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Il arrive qu'à Paris, on puisse voir du flamenco loin de la « Querelle des anciens et des modernes ». Antonio Molina El Choro offre un flamenco loin de ces considérations. Il n'en a cure. Il participe comme artiste invité à des créations à vision moderniste ou classique; il crée ses propres spectacles qui obtiennent la reconnaissance de ses pairs, prix de la révélation au festival de Jerez, il sait s'entourer des meilleurs. Quelque soit le cadre, il impose sa personnalité, son talent et sa vision résolument optimiste du flamenco.
Cet artiste est né il y a 38 ans à Huelva, terre féconde en artistes flamencos. Son père, danseur lui-même, décèle très tôt les talents de son fils. À 3 ans, le jeune Antonio esquisse ses premiers pas. Sa vocation première de footballeur n'a pas le temps de s'épanouir. Il est happé par le baile. Un prix à l'âge de 14 ans lui permet d'aller parfaire sa formation à la Fondation Cristina Heeren de Séville. Ses professeurs ont pour nom Javier Baron, Israël Galvan, Antonio Canales ou encore Javier Latorre. Danseur à la forte personnalité, il n'est ni formaté ni dans l'imitation.

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Je l'ai vu danser pour la première fois en 2009 au IVe festival Larachi Flamenco, qui avait élu domicile au théâtre des Cultures du Monde. Ce festival, petit frère du festival sévillan du même nom, était la création de Sharon Sapienza, tragiquement disparue en 2013. À Séville comme à Paris, des opportunités étaient données à des promesses du futur. Quand on reprend la liste des artistes qu'elle avait sélectionnés, elle ne s'est jamais trompée. Tous ces artistes font, aujourd'hui, les beaux jours des grands festivals internationaux. En 2009, El Choro était un de ceux-là. Quand il est arrivé sur scène, en un éclair, j'ai vu Eric Cantona. Comme ce dernier, il allie une force brute, immédiate, et une infinie tendresse qui pointe sous la carapace. Ce mélange est rare et précieux.
Depuis, j'ai toujours gardé un œil sur cet artiste. Je l'ai vu de nombreuses fois en artiste invité et il continue de m'emballer. Il était invité dans le dernier spectacle de Ana Morales « Peculiar ». Déambulation de toute la troupe dans une lumière verdâtre, sans but précis. Telle une source miraculeuse jaillit le duo Tomas de Perrate / El Choro. Le grand Tomas, à la voix d'airain, un des derniers représentants du Sonidos negros, porte le Choro, flamenco jusqu'au bout des bottes.
Le talent des deux apporta une note d'espérance dans un spectacle désespérant.
Au festival de Mont-de-Marsan, il a proposé son spectacle « SiDiosKiere », les spectateurs étaient debout.
Antonio peut danser torse nu, en costard, en traje corto, il ne déroge pas de son baile, précis et inventif, qui engage tout son être, essentiellement flamenco. Selon lui, « le flamenco est orthodoxe. Il est assez riche et on n’a pas besoin d’y rajouter des choses. » (SO/26/06/23)
À l'invitation de Flamenco en France, Antonio Molina El Choro vient à la salle Ravel de Levallois, les 6 et 7 octobre présenter son spectacle « Mi baile », un moment unique.
Renseignements et réservations :
https://billetterie-ville-levallois.tickandlive.com/evenement/flamenco-en-france-2