L'heure des présidentielles est venue si l'on en croit les gazettes. Classique prématurité médiatique du politique qui n'en finit pas de subordonner son propre cycle à sa mise en spectacle au prix, en particulier, d'une hyperpersonnalisation des enjeux. Devant ces jeux de masques et autres oblitérations des questions essentielles touchant à la vie de millions de salariés, on peut chercher à redessiner les données politiques de fond de la prochaine présidentielle en s'échappant des fixations sur le national pour retrouver ce qui "travaille" le local : le cas de Montpellier peut ainsi servir de révélateur de ce qui s'apparente à des jeux de dédoublement, virant eux-mêmes à une certaine duplicité politique, chez ceux qui promeuvent la candidature de Jean-Luc Mélenchon comme l'Alternative tant attendue.
Nous n'irons pas jusqu'à dire que Montpellier dit toute la vérité sur cette candidature : il permet seulement de lancer une alerte invitant à déconstruire ce qui voudrait nous faire oublier que le concret (local en l'occurrence) dit quelque chose que l'abstrait national (rien de moins qu'une élection présidentielle modelée par la Ve République!) laisse dans le non-dit. Je sais d'expérience qu'une telle approche prend de plein fouet le fidéisme politique de ceux qui, à gauche, s'accrochent désespérément à ce qui leur semble une bouée antisarkozyste salvatrice. Mais l'expérience montre aussi que ces bouées se dégonflent aux premières bourrasques et provoquent des (dé)perditions politiques dont un Sarkozy et un(e) Le Pen ont tiré profit et tireront profit pour longtemps.
Un simple rappel : le cas de Montpellier et, plus largement, du Languedoc-Roussillon, est d'autant plus intéressant qu'il a connu l'une des rarissimes expériences de large unité de la gauche antilibérale/anticapitaliste, lors des Régionales de l'an passé. Expérience sacrifiée dès les récentes cantonales héraultaises par un Front de Gauche se calant déjà, sans plus de discussion, sur la logique des présidentielles où la primauté, malgré quelques velléités de résistance interne, était au lancement de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Avec la construction d'un discours d'autopréservation suggérant que la responsabilité de cette désunion revenait au NPA ! Toutes "petites" choses locales qui sont un avertissement sur ce qui se joue à l'échelle nationale et qui devrait déjà commencer par problématiser les pseudoévidences sur le "sectarisme isolationniste" du NPA, lequel NPA porte, au niveau national, sa part de responsabilité dans l'échec de l'unité de la gauche radicale mais sûrement pas LA responsabilité ! Car indiscutablement dans le 34 l'unité a été portée jusqu'au bout par le NPA...Vraie - et tellement inconfortable - fausse note dans le consensus mélenchoniste d'une partie de la gauche radicale !
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Paru sur le blog du NPA 34 (http://www.resistons.net/index.php?)
Une gauche municipale qui "bouge" à Montpellier ... ah bon ?
Essayons d'y voir clair : en parallèle ou en connexion avec le tout frais remaniement de postes opéré par Hélène Mandroux [maire PS] à la mairie de Montpellier, nous avons eu un succulent jeu de "chaises politico-musicales" qui a vu un élu "société civile" passer au PS, un UMP, certes membre de..."Gauche Moderne", passer au Modem ...allié, lui-même, au PRG (de gauche, donc!)...
Et puis nous avons apprécié le sens du contre-pied d'un Modem qui, lui, a filé au PS (pour en savoir plus et plus précisément sur ces acrobaties, voir Conseil municipal de Montpellier : les nouvelles délégations des élus [Montpellier Journal]).
Bon voilà, cela se passe dans une majorité de gauche où le PC, au moins, résiste au "bougisme" cocasse de ses alliés. Mais au prix de ce qui, tout de même, se donne à voir comme un grand écart politique avec ce qui est proclamé, pour les présidentielles, avec le Front de Gauche, rien de moins qu'un cours politique refusant les compromissions et autres accommodements politiciens-politicards, depuis des proclamations, sinon d'indépendance (la pierre d'achoppement avec le NPA !), du moins de démarcation vis-à-vis du PS. Le tout se revendiquant de l'alternative antilibérale et citoyenne mais aussi, contradictoirement, d'un programme partagé de toute la gauche...oui, toute la gauche, ou presque,...comme à Montpellier où le Modem "partage" aussi mais pas les Verts qui voudraient pourtant en être!
Convenons que, vu de cette mairie, la clarté politique affichée dans la campagne des présidentielles du Front de Gauche est, quelque peu, embuée...par les effets délétères du programme partagé, au quotidien gestionnaire, avec les Dufour [Modem], Tsitonis [Modem], Saurel [PS], Vignal [PS], tous d'un fan-club social-libéral ou centro-libéral, qui, de Bayrou, qui, de DSK/FMI-mauvaise pioche, qui, de Valls, le plus sarkocompatible (1), qui, d'un Hollande qui "ne s'offusque même pas quand on lui demande s'il se voit en une sorte de Raymond Barre de gauche" (Mediapart) ou encore d'une Aubry jouant à être plus libérale que ledit Hollande pour gagner les primaires de son parti ! (2)
Comme aurait dit le fourbe Scapin, "Que diable va faire le PC dans cette galère?" alors que la nef de A Gauche Maintenant !, malgré tous les écueils, avait commencé à tracer, aux Régionales de l'an passé, un sillon autrement prometteur autour d'un programme partagé, pour le coup, avec un NPA, il est vrai, peu friand de la tambouille socialiste !
Sera-t-il possible, un jour, de dérouter le bateau de l'unité de gauche vers d'autres rives que celles, mouvantes et très bric-à-brac social-libéral et capitaliste, du PS et du Modem ? Les actuelles péripéties municipales de Montpellier, où l'empreinte de l'opportunisme frêchiste reste encore prégnante, même chez ceux qui prétendent s'en être émancipés, amènent à reposer la question...
Antoine
(1) encore qu'il semble évoluer mais toujours dans le même sens : Valls rêve d'une "majorité" élargie à Villepin et Bayrou (Le Monde)
(2) "[François Hollande] ne s'offusque même pas quand on lui demande s'il se voit en une sorte de Raymond Barre de gauche. Ce n'est, certes, qu'une anecdote mais elle est révélatrice. « On vous qualifie parfois de Raymond Barre de gauche. Est-ce un compliment à vos yeux? », lui a ainsi demandé il y a quelque temps le journal Les Echos.
François Hollande a partiellement accepté cette filiation, à la manière d'un Pierre Bérégovoy qui ne détestait pas qu'on voie en lui un « Pinay de gauche ». « Je le prends avec précaution, car on ne peut pas dire que sa réussite à l'élection présidentielle ait été totale ! On ne peut dire non plus que sa gestion ait été parfaite. Mais il a eu le souci de remettre nos finances publiques à flot », a simplement répondu François Hollande.
Inquiétante filiation ! En 1981, Raymond Barre est, avec Valéry Giscard d'Estaing, le symbole de la politique réactionnaire qu'il faut mettre en échec, le premier ministre des injustices sociales, du chômage et des premiers petits boulots. Trente ans après le 10 mai 1981[...] le voici en partie réhabilité par les héritiers de ceux qui l'ont battu. C'est à l'évidence de très mauvais augure pour la gauche. Et plus encore pour ceux qui rêvent toujours de « changer la vie » et qui assistent, attristés, à ce spectacle désolant d'une gauche qui perd tous ses repères. Adieu Keynes ! Vive Raymond Barre..." (Mediapart du 19 juillet : Adieu Keynes ! Vive Raymond Barre ! par Laurent Mauduit)
On trouve dans ce même article ces lignes sur Aubry que/qui soutient Hélène Mandroux : "François Hollande et Martine Aubry viennent en effet, l'un après l'autre, de prendre position en faveur du plan de réduction des déficits et de la dette publics arrêté par le gouvernement, et d'écorner au passage les engagements contenus dans le projet arrêté par leur propre parti pour 2012. [...]
Dans une étonnante compétition libérale, la rivale [de François Hollande] dans la primaire, Martine Aubry, a fait comprendre que, elle aussi, si elle était élue, n'aurait de cesse que de bafouer les engagements pris par le Parti socialiste et de mettre en œuvre une politique d'austérité. Elle l'a clairement dit, dès le lendemain, dimanche 17 juillet, à l'occasion d'un entretien sur Europe-1, que l'on peut écouter ci-dessous (surtout à partir de 32'34'').
En réponse à un journaliste qui lui demande ce qu'elle pense de cette opinion exprimée la veille par François Hollande en faveur d'une réduction des déficits sous les 3% du PIB dès 2013, Martine Aubry n'hésite pas un seul instant : « Non seulement je le pense, mais... » Interrompue par l'un de ses interlocuteurs, elle n'a pas le temps de poursuivre. Mais peu après, elle a le loisir de s'expliquer : « On ne peut pas vouloir être présidente de la République et ne pas respecter les engagements de la France », précise-t-elle. Elle s'engage donc sur les « 3% en 2013, puisque c'est la règle aujourd'hui ».
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Mandroux recevant le soutien d'Aubry aux dernières Régionales
Illustration : 1271209878