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Billet de blog 3 septembre 2008

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La Maison Rocca Serra

L'incertain Alain Joyandet, secrétaire d'État du gouvernement Fillon (coopération et francophonie) depuis le 18 mars dernier, vient de déclarer à Lomé, au Togo, la nécessité de tourner la page Eyadema

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L'incertain Alain Joyandet, secrétaire d'État du gouvernement Fillon (coopération et francophonie) depuis le 18 mars dernier, vient de déclarer à Lomé, au Togo, la nécessité de tourner la page Eyadema (dictateurs du cru de père en fils, ayant toujours su détourner à leur profit le suffrage universel, entre autres...).

En France, où le passé ne passe pas, il y a aussi des pages qui ne se tournent pas. Au sud de la Corse, il faudrait un treuil pour passer à autre chose, ou plutôt à quelqu'un d'autre. Vous souvient-il du «renard argenté», né en 1911, mort en 1998, Jean-Paul de Rocca Serra ?

Ce chef de clan, affilié aux Abatucci et aux Carrega ayant fait main basse sur l'île au XIXe siècle, avait pour père Camille de Rocca Serra, conseiller général de Porto Vecchio, député de 1928 à 1940, qui vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain contrairement à Paul Giaccobi, du nord de la Corse.

À la libération, la maison Rocca Serra connaît une éclipse singulière. Il faut attendre 1949 pour que commence la reconquête, entreprise par Jean-Paul, médecin-lieutenant durant la campagne d'Italie, qui met fin au ban de sa famille d'affaires dont elle connaît tous les rouages, en devenant conseiller général de Porto Vecchio. Le Sénat l'abrite en 1954, puis l'Assemblée nationale à partir de 1962. Président de l'Assemblée de Corse en 1984, Jean-Paul de Rocca Serra jongle avec le cumul des mandats.

Il est mort dans sa circonscription, comme d'autres dans leur lit, se faisant élire une dernière fois en se passant de l'investiture du RPR qui l'avait recalé du fait de son âge. Et il réussit à imposer en ses traces son fils doté du prénom Camille, pour que personne ne se trompe sur les ambitions dynastiques d'un clan aux aguets.

Camille vient peu au Palais Bourbon. Il y fait des interventions si filandreuses que l'une d'entre elles fut soumise au dernier concours de secrétaire des débats de l'Assemblée nationale, afin de départager les candidats sur leur capacité à rendre clair et concis le pire embrouillamini...

L'Occupation de la France par les nazis n'avait pas gêné le grand père Camille. L'occupation de la résidence privée de Christian Clavier horrifie le petit-fils Camille, seigneur de Punta d'Oro, ami des puissants, protecteur des arts sonnants et trébuchants. Mais la Corse continue de vaquer à ses occupations, sous la houlette de bergers argentés, méticuleusement attachés à chaque brin de laine, assez peu regardants sur le paysage, s'asseyant volontiers sur les principes.

Faudra-t-il qu'un secrétaire d'État togolais nous alerte un jour, pour que nous ouvrions les yeux sur une telle lignée malencontreuse ?