Antoine Perraud (avatar)

Antoine Perraud

Journaliste à Mediapart

Journaliste à Mediapart

171 Billets

1 Éditions

Billet de blog 4 novembre 2021

Antoine Perraud (avatar)

Antoine Perraud

Journaliste à Mediapart

Journaliste à Mediapart

Bertrand Russell, sauve-nous !

La préparation d’un article pour Mediapart, « Aux origines de notre cauchemar politique : l’effet Le Pen en 1984 », fit l’effet d’un poison. Un antidote s’imposait. D’où cette archive audiovisuelle de Bertrand Russell datant de 1959 : un merveilleux secours face à des temps monstrueux...

Antoine Perraud (avatar)

Antoine Perraud

Journaliste à Mediapart

Journaliste à Mediapart

Plonger dans les archives de la télévision française à la recherche de « l’effet Le Pen » provoqué par sa participation à l’émission « L’Heure de vérité » du 13 février 1984, c’est retrouver la devise dont use et abuse aujourd’hui l’héritier (Éric Zemmour) de tant de répulsions recuites : niche-toi dans le fracas. La haine, la haine toujours recommencée...

À lire ici

Illustration 1
Une de Mediapart, 4 novembre 2021

L’extrême droite française garde un chien de sa chienne à l’antiracisme, au mouvement féministe, à Mai-68, à la décolonisation, à la Résistance, aux dreyfusards, au catholicisme social, à la République, à la démocratie et donc – terminus tout le monde descend ! – à la Révolution française. Il s’agit, dans les esprits racistes et fascisants, de prendre sa revanche sur de tels épisodes : « C’est la revanche de Dreyfus ! », s’était au reste exclamé Charles Maurras en apprenant sa condamnation au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Dans l’univers lepéno-zemmourien, la France regorge de représailles à mener. De lois du talion à toujours appliquer, de Némésis et de vendetta politiques à l’égard de boucs émissaires reconstitués selon les circonstances – les minorités font irrémédiablement figure de cinquième colonne. Cette culture de l’exécration d'autrui se conjugue aujourd’hui avec le déversement de détestations véhiculées par les réseaux sociaux.

L’écœurement des consciences démocratiques est à la mesure de l’exécration tous azimuts dans laquelle s’acharnent les sectateurs de la solution raciste et autocratique. Ceux-ci souhaitent le pire, qui leur permettra de remonter le courant de leurs antipathies.

Illustration 2
© Copie d'écran du site Ebay

Face à de telles vengeances spectrales en cascade ne trouvant à s’épanouir que dans la guerre civile et le meurtre – de moins en moins symbolique – du prochain, existe-t-il un antidote ? Comment contrecarrer la déraison obsessionnelle de l’extrême droite française, emplie de hantises, de cauchemars, de phobies, d’hallucinations et d’idées fixes scélérates ?

Peut-être en convoquant un bon fantôme, cette fois : Bertrand Russell (1872-1970), élevé dans le parc de Richmond par un grand-père né en 1792. En bon Britannique socialisant, Russell récapitulait l’histoire, non pas pour chercher réparation dans la vindicte, mais pour garantir un futur endurable, lui qui vit le jour avant l’électricité mais s’éteignit en luttant contre le danger nucléaire.

Le message qu’énonce, dans la vidéo ci-dessous, ce philosophe pacifiste, engagé dans les meilleurs combats, nous purifie des miasmes exhalés depuis 1984 par Jean-Marie Le Pen, puis par son ultime épigone en date.

Du fond des âges, Lord Russell offre, à rebours des mensonges et de la détestation, un viatique pour aborder la présidentielle du printemps prochain et ce qui s’ensuivra. Tout en illustrant un point essentiel : du bon usage de la télévision (c’était en 1959 pour la BBC, le texte anglais est à retrouver ici)...

Bertrand Russell, âgé de 87 ans, livre deux conseils pour résister aux bobards (“fake news” comme on ne disait pas encore) et à la pulsion de mort encouragée par les fauteurs de guerre civile... © Hygiène Mentale