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Billet de blog 21 août 2009

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Quand nous chanterons le temps de Jospin

À quelques jours du raout estival annuel de La Rochelle, le PS peine à sélectionner un(e) champion(ne). Ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval, mais peut-être de l'autre côté d'un pont:

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À quelques jours du raout estival annuel de La Rochelle, le PS peine à sélectionner un(e) champion(ne). Ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval, mais peut-être de l'autre côté d'un pont:

En 2007, Ségolène Royal incarnait la protection après le sentiment d'abandon du 21 avril 2002:

Le besoin de pouponnage politique n'a qu'un temps. La donne sera différente en 2012. Le PS se réveillera peut-être en criant d'une seule voix: «Mais le vieillard est grand» (Victor Hugo). En attendant, on se croirait plutôt dans l'un des premiers poèmes de Totor, Idylle:

LE VIEILLARD.
Ô mon fils, où cours-tu ?
LE JEUNE HOMME.
Vers les bosquets de Gnide
J’ose en secret suivre les pas
D’une vierge aimable et timide :
Par pitié, ne me retiens pas.
LE VIEILLARD.
Jeune Homme, crains Vénus : son sourire est perfide,
Minerve par ma voix t’offre ici son égide
Contre ses dangereux appas[...]

Le vieillard n'a que 72 ans. Juste avant que l'oiseau de Minerve ne prenne son envol, il tape quelques balles puissantes et précises au tennis club d'Ars-en-Ré:

Et lorsqu'il abandonne les courts de son partenaire Pascal Mussau, ancien entraîneur de l'équipe de coupe Davis du Sénégal, Lionel Jospin donne parfois une leçons aux jeunes politicien(ne)s inaudibles du PS. Par exemple, à propos de la diligente capitulation sarkozyenne face à l'Otan:

Ou bien au sujet de l'instrumentalisation sarkozyenne du thème de l'immigration:

Ou encore sur les gesticulations sarkozyennes, se parant des vertus de la «relance», face à la crise financière:

Lionel Jospin frôlera les 75 ans lors de la présidentielle du printemps 2012. C'était l'âge qu'avait Charles de Gaulle lorsqu'il se présenta aux élections de 1965:

Admettons que ce ne soit pas l'exemple le mieux choisi. Tournons-nous davantage vers la gauche et revenons à Léon Blum. En 1946-1947, dix ans après avoir dû abandonner le pouvoir, victime des ratés du Front populaire, Léon Blum, qui allait avoir... 75 ans, reprenait du service comme dernier président du gouvernement provisoire.

Lionel Jospin, dans sa présentation des discours historiques du leader socialiste (Frémeaux/Ina), célèbre «le souvenir d’un homme qui, sa vie durant, consacra la finesse de son intelligence, la ténacité de son caractère et la générosité de son cœur à un projet inachevé par nature mais dépassant tous ceux qui le servent».

Qui pourrait longtemps résister à un tel parallèle entre deux hommes et deux destins, quelles que soient les réactualisations qui s'imposent ?...

À La Rochelle la semaine prochaine, le PS ne devra pas se contenter de rageusement ratiociner sur l'impasse de Lionel Jospin (celle qu'il aurait fabriquée de toutes pièces, ou celle dont il serait le seul à pouvoir extraire la malheureuse formation de gauche).

À La Rochelle, les socialistes n'auront peut-être guère d'autre choix que de se demander s'il ne leur reste pas trois minuscules années pour découvrir le charme austère d'une alternance qui leur passa sous le nez en 2002. Ils pourront, en guise d'huile de ricin politique, s'abreuver d'une citation de Léon Blum: «J'ai souvent pensé que la moralité consiste essentiellement en le courage de faire un choix.»

Et aux poulains piaffants qui pointeraient sa patine, Lionel Jospin pourrait répondre qu'après un quinquennat unique, il abandonnerait définitivement le pouvoir à un âge (pas tout à fait 80 ans) qu'avait largement dépassé Philippe Pétain (84 ans révolus), lorsqu'il confisqua ledit pouvoir en 1940...