Savoir ne pas joindre le geste à la parole. Ne prendre un enfant que par la main. N'être frappé qu'au coin du bon sens.Ainsi donc le Conseil de l'Europe mène-t-il campagne contre la fessée. Son règne est mondial. Les abolitionnistes se démènent.
Le caning, à Eton, sanctuaire de la flagellomanie anglaise, perdura en gros jusqu'à l'arrivée de Mrs Thatcher au pouvoir en 1979 (l'une ne remplaça pas l'autre pour autant).
En France, désormais tous les cinq ans, les adultes ont la possibilité d'élire leur Père Fouettard au suffrage universel. Gilles Martinet n'est plus là pour s'y opposer.
Et comme tout s'y termine par des chansons, voici celle de Brassens, qui passe de la brutalité à l'abandon :
"Aïe ! vous m'avez fêlé le postérieur en deux !"
Se plaignit-elle, et je baissai le front, piteux,
Craignant avoir frappé de façon trop brutale.
Mais j'appris, par la suite, et j'en fus bien content,
Que cet état de chos's durait depuis longtemps :
Menteuse ! la fêlure était congénitale.
Quand je levai la main pour la deuxième fois,
Le cœur n'y était plus, j'avais perdu la foi,
Surtout qu'elle s'était enquise, la bougresse :
"Avez-vous remarqué que j'avais un beau cul ?"
Et ma main vengeresse est retombée, vaincue!
Et le troisième coup ne fut qu'une caresse...
Tout cela est bien sûr de la faute à Rousseau, dont les Confessions proto freudiennes nous abreuvent de détails révélateurs sur le geste de mademoiselle Lambercier, lourd de conséquences.