Il n'est pas question ici de justifier les dégâts provoqués par quelques individus déchaînés en plein Montparnasse, à Paris, dans le sillage de la manifestation nationale du mardi 14 juin contre la loi El Khomri. Ceux qui nient, minimisent ou relativisent le grabuge et les dégradations en affirmant, par exemple, que seules quelques vitrines de banques auraient été endommagées, ceux-là illustrent la formule évangélique : « Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. »
Il est cependant loisible de développer à la fois une observation locale et une pensée globale. Et donc de condamner la communication gouvernementale, que relaient les médias dominants, au sujet de ces incidents. Était-il acceptable que des représentants de l’État sautassent sur l’occasion et profitassent de l’effet d’aubaine ? Fallait-il trahir le secret médical : révéler que le fils du couple de policiers tués à Magnanville, que cet orphelin de 3 ans était dans l’hôpital Necker-Enfants malades ?Hôpital présenté de surcroît comme saccagé – les dommages infligés aux vitrines du bâtiment ne méritant pas une telle hypertrophie lexicale…
Fallait-il que le premier ministre exploitât cela pour faire peser des menaces d’interdiction sur de prochains cortèges syndicaux ? On ne peut que se référer à la réaction de François Mitterrand, au mois d’avril 1970, au moment où était discutée la loi anti-casseurs du gouvernement Chaban-Delmas. Le premier secrétaire du parti socialiste déclarait alors (cf. la vidéo ci-dessus) : « En vérité le gouvernement a saisi l’occasion, comme s’il avait voulu profiter des circonstances, pour élargir incroyablement la délinquance possible ; c’est ainsi qu’en fait, il interdit désormais le droit de manifester, le droit de se réunir. » C'est l'effet boomerang de la concordance des temps !
Manuel Valls, qui se sait faible et se sent illégitime, joue avec le feu. Il voulait être Clemenceau, il ne fut que le petit Néron aux allumettes.