Guerre d’Ukraine. Et si on retrouvait le fil internationaliste passé ?
Devant la guerre en cours en Ukraine, on remarque des prises de position dans la gauche internationale qui sont en rupture totale avec l’effervescence internationaliste des années 50-60 à l’échelle du monde (en faveur de l’Algérie, du Viet-Nam, de Cuba…).
Il ne s’agit pas de magnifier une période prometteuse d’émancipations populaires mais qui a échoué à faire émerger les réponses politiques permettant de les concrétiser. Mais pourquoi ne pas faire retour, avec esprit critique, sur ce qui peut aider à sortir des ornières dans lesquelles, depuis les années 80, se débattent et s’enfoncent des gauches partidaires parvenues à instrumentaliser institutionnellement et à dévoyer les « espoirs de 68 » pour finir par se suicider politiquement elles-mêmes. Ce dont profitent les droites et extrêmes droites fascistes ! Les évènements d’Ukraine pourraient amener à faire, ce qu'on voit d’ailleurs à l’œuvre dans les mobilisations pour Gaza, le pari, sans fétichisation, de renouer le fil avec cet internationalisme qui constituait l’air du temps vivifiant il y a quelque 50 ans.
A cette aune de la solidarité avec TOUS, sans exception, les peuples en lutte pour leur émancipation, force est de constater que de grands pans de la gauche, non seulement ignorent, dans le cas de l’Ukraine, au contraire de ce qu’ils font pour la Palestine, le sens profond de l’exigence internationaliste, mais qu’ils la dénaturent jusqu’à la combattre ouvertement ! Ainsi résonnent des aberrations sur le supposé nazisme ukrainien, sur la politique belliciste de l’OTAN, de l’impérialisme américain et de l’UE obligeant la pauvre Russie, qui n’en peut mais, à se défendre (sic), le tout reposant sur le crédit naïf accordé à ce qui n’est qu’intox grossière déversée tous azimuts par une dictature ayant muselé les oppositions susceptibles de démonter ces manipulations néofascistes.
Il ne s’agit pas, non plus, de verser dans un angélisme « pro-occidental » symétrique de ce suivisme prorusse qui créerait un stérilisant effet de pince « campiste » (à chacun son camp impérialiste !). Dire que les Américains ne menaçaient pas la Russie en Europe de l’Est ne signifie pas les exonérer de leurs turpitudes passées (Chili 1973) ni présentes (Gaza), seulement de constater que leur effort impérialiste était centré sur un front autrement plus décisif pour eux, dans l’Indo-Pacifique avec la Chine dans le viseur. Tout comme il est conséquent de soutenir la résistance ukrainienne (et de dénoncer le prix du sang que fait payer Poutine et sa clique aux Russes) sans donner de blanc-seing au néolibéralisme de Zelensky. Et cela dans la lignée de ce que font en Ukraine les partis de gauche anticapitalistes et les syndicats de travailleurs engagés dans cette résistance armée. Tout à l’opposé de la logique infernale du « campisme » des gauches anti-internationalistes qui prônent une paix … par le désarmement de cette lutte de libération nationale ! Une aubaine pour Poutine et les apprentis dictateurs placés dans son sillage, si on ne se mobilise pas pour la contrer !