Podemos = la rupture avec "la caste" des pouvoirs en place, socialistes compris ! Y a-t-il une chance que cela soit ... compris à la gauche du PS des Hollande, Valls mais aussi des "frondeurs" ?
Il se passe quelque chose en France, probablement dans d’autres pays, où l’on se focalise, pour l’instant surtout dans les milieux militants, sur un évènement il est vrai majeur de la scène politique et sociale de l’Etat espagnol : l’émergence inattendue, en janvier dernier, et aujourd’hui le développement fulgurant de Podemos, ce regroupement politique qui a décroché aux élections européennes de mai près de 8% des voix et cinq sièges. Depuis lors est à l’oeuvre une dynamique qui semble imparable et qui concentre sur elle l’attention de grands médias mais aussi des deux grands partis politiques qui, depuis la mort du dictateur, au milieu des années 70, gouvernent, en périodes plus ou moins longues alternées, le pays. De leur point de vue il y a péril en la demeure, Podemos est crédité d’être en tête aux prochaines élections !
Le « régime de 78 », dit de la « Transition » pour bien énoncer que la rupture pleine avec la dictature avait pu être exorcisée, neutralisée, est menacé. Il est enfin ébréché ce consensus droite-gauche qui, pendant 36 ans, s’est si efficacement ancré sous la double égide combinée de la monarchie héritée du franquisme et de l’Union Européenne, toutes ces forces s’attelant à la tâche de moderniser le pays sur les standards capitalistes les plus libéraux, y compris par le développement d’une bulle, comme celle de l’immobilier qui a éclaté en 2008 en prélude de la crise systémique qui accable la population ! Podemos devient l’ennemi à monter en épingle pour mieux concentrer le tir sur lui et l’abattre afin d’atteindre surtout l’immense espoir qu’il soulève, celui d’une alternative, pour la première fois esquissée, au « système » en place !
Retour en France : le contraste est d’autant plus saisissant avec ce qui a cours, dans le même instant, dans le pays voisin que nous vivons ici la fin d’une illusion, celle qu’a suscitée le Front de Gauche (FdG), qui, selon le regret de certains de ses membres, aurait pu être le Podemos à la française, en quelque sorte avant l’heure... Le constat est rude : après l’embellie de la présidentielle de 2012, rien ne va plus, les échecs électoraux, à la mesure du défi qui avait été donné de passer devant le PS, puis au moins devant le FN, se sont enchaînés... La division a fini par s’installer au grand jour aux dernières élections entre les poids lourds de la coalition, le PC et le PG, reléguant les autres partenaires à leur impuissance médusée et mutique : au grand révélateur des ambiguïtés politiques que sont les élections pour des partis foncièrement électoralistes, le jeu d’alliance adopté, longtemps biaisé, s’est avéré dévastateur. La politique délibérément capitaliste, dans une sorte d’intégrisme ultralibéral sans retour, assumée, sans attendre, par le PS au gouvernement, a immédiatement mis en porte-à-faux les ... faux-fuyants tactiques du FdG qui prévalaient entre les partisans de continuer à coller au PS pour sauver des élus (le PC) et les partisans du contraire, le grand démarquage envers le même PS, pour tenter d’obtenir, sur une tétanisation du verbe radical, les élus qui leur faisaient défaut (le PG) ! Porte-à-faux, faux-fuyants, faux pas électoral tout s’est vite emballé et déréglé dans la perception par une large frange des militants que la politique suivie, strictement scandée par les échéances électorales, était de toute évidence... fausse ! La municipale de Montpellier aura été, de ce point de vue, l’occasion d’un incroyable déballage politicien dans ce qui s’affirmait « l’alternative », avec retournement de positionnements sur les alliances les plus contradictoires, qui avec le candidat du PS, qui avec le (faux) dissident de ce parti avec, à la clé, la perte de tout élu FdG en mairie, une intégration du dirigeant du PG 34 dans l’exécutif du vallso-frêchiste ayant décroché, après la mairie, l’agglo, sans parler du pataquès à l’intérieur de la coalition et le discrédit ou la défiance générés à l’extérieur. L'article intégral