Il est une fable, dont Netanyahou est l'initiateur, c'est dire, selon laquelle le Grand Mufti de Jérusalem, lors d'une rencontre (bien réelle, elle) avec Hitler, l'aurait incité, alors qu'il aurait été réticent (!), à procéder à l'extermination des Juifs, "à les brûler" (voir sur FB https://www.facebook.com/reel/778169054183538) ! Ou comment le grand sioniste à la tête de l'Etat d'Israël a bafoué délibérément l'histoire pour... Pour quoi, je vous le demande ? Pour faire d'une pierre deux coups comme nous l'explique le journaliste Sylvain Cypel : mettre sur le dos des Arabes l'exécution nazie du judéocide et en exonérer l'homme blanc (Hitler) ou, à tout le moins, amoindrir sa responsabilité dans l'agir monstrueux, pour l'attribuer pleinement et entièrement à l'Arabe.
Voilà comment Israël contribue au développement de l'islamophobie, ce racisme civilisationnel cache-sexe du racisme anti-arabe historique qui a cours largement dans cette Europe, et notamment en France; qui, troisième coup de la pierre du criminel israélien, permet, à peu de frais, à l'homme blanc européen de refouler que cette extermination des Juifs a eu lieu sur son sol et a été l'oeuvre de bien blancs, vous savez ceux qui, par ailleurs avaient cruellement colonisé et colonisaient toujours l'homme et la femme arabes !
A ce propos ce que dit le grand Aimé Césaire, dans son célèbre Discours sur le colonialisme de 1950, s'applique à Netanyahou, ce détestable révisionniste de l'histoire de la Shoah, pour sa capacité à manipuler la mauvaise ou fausse conscience européenne, celle de ses élites, par rapport à Hitler et au nazisme. Mauvaise/fausse conscience de n'être pas, malgré ses prétentions de détenir les clés de la civilisation, fondamentalement anti-hitlérienne mais uniquement mal remise que le nazisme ait fait subir à l'homme blanc ce qu'elle, l'Europe du colonialisme, avait appliqué et appliquait encore, avec une bestialité digne de ce que firent les nazis, aux peuples non-blancs !
La mystification netanyahouesque de l'affaire du Grand Mufti de Jérusalem, vient exactement se greffer, aujourd'hui -, sur ce ce "malaise dans la civilisation" (ah! Freud !) européenne, spécialement en France, à partir de la convergence des deux colonialismes antiarabes, israélien (cyniquement assumé) et français (hypocritement mal refoulé). Par où se comprend mieux ...la compréhension active de cette Europe et des Etats-Unis, suivistes sur ce, seul point, envers la barbarie que met en oeuvre l'Etat d'Israël à Gaza. Et cela à un tel niveau d'inhumanité que désormais se pose la question de savoir si cet Etat d'Israël, dont on n'oublie pas qu'il s'enorgueillit d'être, messianiquement intégriste, celui des seuls juifs, n'est pas un Etat génocidaire !
Méchante boucle qui se boucle quand on suit le fil qui part de cette histoire préfabriquée des Arabes responsables de la Shoah, nous fait croiser la déconstruction, par Aimé Césaire, du violentissime colonialisme européen pour arriver à cette complicité Israélo-Européenne d'un entre soi fortement travaillé par le syndrome colonial.
Lisons Aimé Césaire, tenez-vous bien qui déclare que l'homme blanc "porte en lui un Hitler qui s'ignore". Rien à voir avec sa capacité à si peu s'émouvoir à la vue de ce qui se passe à Gaza sous la baguette furieusement paradoxale ... d'un Hitler qui s'ignorerait ? A la justice internationale de répondre à ces questions et, sans attendre, aux internationalistes de contribuer aux magnifiques mobilisations de soutien aux palestinien.ne.s qui ont lieu dans le monde.
"Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’un Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il le vitupère c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, c’est l’humiliation de l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique."
Et ceci encore qui met en cause explicitement le capitalisme : "J’ai beaucoup parlé d’Hitler. C’est qu’il le mérite : il permet de voir gros et de saisir que la société capitaliste, à son stade actuel, est incapable de fonder un droit des gens, comme elle s’avère impuissante à fonder une morale individuelle. Qu’on le veuille ou non : au bout du cul-de-sac Europe, je veux dire l’Europe d’Adenauer, de Schuman, Bidault et quelques autres, il y a Hitler. Au bout du capitalisme, désireux de se survivre, il y a Hitler. Au bout de l’humanisme formel et du renoncement philosophique, il y a Hitler."
Et pour finir qui devrait faire réfléchir, si cela est encore possible, celleux qui laissent faire en Palestine : "Où veux-je en venir ? À cette idée : que nul ne colonise innocemment, que nul non plus ne colonise impunément ; qu’une nation qui colonise, qu’une civilisation qui justifie la colonisation — donc la force — est déjà une civilisation malade, une civilisation moralement atteinte, qui, irrésistiblement, de conséquence en conséquence, de reniement en reniement, appelle son Hitler, je veux dire son châtiment.
Colonisation : tête de pont dans une civilisation de la barbarie d’où, à n’importe quel moment, peut déboucher la négation pure et simple de la civilisation.
J’ai relevé dans l’histoire des expéditions coloniales quelques traits que j’ai cités ailleurs tout à loisir.
Cela n’a pas eu l’heur de plaire à tout le monde. Il paraît que c’est tirer de vieux squelettes du placard. Voire !
Était-il inutile de citer le colonel de Montagnac, un des conquérants de l’Algérie : «Pour chasser les idées qui m’assiègent quelquefois, je fais couper des têtes, non pas des têtes d’artichauts, mais bien des têtes d’hommes.»
Convenait-il de refuser la parole au comte d’Herisson : «Il est vrai que nous rapportons un plein baril d’oreilles récoltées, paire à paire, sur les prisonniers, amis ou ennemis.»
Fallait-il refuser à Saint-Arnaud le droit de faire sa profession de foi barbare : «On ravage, on brûle, on pille, on détruit les maisons et les arbres.»
Fallait-il empêcher le maréchal Bugeaud de systématiser tout cela dans une théorie audacieuse et de se revendiquer des grands ancêtres : «Il faut une grande invasion en Afrique qui ressemble à ce que faisaient les Francs, à ce que faisaient les Goths.»
Fallait-il rejeter dans les ténèbres de l’oubli le fait d’armes mémorable du commandant Gérard et se taire sur la prise d’Ambike, une ville qui, à vrai dire, n’avait jamais songé à se défendre : «Les tirailleurs n’avaient ordre de tuer que les hommes, mais on ne les retint pas ; enivrés de l’odeur du sang, ils n’épargnèrent pas une femme, pas un enfant… À la fin de l’après-midi, sous l’action de la chaleur, un petit brouillard s’éleva : c’était le sang des cinq mille victimes, l’ombre de la ville, qui s’évaporait au soleil couchant.»"
Si vous en voulez plus, cliquez ici http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2008/04/17/8855894.html
Billet de blog 20 février 2024
Netanyahou, le Grand Mufti de Jérusalem, la Shoah...résonances à l'heure de Gaza...
La mystification netanyahouesque de l'affaire du Grand Mufti de Jérusalem, vient exactement se greffer, aujourd'hui, sur ce ce "malaise dans la civilisation" (ah! Freud !) européenne, spécialement en France, à partir de la convergence des deux colonialismes antiarabes, israélien (cyniquement assumé) et français (hypocritement mal refoulé).
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