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Billet de blog 21 avril 2008

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Encore un comité de casé !

http://ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=I00012370En activant le lien ci-dessus, nous nous retrouvons à Orange, le 25 septembre 1963. Charles de Gaulle, qui parle de lui à la troisième personne du singulier, comme César, déclare : « La politique présente les choses à sa façon. Mais, de cela, le Général de Gaulle ne s’est jamais beaucoup occupé. L'essentiel pour lui, ce n'est pas ce que peuvent penser le comité Gustave, le comité Théodule ou le comité Hyppolite.

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http://ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=I00012370
En activant le lien ci-dessus, nous nous retrouvons à Orange, le 25 septembre 1963. Charles de Gaulle, qui parle de lui à la troisième personne du singulier, comme César, déclare : « La politique présente les choses à sa façon. Mais, de cela, le Général de Gaulle ne s’est jamais beaucoup occupé. L'essentiel pour lui, ce n'est pas ce que peuvent penser le comité Gustave, le comité Théodule ou le comité Hyppolite. L'essentiel pour le général de Gaulle, Président de la République française, c'est ce qui est utile au peuple français, ce que sent, ce que veut le peuple français. J'ai conscience de l'avoir discerné depuis bientôt un quart de siècle. Et je suis résolu, puisque j'en ai encore la force, à continuer de le faire. »

Le néo-gaulliste Nicolas Sarkozy, de son côté, multiplie les commisions Gustave, Théodule ou Hyppolite. La dernière en date, qui vient de pré-sélectionner onze candidats sur 212 déclarés pour dénicher le directeur (ou la directrice) de l'Académie de France à Rome (la Villa Médicis), est présidée, tour magnanime, par l'excellent Hugues Gall. Il se murmure que Frédéric Mitterrand a toutes ses chances. Le président de la République lui serait redevable, après lui avoir promis une… commission (sur l’audiovisuel public) ayant finalement échu à Jean-François Copé.

Chacun reconnaîtra qu'une commission n'aurait jamais désigné le peintre Balthus, comme le fit avec courage André Malraux (ainsi que nous le rappelions ici), s'opposant à tout ce qui «grouille, grenouille et scribouille » (autre mot célèbre de Charles de Gaulle, à Montréal en 1967), et qu'il est parfois loisible de retrouver dans certains comités Gustave, Théodule ou Hyppolite...

Il y avait chez le fondateur de la Ve République une part de césarisme, mais éclairé voire prophétique. Son lointain successeur semble conjuguer un césarisme populiste avec la langueur des régimes voués à l'impuissance : nommer une commission, itérativement, telle Toinette déguisée en médecin dans Le Malade imaginaire : « Le poumon, le poumon, vous dis-je. »

Comment expliquer ces sursauts compulsifs et inféconds du pouvoir, qui semblent calqués sur les mouvements d'épaule du président Sarkozy ? En moins d'un an, il y a cette impression largement partagée de colmatage, d'impéritie affolée, de sauve-qui-peut confondant. Comme si, déjà, l'observation cruelle de Victor Hugo s'accomplissait : « L'agonie a ses ruades. En langue politique, cela s'appelle réactions. »