sans-papiers de 1996, qui avaient remobilisé et réarmé la gauche des rues, et à qui elle devait en grande partie sa victoire. Donnons-lui acte en 2011 de ne même plus faire semblant de croire à ces principes... Cet abandon en rase campagne, sous la pression d'une supposée "opinion", ne pouvait que se trouver amplifié par la mécanique des primaires, où le Parti Socialiste (et ses futurs imitateurs), perd toute capacité d'impulsion, de transformation, d'éclairage, mais se transforme en réceptacle des demandes putatives d'un peuple considéré comme intellectuellement limité, demandes tamisées par les éditorialistes de plateau et les prophéties autoréalisatrices des sondages qui façonnent les agendas médiatiques et politiques."
Lectures sur le sujet
Pourquoi l’immigration n’est pas un problème
Immigration et marché du travail en France au xxe siècle
Les contradictions de la politique française d’immigration (par Alain Bihr)
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