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Billet de blog 11 février 2022

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"Convois de la liberté" canadiens et Gauche Canada Dry (GCD)

Au Canada comme en France, on parle beaucoup des "convois de la liberté" au Canada qui bloquent Québec. Comme lors des mobilisations de l'été 2021 en France, sauf exception très minoritaire, aucune position de gauche ne parvient à sortir du primitivisme analytique posant que, puisque l'extrême droite est à la manoeuvre dans ces manifestations, le mouvement en lui-même serait extrême-droitisé.

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Titre original : Du Canada, de quoi penser, acidement, la gauche Canada Dry...

On parle beaucoup des "convois de la liberté" au Canada qui bloquent Québec. On trouvera dans une tribune canadienne (Au Canada, la colère ne devrait pas être le monopole de l’extrême droite) une position de gauche qui prend à rebrousse-poil les primitivismes analytiques; ceux qui ont prévalu ici en France lors des manifs de l'été anti-pass sanitaire : à savoir, entre autres sottises, celle de penser que, puisque l'extrême droite est à la manoeuvre, le mouvement en lui-même serait extrême-droitisé.

Oui, primitivisme analytique qui signe le suicide avancé de la gauche et je ne parle pas que de la gauche systémique mais aussi, hélas, de larges franges de l'extrême-gauche. Autrement dit celle dont je pensais naïvement qu'elle avait, malgré la crise qu'elle subit aussi, les outils politiques lui permettant d'éviter les pièges de l'alignement bovin sur les idéologies dominantes aujourd'hui (celles qui constituent la tenaille mortifère qui nous tue, de l'extrême droite et du libéralisme autoritaire à dynamique fascisante).

Eh bien non, face à une mobilisation qui déroute car elle porte la marque précisément des faillites de la gauche et qui donc, toute à son rejet du bras libéral de la tenaille n'est pas consciente spontanément des dangers du bras fasciste qui s'engouffre dans la brèche laissée vacante de toute gauche, celle-ci raisonne (pardon pour l'exagération de ce qui est, en vérité, simplisme obscurantiste) à l'incantatoire "non au fascisme" et reste à la maison, au chaud, repardon, pendant l'été, au froid rafraîchissant ses siestes amnésiques de son histoire antifasciste et de ce que, les conditions de recul actuelles nécessitent comme actualisations pour l'action. Pendant ce temps l'extrême droite, malgré le courage de quelques trublions décidés à aller au charbon (en été fallait le faire !) d'une gauche antifasciste du réel, celle qui s'oppose à la peste brune dans la rue, l'extrême droite donc a globalement réussi à médiatiser que c'était "son" mouvement, ce qui est faux mais tant pis, la vérité alternative se gagne à la démission de ceux et celles de la vérité du réel.

Comme le rappelle notre sociologue canadien aujourd'hui, la gauche devrait se repenser déjà dans ses analyses (encore une exagération) qui sont, là c'est moi qui parle, d'un essentialisme des plus benêts (aberration ayant explosé bien des consciences lors des affaires islamophobes jusqu'à aujourd'hui, rappelez-vous le "foulard" signe univoque, en France comme en Iran, de la soumission et l'oppression des femmes et bing sur la tête des (sous)femmes "voilées" !). Essentialisme paresseux évitant de "penser" qu'être antipass sanitaire ce n'est pas "nécessairement" être antivaccin, encore moins être facho. Que crier "liberté" ("démocratie" aussi ?) ce n'est pas "en soi" prononcer un slogan facho, etc.

Le fait est qu'il s'en est trouvé, dans cette gauche canapé, à soulager à la méthode Coué la mauvaise conscience à quoi se réduit aujourd'hui la conscience de la gauche qui "se pense" encore de gauche dans le déni d'avoir déserté des mobilisations où il fallait être, au risque d'être battu mais en ayant évité de l'être sans combat comme c'est le cas à ce jour : cette gauche Coué, comme on dirait couarde, nous a en effet bassiné.e.s, pendant que la rue estivale criait sa rage et en la laissant se déliter, en nous promettant qu'avec la rentrée, on allait voir ce qu'on allait voir : le retour du social, grand thème de gauche, qui pourtant s'est effiloché au gré des reniements de la gauche systémique et des défaites des mouvements sociaux, jusqu'à ne plus être qu'un hochet mythologique cache-misère de l'impuissance de gauche. Le roi (la reine ?) gauche est nue, allez, parlons cru, à poil, à la veille de la déroute électorale de sa fraction électoraliste vers laquelle se réfugient, en désespoir de cause, bien des débris de la gauche anticapitaliste défaite sans combat sur le pass sanitaire.

Alors, au moment où en France le mouvement antipass cherche à la jouer "convoi de la liberté" canadien, où la tenaille des "frères (faux) ennemis" va relancer la machine à éroder l'espoir d'une sortie radicale, émancipatrice, du système en pilonnant que, de toute façon c'est dans les urnes que, inéluctablement, "ça se décide", comme ça se décide depuis toujours, à savoir dans un cul de sac politique, je n'arrive pas à suivre la conclusion de cet article : je n'arrive pas à dire, penser, croire, que la gauche devrait ou ne devrait pas faire, etc. car, en tout cas ici en France, elle a trucidé le devoir faire, elle s'est dépouillée de tout devoir et de tout faire crédible. Nue, lamentablement à poil la GCD... Cavernicole.

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