Lu dans Libération aujourd'hui :
La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf et la militante Leymah Gbowee, ainsi que la Yéménite Tawakkol Karman, ont été récompensées pour leur lutte non violente en faveur de la sécurité des femmes.
Le titre du quotidien met en exergue la portée de la nobélisation des trois femmes : «Un Nobel pour les femmes en général»
Et pourtant, pourtant... ces trois femmes défendant les femmes "en général" cachent, si l'on en croit les photos illustrant l'article (voir ci-dessous), leurs cheveux ! Au regard (!) des stigmatisations développées en France, y compris dans certains rangs de la gauche, du voile comme un signe absolu d'asservissement, d'avilissement, de soumission des femmes au patriarcat, éclaboussant toutes les femmes, comment devons-nous interpréter la façon d'être, d'apparaître, de ces femmes reconnues si solennellement luttant pour les femmes "en général"? Promouvant même, pour l'une d'elle, une "grève du sexe" ! Quel sens donnent ces femmes à l'occultation de leurs cheveux ? Cette question mérite-t-elle qu'on la pose, qu'on la leur pose ? Le fait qu'elles soient étrangères change-t-il quelque chose à l'affaire que l'on traite en termes d'universalité des droits des femmes dans l'instant même où parfois, souvent, on restreint les droits des femmes "voilées". N'est-ce pas Madame Badinter (1)?
Ne serait-ce pas que les choses en la matière ne sont ni univoques ni essentialisables ou qu'elles le deviennent par une instrumentalisation politicienne des femmes semant les divisions et les haines qui pérennisent un système d'oppression et d'exploitation des femmes, des hommes. En général...Le mieux (terme volontairement faible et vague) ne serait-il pas que l'on cesse de procéder par injonctions faites aux femmes à s'expliquer, à se ... libérer, pour que déjà tout simplement (terme également de basse intensité) elles cessent d'être dites par d'autres qu'elles? Pour qu'elles puissent être ce qu'elles disent être et ce qu'elles veulent être ! Pour qu'à partir de là, sans plus aucun voile idéologique et dans l'égalité enfin reconnue entre interlocuteurs, le débat politique puisse enfin (bis) se mettre en place...